Diversification
La trufficulture en quête de surfaces

AG
-

Le changement climatique n’est pas tendre avec la truffe de Bourgogne et impacte sa production. Des hectares de plantations supplémentaires sont ainsi recherchés dans la région.

La trufficulture en quête de surfaces
Un appel aux agriculteurs est lancé par Christine Dupaty, présidente de l'association régionale des truffes en Bourgogne-Franche-Comté.

Les stations truffières souffrent avec le dérèglement climatique. Des sécheresses de plus de 45 jours, l’irrégularité de l’hydrométrie et la haute température des sols ne sont pas favorables à leur production. « Seulement 26 tonnes ont été récoltées dans la région en 2021, dont 10 en Côte-d’Or », déplore Christine Dupaty, présidente de l’association régionale des truffes en Bourgogne-Franche-Comté (ARTBFC). Selon cette productrice basée dans le Châtillonnais, le bilan sera encore plus décevant cette année : « nous en prenons malheureusement la direction… Ces niveaux de récolte sont très bas, presque deux fois moins importants qu’il y a une dizaine d’années où nous atteignions parfois la barre des 50 tonnes ».

Beaucoup de demandes

L’ARTBFC, qui réunit près de 300 adhérents, est à la recherche de nouvelles surfaces de plantations pour satisfaire au mieux les consommateurs particuliers, mais aussi les industries de l’agroalimentaire très demandeuses de truffes. À titre d’exemple, la Fromagerie Delin, à Gilly-lès-Cîteaux, a besoin de 400 tonnes annuelles de truffes de Bourgogne qui, à défaut, seront importées d'Italie, plaque tournante centralisant les importations des pays de l’Est de l’Europe. « La demande est nettement supérieure à l’offre », souligne Christine Dupaty, « c’est pourquoi nous comptons beaucoup sur le monde agricole et les investisseurs privés pour compenser ce désastre de production. La consommation locale est très prisée, la truffe de Bourgogne peut représenter une intéressante diversification ». Une truffière très bien menée en verger peut permettre de récolter jusqu’à 30 à 50 kg /ha, sachant que le prix de vente peut atteindre 500 voire 600 euros/kg. « Toutes les truffes récoltées ne sont toutefois pas vendables, il faut le savoir et bien l’intégrer », tempère la présidente de l’ARTBFC, « une certaine qualité du produit est recherchée, tout défaut les rendra invendables. Nous enregistrons ainsi 40 % de pertes, en moyenne, mais ces truffes seront utilisées pour apporter des spores à la culture. Rien n’est perdu pour autant ».

Un hectare pour se tester

Les sols calcaires et argilo-calcaires sont les plus favorables à la production. Une douzaine d’essences peuvent être utilisées, comme l’explique Christine Dupaty : « une multitude de choix existent, selon les caractéristiques de sa parcelle. Cela peut aller du bouleau au tilleul, en passant par le pin noir, le cèdre et bien sûr le chêne pubescent, sans oublier le noisetier de Byzance qui conserve bien l’humidité ». Ces arbres mycorhizés doivent être achetés à l’âge d’un ou deux ans chez des pépiniéristes certifiés CTIFL ou Inrae. Les densités de plantation varient de 300 à 600 arbres/ha pour la truffe de Bourgogne et de 300 à 400 arbres/ha pour la truffe du Périgord (Tuber melanosporum) également cultivée dans la région. « Grâce aux progrès scientifiques, nous arrivons à produire des truffes de Bourgogne dès la sixième année après la plantation. Pour la truffe du Périgord, il ne faut attendre que quatre ans », informe Christine Dupaty. Une somme comprise entre 10 000 et 15 000 euros est généralement déboursée pour la plantation d’un hectare. « Des aides de la Région sont à disposition et peuvent couvrir jusqu’à 60 % de ces dépenses, par le biais du programme RI Pair », fait remarquer la présidente. Des coûts pour l’installation de clôtures et de systèmes d’irrigation s’ajouteront également à la facture. « Nous invitons les agriculteurs à se tester sur un hectare, c’est déjà bien », termine Christine Dupaty, « pour celles et ceux qui auraient la volonté d’aller plus loin et s’investir de manière plus importante dans la truffe, nous les informons qu’un centre de formation existe au lycée forestier de Crogny, dans l’Aube. Différentes sessions techniques sont très utiles pour mettre en place une truffière, l’entretenir, la tailler, la caver… Pour tout renseignement, il est possible de se renseigner auprès de Séverine Le Bot Humblot, conseillère en trufficulture à la Chambre d’agriculture régionale (03 81 49 71 06, 06 38 51 69 90, slebothumblot@agridoubs.com) ».

 

Travaux en cours

L’ARTBFC s’est réunie le 11 septembre à Dijon, pour la restitution des résultats de son projet intitulé « Bijou », spécifique à la truffe de Bourgogne. Cette étude, financée par l’Union européenne et le Conseil régional, a été menée en collaboration avec l’Inrae, l’ONF le CRPF, la Chambre régionale d’agriculture et le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes. Des acquis scientifiques et techniques issus de cette étude vont contribuer au développement de la filière.

photo supplémentaire

photo supplémentaire