Les services de l'État ont présenté la stratégie vaccinale contre la FCO-3 lundi après-midi en Côte-d'Or.
Le sérotype 3 de la fièvre catarrhale ovine se répand en France et se rapproche de notre région. Face à cette menace, l'État met à disposition des vaccins en prenant en charge l’intégralité de leur coût. La stratégie vaccinale a fait l'objet d'une rencontre en début de semaine, sur l'exploitation de Julien Pané, président du syndicat d'élevage ovin. « Nous sommes ici à la limite de la zone régulée, c'est-à-dire à 150 km du foyer le plus proche, situé dans le département de la Marne », présente Didier Roose, directeur de la DDPP21, « l'éleveur qui nous reçoit ce jour procède à la vaccination de ses moutons, ce qui nous permet d'illustrer et d'aborder ensemble cette problématique. L'État a commandé 5,6 millions de doses à l'échelle nationale pour protéger les différents cheptels et limiter l'impact économique de la FCO-3 ». Pour les services de l'État, le mot d'ordre est clair : il faut vacciner : « le mode du volontariat est toutefois retenu, l'éleveur est le premier acteur du sanitaire et reste bien sûr maître de ses choix. En pratique, les vétérinaires doivent être sollicités pour commander les doses, les délais de livraison sont rapides, seulement quelques jours. Dans le cas de Julien Pané, la commande passée le lundi 12 août au soir est arrivée le samedi matin suivant. Les vaccinations ont débuté dès le week-end dernier dans le département, 20 000 doses avaient préalablement fait l'objet d'une première commande en Côte-d'Or. Nous allons pouvoir vacciner très vite beaucoup animaux car les éleveurs eux-mêmes peuvent vacciner, notamment ceux qui ont suivi la formation éleveur-infirmier ».
Course contre la montre
Didier Roose précise que les animaux seront pleinement protégés 21 jours après l’injection du vaccin : « c'est un peu une course contre la montre, c'est vrai. Tout doit être mis en œuvre pour enrayer la propagation de cette maladie vectorielle, transmise via certains insectes piqueurs. Il n'y a pas encore de foyer en Côte-d'Or, nous sommes à ce jour sur des mesures de prévention. En vaccinant, les animaux développeront une immunité contre la FCO-3 et pourront mieux se protéger. À cette vaccination, il faut combiner la désinsectisation ». Le directeur de la DDPP21 assure qu'il y aura suffisamment de doses pour répondre à tous les besoins, d'autant que les bovins – et à un degré moindre, les caprins —, sont aussi concernés : « tout va s'enchaîner très vite et cette stratégie vaccinale perdurera jusqu'à la fin de l'année. Je le rappelle ici, la FCO est une maladie animale, elle ne se transmet pas à l'homme ».
« Elle va passer chez nous »
Le Côte-d'orien Gilles Rabu dressait un état des lieux de la FCO-3 lundi matin, entre une multitude de coups de fil.
La « situation » peut aller très vite, à tel point que les propos tenus par Gilles Rabu en ce début de semaine ne seront peut-être plus d'actualité le jour de la sortie de ce journal : « Au moment où je vous parle, le dernier zonage connu est celui du 16 août. La Côte-d'Or est coupée en deux. Toute la moitié nord, soit 278 communes, est en zone régulée, c'est-à-dire qu'un foyer FCO-3 est à moins de 150 km. Il se trouve en l'occurence à Épernay, dans la Marne ». Des restrictions sont mises en place dans une telle zone, poursuit Gilles Rabu : « la circulation des ruminants est limitée. Toute sortie de la zone régulée est réservée aux animaux ayant bénéficié d'un test PCR de moins de 14 jours et d'une désinsectisation 14 jours avant cette PCR. Les ruminants de la zone régulée peuvent être abattus en zone indemne si leur sortie se fait en moins de 24 heures ». Gilles Rabu rappelle que la vaccination est le seul outil pour limiter l'impact clinique de la maladie : « la FCO engendre une mortalité élevée, surtout en ovins. Si l'on ne vaccine pas, c'est certain, il y aura beaucoup de casse... La FCO, c'est certain aussi, va passer chez nous, en Côte-d'Or. Quand ? Ça, je ne peux pas le dire. Hier, aujourd'hui, demain, dans une semaine, un mois, deux mois... Je ne sais pas, il me faudrait une boule de cristal ».
Faire vite mais bien
Le technicien invite les éleveurs à se rapprocher au plus vite de leur vétérinaire sanitaire : « les vaccins sont fournis gratuitement par l'État, beaucoup de commandes ont été réalisées dès le début de semaine dernière. Nous pouvons imaginer que de nombreux ovins ont été vaccinés depuis le week-end dernier, sachant que des délais de livraison des doses de trois à cinq jours sont évoqués ». La vaccination du cheptel de souche est conseillée : « cela représente entre 35 000 et 40 000 ovins en Côte-d'Or. Il faut agir vite, oui, mais pas n'importe comment. Mieux vaut raisonner la vaccination sur le plan pratique, logistique et trouver le moment le plus opportun avec son vétérinaire, l'idée étant de limiter les effets indésirables. Les bovins, contrairement aux ovins, doivent recevoir deux doses, avec un intervalle de 21 jours, il faut aussi le préciser ».
De la croûte sur le nez
Gilles Rabu ajoute plusieurs autres informations à retenir : « les éleveurs peuvent administrer eux-mêmes le vaccin, il faut le savoir. Même si tout le monde n'est pas d'accord sur le point suivant, la FCO, c'est un peu comme le covid : le vaccin protège des symptômes mais n'empêche pas le virus de circuler. Une autre information pouvant servir : on reconnaît un animal infecté par différents symptômes : une forte fièvre, de la bave, quelques fois des boiteries et très souvent de la croûte sur le nez ». Le technicien renvoie les éleveurs sur le site du ministère de l'agriculture, régulièrement actualisé : https://agriculture.gouv.fr/la-situation-de-la-fievre-catarrhale-ovine-fco-en-france
Concours annulé à Arnay
Le comice agricole d'Arnay-le-Duc devait organiser son grand concours ovin vendredi 30 août. Thierry Maréchal, le président, nous a informé mardi que l'évènement était annulé pour raisons sanitaires.
La profession mobilisée
Mercredi 14 août, FDSEA, JA, Chambre d’agriculture et GDS ont rencontré le secrétaire général de la préfecture et le DDPP pour faire un premier point sur la maladie. Tous s’accordent sur l’importance de la protection des troupeaux par une bonne couverture vaccinale. Consciente du travail supplémentaire et des coûts qui vont être à nouveau supporter par les éleveuses et éleveurs, la profession demande :
- que l’État prenne en charge le financement des vaccins pour tout le territoire national
- que l’État passe les commandes de vaccins afin de garantir la mise en œuvre rapide et en quantité suffisante
- que l’État négocie des conditions aux échanges avec tous les États Membres et pays-tiers, afin que les animaux puissent circuler après désinsectisation et obtention d’une analyse PCR négative (aujourd’hui, l’export vers certains pays est suspendu)
- que l’État assure l’indemnisation de toutes les pertes
- la prise en charge des frais de désinsectisation
La profession alerte la filière et les éleveurs. Les mouvements d’animaux et le commerce restent possibles, il ne doit donc y avoir aucun effet de baisse des prix sur le marché.