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Le tournesol est récolté depuis début septembre

2014 est une «année défavorable à toutes les cultures»

Compte tenu des épisodes pluvieux de cette semaine, la récolte des tournesols prend un peu de retard dans la Nièvre. Comme pour les autres cultures, la qualité est plus que moyenne. La faute à la météo fraîche et humide de l’été.

Par Emmanuel Coulombeix
2014 est une «année défavorable  à toutes les cultures»
Jean-Michel Bouchié, lundi, évoquait des rendements moyens de tournesol entre 20 et 22 q/ha.

Lundi dernier, Jean-Michel Bouchié, le responsable grandes cultures de la coopérative Axereal à Nevers, faisait état de récoltes de tournesol réalisées à 70% dans le département. «Avec la séquence météo que nous avons connue ce week-end et qui s’annonce pour cette semaine, çà risque de décaler encore un peu» annonçait-il. Les récoltes ont débuté début septembre et pourrait se prolonger jusqu’autour du 20 ou 25 octobre. Mais la grande déception réside dans les premiers résultats quantitatifs. «Les volumes ne sont pas bons. Nous tournons entre 20 et 22 q/ha en moyenne» expliquait-il. Les 300 ou 400 agriculteurs nivernais qui cultivent du tournesol dans la Nièvre, surtout en Bourgogne nivernaise du fait des déboires du Centre nivernais l’an dernier, ne devraient donc pas compenser «une année qui se révèle mauvaise pour toutes les cultures». Parce que si le volume n’est pas à la hauteur, «la tendance de l’année, ce sont aussi des cultures malades à cause de la pluviométrie de l’été. Non seulement les tiges sont attaquées par sclerotinia, phoma et phomopsis mais en plus les capitules sont aussi touchées, du fait de l’importante humidité. Cela entraîne des pertes de rendement, notamment quand la sclerotinia est présente dans les capitules : çà fait éponge et l’humidité baisse peu» constate Jean-Michel Bouchié. 

 

Les bonnes terres décevantes

Selon l’ingénieur d’Axereal, «ce qui est symptomatique cette année, c’est que les sols profonds avec des plantes à grand développement sont plus malades que les sols superficiels, ce qui a pour conséquence que les rendements sont décevants dans les bonnes terres, et moyens en sols superficiels. C’est l’inverse de la normale»... Depuis un mois, «il y a donc beaucoup d’oiseaux qui trouvent beaucoup à manger dans les tournesols et ils sont en train de festoyer en ce moment» ! L’avantage du tournesol demeure d’être une tête de rotation qui se prépare au printemps «mais les mauvais résultats plaident moins en faveur de son développement» anticipe-t-il. Seule consolation, modeste, pour les agriculteurs nivernais : «il y a en plus un phénomène économique cette année, un gros écart de l’ordre de 100 euros/t entre le tournesol oléique et le tournesol classique linoléique» note Jean-Michel Bouchié. C’est mieux pour les Nivernais qui se sont inscrits en proportion majoritaire dans le premier. «Cela valorise des filières que nous avons construites depuis longtemps» même si le responsable souligne que «ce ne sont pas 100 euros en plus pour l’oléique mais bien 100 euros en moins pour l’autre». Il vaut toujours mieux voir le verre à moitié plein...

Le maïs s’en sort mieux grâce à septembre

Quid du maïs ? S’il ne devrait être récolté, en grains, que dans les 15 prochains jours, l’essentiel du maïs ensilage a déjà été ramassé. «Nous étions en retard du fait de l’été frais mais septembre a bien rattrapé la situation» dit Jean-Michel Bouchié. Résultat : «l’année sera normale» ! 

Le potentiel de récolte sera même intéressant en volume. «Les volumes et les surfaces ont augmenté cette année, notamment en maïs non irrigué» explique l’ingénieur d’Axereal qui y voit le résultat de «la recherche d’une tête de rotation plus diversifiée car les systèmes blé-orge-colza ont leurs limites». Côté économique, pas de miracle cependant : «il y a beaucoup de blé fourrager qui tirent les cours du marché fourrager vers le bas. On a perdu 40 à 50 euros/ha par rapport à 2013». D’autant plus que, dans le monde, «on produit partout, il y a de la marchandise et pas de crise majeure». Du coup, les marchés présentent beaucoup «d’incertitudes» même si l’élément favorable «ce sont des frais de séchage moindres par rapport à l’an dernier du fait de la chaleur de septembre . A noter toutefois que «sur certains secteurs nivernais, il y a un problème de pyrale du maïs, un problème récurrent depuis trois ans, et pour éviter une perte de qualité, il convient d’éviter de trop reculer les dates de récolte».