Agrivoltaïsme
Des propositions agricoles face à deux ministres
Après Marc Fesneau à Jalogny, Agnès Pannier-Ruchaner, la ministre de la Transition énergétique, était en Saône-et-Loire le 6 juillet. Les deux ministres ont livré leurs points de vue sur le développement de l’agrivoltaïsme.
Administrateur FNSEA pour la région BFC, l’éleveur Luc Jeannin se souvient de la réaction des agriculteurs en 2020 lorsqu’ils ont entendu parler d’agrivoltaïsme : « on ne veut pas de panneaux sur nos terres, on veut produire des aliments pour la société ». Alors que les départements du Sud n’ont pas opposé de résistance à son développement, la quarantaine d’opérateurs qui frappe à la porte des fermes, de la Chambre d’agriculture… a été éconduite en Saône-et-Loire. Aucun projet ne sort de terre. Seules des expérimentations sont possibles comme au Pôle ovins à Charolles. Néanmoins, un important travail a été mené sur le sujet (analyse juridique, technique, économique et syndical). La profession n’est pas sourde au besoin de souveraineté énergétique du pays, à condition de ne pas l’opposer à la souveraineté alimentaire. Comment accélérer, comme le prévoit la loi AER sur les énergies renouvelables, sans nuire à l’installation des jeunes agriculteurs et faire de l’agrivoltaïsme un « levier d’adaptation au changement climatique », plaide aujourd’hui Luc Jeannin en tant que vice-président de la Chambre d’agriculture ? La première demande consiste à défendre le bail rural et le statut du fermage. Les opérateurs veulent prêter la surface à l’agriculteur, ce qui enlève toute protection à ce dernier. JA, FDSEA et Chambre préfèrent que l’on protège juridiquement l’agriculteur. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, différencie agrivoltaïsme et photovoltaïque au sol, espérant « éviter l’agrivoltaïsme d’opportunité ». Il ne veut pas reproduire la dérégulation des zones destinées aux éoliennes qui provoque aujourd’hui une opposition massive.
« Équilibrer les territoires »
Interrogée lors de sa venue au Creusot, le 6 juillet, Agnès Pannier-Ruchaner, ministre de la Transition énergétique, ne disait pas autre chose. Sur la question du bail rural, elle se montrait prudente sur ce « fin équilibre ». L’idée de la profession agricole est plutôt « d’insérer une disposition créant une clause environnementale compatible avec l’agrivoltaïsme », de manière similaire à l’agroforesterie, suggère la juriste de la FDSEA, Aurélie Lucas. Autre demande de la profession : « équilibrer les territoires, quitte à limiter les puissances installées par exploitation en mégawatts installés », disait Christian Bajard, le président de la FDSEA71. Il s’agit de réfléchir à des grappes de projets, ce qui aurait pour vertu « de multiplier la production et permettre à plus d’entreprises d’en bénéficier », rajoutait Bernard Lacour, président de la Chambre d’agriculture. Autre idée : créer un fonds commun abondé par les opérateurs pour aider les exploitations éloignées à raccorder leur projet. Les deux ministres ont semblé plus réservés sur la demande de partager à 50-50, « les retours sur investissement très confortables » des opérateurs, en imposant à ces derniers que la moitié des sommes revienne au fermier. Agnès Pannier-Runacher évoquait plutôt la possibilité d’autoconsommation collective pour les collectivités locales, ou des Gaec…