Maraîchage
Une terre de liens et d'expérimentation

Chloé Monget
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Inaugurés officiellement en septembre 2022, Les Bourg'eons de Varennes ont démarré cette année leur production. Présentation de cette initiative communale.

Une terre de liens et d'expérimentation
Pour construire le projet, la municipalité de Varennes-Vauzelles a eu l'aide du Conseil départemental de la Nièvre, de la ferme du Marault à Magny-Cours, de la Chambre d'agriculture de la Nièvre et de Guillaume Debeer (La Baratt'ABio à Nevers).

Il y a quelques années, la municipalité de Varennes-Vauzelles avait déjà impulsé un projet de maraîchage en mettant à disposition d’un maraîcher un terrain sur un site situé derrière l’école Paulie Kergomar, mais cela n’avait pas eu le succès escompté. L’arrivée d’une nouvelle équipe municipale en 2020 (menée par Olivier Sicot) a retenté différemment l’expérience. Ainsi, inauguré en septembre 2022, le jardin baptisé Les Bourg’eons de Varennes a offert, cette année, ses premières denrées.

Volonté marquée

Pour rappel, la municipalité en place s’est engagée dans un Plan d’actions citoyen pour la transition écologique (PACTE), regroupant une vingtaine de points dont l’instauration d’un nouvel espace de maraîchage. Dominique Maurin, adjoint au maire en charge de la « transition écologique, l’urbanisme et les espaces naturels », et à Frédérique Boisson, déléguée à la transition écologique stipulent : « dans un contexte où le réchauffement climatique et la souveraineté alimentaire sont des préoccupations sociétales centrales, un jardin maraîcher est pour nous un support opportun pour éveiller les consciences et changer les habitudes de consommation. De plus, il offre de multiples facettes : social, écologique et expérimental. En effet, même si une part de la production est destinée aux cuisines de l’Ehpad Henri Marsaudon et de la résidence autonomie Le Foyer du Crot Cizeau, nous ne courrons pas après la productivité. Nous voulons avant tout que ce jardin puisse servir de terre d’expérimentation pour des variétés diverses ou des amendements particuliers. Puis, nous souhaitons partager ces connaissances avec les jeunes et les moins jeunes durant des événements spécifiques ; le savoir doit se transmettre pour faire évoluer le quotidien de tous. Pour toutes ces raisons, et n’ayant pas de visée commerciale, ce projet n’est en aucun cas un concurrent des maraîchers alentour ».

Panorama

Pour parvenir à exprimer ces prismes particuliers, le site « Les Bourg’eons de Varennes » est décomposé en plusieurs parties : « un jardin productif » de 2 500 m2 (en rouge sur la carte où se trouve notamment une serre, un composteur et des planches d’expérimentation culturales), un « jardin découverte » de 800 m2 (en orange disposant d’un espace pédagogique), un « jardin nourricier » de 1 600 m2 (en jaune se distinguant, entre autres, par une haie comestible) et un « jardin ouvert » de 1 700 m2 (en rouge, dédié à la cueillette libre et aux jeux divers).

Labellisée AB, ces parcelles n’ont pas requis de phase intermédiaire puisqu’elles n’étaient pas exploitées auparavant. Amandine Denoue, 35 ans, chef d’exploitation du site détaille : « C’est un avantage considérable qui nous a permis de lancer la plantation sans attendre et d’obtenir une certaine valorisation de notre production auprès de nos consommateurs (les résidents des foyers de seniors) » avant de nuancer : « Mais, cette labellisation a des limites. Par exemple, nous ne pouvons pas utiliser de semences paysannes en bio. Cela est contraignant car nous pensions organiser des trocs de graines avec les habitants – dans une optique de créer des échanges techniques et sociaux – et nous ne pouvons pas car il faudrait connaître l’origine et les conditions de production (Bio certifié exclusivement) de chaque type de graines produites par les habitants. Malgré tout, nous sommes en train de chercher des solutions pour lever ce carcan, au moins sur une partie de l’exploitation ».

Projet collectif

Pour le moment, tous les « jardins des Bourg’eons » ne sont pas opérationnels mais Frédérique Boisson et Dominique Maurin l’assurent : « prochainement nous allons installer du mobilier urbain pour les espaces ludiques et Amandine (seule à travailler sur le site) aura besoin d’aide pour ces missions. Afin d’atteindre ces objectifs, un appui sera apporté par la régie municipale. De plus, cela permettra à Amandine de prendre des congés en étant assurée que le site n’est pas abandonné en son absence ». Amandine en pointe également une autre forme d’aide : « de nombreux administrés font une halte pour me demander des informations sur le lieu et souvent m’offrent un peu de leur temps au passage – ce qui est fort agréable ! ». Frédérique Boisson et Dominique Maurin rebondissent : « rien que pour ces échanges, nous sommes heureux d’avoir fait le choix de créer cet espace de maraîchage. Nous n’avons qu’une volonté : que ces échanges se multiplient et se dispersent dans la Nièvre ».

Un pari assumé
La production des Bourg'eons de Varennes propose, outre des plantes aromatiques, des blettes, des betteraves, des carottes, des radis, des aubergines, des courges, des fraises, des framboises, etc.

Un pari assumé

Pour l’exploitation du site, la municipalité de Varennes-Vauzelles a fait « un pari » sur Amandine Denoue, 35 ans originaire de Picardie : « Nous avions conscience qu’elle remplissait toutes les cases théoriquement mais qu’elle devait perfectionner sa pratique. Ses compétences n’étaient pas à mettre en doute et c’est son envie qui nous a convaincu » pointent Frédérique Boisson et Dominique Maurin. Amandine Denoue rebondit : « je travaillais dans une ferme pédagogique départementale de 94 ha, situé dans les Hauts-de-Seine (92). Là-bas, même si j’ai été formée à la permaculture – parmi d’autres sujets – mon poste restait très théorique. Les Bourgeons de Varennes me permettent de retrouver une connexion structurelle avec la nature, le tout dans un échange positif ». Ainsi, suite à une période de formation d’un an à La Baratt’ABio à Nevers, elle est désormais à la tête de l’exploitation « Les Bourg’eons de Varennes » et souhaite transformer le site en véritable « labo naturel à ciel ouvert ».

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Ayant « subtilisés » l'ancien terrain de foot et de basket aux habitants, Frédérique Boisson et Dominique Maurin insistent : « il nous paraissait indispensable de leur proposer un nouvel espace loisirs tout en restant en phase avec le jardin.