Sapeurs-pompiers
Un drone pour renforcer la capacité d'intervention

Christopher Levé
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Le SDIS 89 a récemment fait l'acquisition d'un drone afin de renforcer leur capacité de détection et de prévention des feux de forêts. Un outil, fiancé à 80 % par le Fonds vert (un soutien de l'État), qui à vocation à être utilisé également sur les accidents ou encore la recherche de personnes perdues. Une polyvalence de l'équipement qui s’allie parfaitement à celle des sapeurs-pompiers. 

SDIS
Le colonel Christophe Guichard-Nihou a présenté le fonctionnement du drone au préfet de l'Yonne, le mardi 10 octobre, à Laborde.

Pour le colonel Sébastien Bertau, directeur départemental du SDIS 89, « l’intérêt de ce drone est de disposer d’une arme supplémentaire pour lutter contre le feu, que ce soit des feux d’airs naturels, des feux industriels… Il permet d’avoir une visibilité de la zone d’intervention sans exposer le personnel ».
Mais son utilité ne s’arrête pas là. « C’est un outil très polyvalent et adapté à tous les défis que l’on peut avoir. On parle de feux, d’incidents sur un bâtiment, mais il est aussi totalement adapté à la recherche de personnes, de jour comme de nuit. Et cela ira beaucoup plus vite qu’avec un hélicoptère puisque le drone va repérer instantanément la personne. Il peut être utilisé sur tous types d’intervention qui nécessiterait d’avoir une vision périphérique ».
L’acquisition de ce drone est une première pour le SDIS 89. « Auparavant nous avions une unité de drone qui intervenait en prestation », précise le colonel Sébastien Bertau.
Un achat rendu possible grâce à une participation de l’État par l’intermédiaire du Fonds vert. « Ce Fonds vert est un soutien vers la transition écologique qui comporte notamment une politique de prévention et de lutte contre les incendies de forêts », explique Pascal Jan, préfet de l’Yonne. « Il y a eu une demande de la part du SDIS pour aider à financer un équipement avec un drone, pour lequel il a reçu une subvention d’environ 80 % du prix de l’équipement, soit 16 000 euros (le coût total est de 20 000 euros) ».

Un moyen supplémentaire

Selon Pascal Jan, « ce drone sera un soutien supplémentaire aux moyens dont dispose déjà le SDIS. Il servira à renforcer la capacité de détection et de prévention des incendies de forêts sur l’ensemble du département, mais pas seulement. Il pourra être utilisé sur tous les incidents auxquels sont confrontés les sapeurs-pompiers ».
Ces dernières années, l’Yonne est régulièrement et fortement touché par la sécheresse. Ce qui rend les risques de départ de feux plus importants. « Nous sommes d’ailleurs toujours en période de sécheresse. J’ai récemment pris un arrêté mettant les secteurs de l’Ouanne, de l’Armançon aval et de la Cure en alerte renforcée, cela signifie donc que les risques de départ d’incendies sont une réalité », continue le préfet. « Il y a une prise de conscience qui doit être faite de la part des élus du territoire. Dans le cadre du Fonds vert, il y a toute une ligne budgétaire qui consiste à renforcer la prévention de ces incendies. Cela peut passer par des chemins dans les forêts afin de faciliter l’exercice des sapeurs-pompiers par exemple. Là-dessus, la prise de conscience est encore tardive. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu des feux de forêts dans le Morvan, dans Maine-et-Loire, en Bretagne… Dans ces secteurs qui ne sont pas à l’origine les plus sensibles à cela. Cela veut dire que ça peut arriver à tout moment, n’importe où. Ce n’est pas parce que cette année on a échappé à d’importants feux de forêts qu’il n’y en aura pas les années suivantes. Il faut donc anticiper plutôt que devoir réagir, ce qui est souvent trop tard ».

Rapidité et efficacité

Alors, comment l’utilisation du drone se traduit concrètement sur le terrain ? « La doctrine pour nous, c’est l’attaque massive des feux naissants. La « guerre » contre le feu se gagne en détectant vite et en attaquant vite des incendies. Le drone permet de déporter le regard en hauteur et de le porter jusqu’à la ligne d’horizon. On couvre ainsi plusieurs kilomètres », répond le colonel Christophe Guichard-Nihou, directeur départemental adjoint du SDIS 89. « Sur le terrain, il y a un télépilote qui se trouve à proximité du drone, à environ 1 km. Mais une fois le drone en hauteur, il couvre plusieurs kilomètres. Avec son système de zoom, avec ses caméras optiques et thermiques, il est possible d’observer beaucoup de choses. Et à côté du télépilote, se trouve aussi un écran afin de voir ce que voit le drone. Il est possible de voir les différences de température ce qui permet de détecter un départ de feu, un feu en cours et ou même un corps humain », détaille-t-il.
Comme le mentionne Christophe Bonnefond, président du SDIS 89, « le drone est désormais opérationnel depuis quelques jours ». Et s’il est attaché au SDIS 89, celui-ci peut toutefois être utilisé au-delà des frontières administratives du département. « Il y a une entraide entre les départements, qui vaut pour l’ensemble de nos matériels et de nos hommes. Si nécessaire, ce drone peut renforcer un autre département qui en aurait besoin, au même titre que nos sapeurs-pompiers peuvent aller en renfort dans d’autres départements, lors d’importants feux de forêts par exemple », confie Christophe Bonnefond.
Ce drone permet donc aux sapeurs-pompiers de gagner en rapidité et en couverture de terrain. Des avantages non négligeables lorsque l’on sait que le temps est le pire ennemi des « hommes en rouge ».

SDIS
Jean-Baptiste Horton, expert télépilote drone, a fait une démonstration aux représentants de l'État présents.