Agrivoltaïsme
Des propositions agricoles face à deux ministres

Cédric Michelin
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Après Marc Fesneau à Jalogny, Agnès Pannier-Ruchaner, la ministre de la Transition énergétique, était en Saône-et-Loire le 6 juillet. Les deux ministres ont livré leurs points de vue sur le développement de l’agrivoltaïsme.

Des propositions agricoles face à deux ministres
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, le 6 juillet au Creusot, lors de sa rencontre avec Christian Bajard (président de la FDSEA 71, à gauche) et Bernard Lacour, président de la Chambre d'agriculture de Saône-et-Loire.

Administrateur FNSEA pour la région BFC, l’éleveur Luc Jeannin se souvient de la réaction des agriculteurs en 2020 lorsqu’ils ont entendu parler d’agrivoltaïsme : « on ne veut pas de panneaux sur nos terres, on veut produire des aliments pour la société ». Alors que les départements du Sud n’ont pas opposé de résistance à son développement, la quarantaine d’opérateurs qui frappe à la porte des fermes, de la Chambre d’agriculture… a été éconduite en Saône-et-Loire. Aucun projet ne sort de terre. Seules des expérimentations sont possibles comme au Pôle ovins à Charolles. Néanmoins, un important travail a été mené sur le sujet (analyse juridique, technique, économique et syndical). La profession n’est pas sourde au besoin de souveraineté énergétique du pays, à condition de ne pas l’opposer à la souveraineté alimentaire. Comment accélérer, comme le prévoit la loi AER sur les énergies renouvelables, sans nuire à l’installation des jeunes agriculteurs et faire de l’agrivoltaïsme un « levier d’adaptation au changement climatique », plaide aujourd’hui Luc Jeannin en tant que vice-président de la Chambre d’agriculture ? La première demande consiste à défendre le bail rural et le statut du fermage. Les opérateurs veulent prêter la surface à l’agriculteur, ce qui enlève toute protection à ce dernier. JA, FDSEA et Chambre préfèrent que l’on protège juridiquement l’agriculteur. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, différencie agrivoltaïsme et photovoltaïque au sol, espérant « éviter l’agrivoltaïsme d’opportunité ». Il ne veut pas reproduire la dérégulation des zones destinées aux éoliennes qui provoque aujourd’hui une opposition massive.

« Équilibrer les territoires »

Interrogée lors de sa venue au Creusot, le 6 juillet, Agnès Pannier-Ruchaner, ministre de la Transition énergétique, ne disait pas autre chose. Sur la question du bail rural, elle se montrait prudente sur ce « fin équilibre ». L’idée de la profession agricole est plutôt « d’insérer une disposition créant une clause environnementale compatible avec l’agrivoltaïsme », de manière similaire à l’agroforesterie, suggère la juriste de la FDSEA, Aurélie Lucas. Autre demande de la profession : « équilibrer les territoires, quitte à limiter les puissances installées par exploitation en mégawatts installés », disait Christian Bajard, le président de la FDSEA71. Il s’agit de réfléchir à des grappes de projets, ce qui aurait pour vertu « de multiplier la production et permettre à plus d’entreprises d’en bénéficier », rajoutait Bernard Lacour, président de la Chambre d’agriculture. Autre idée : créer un fonds commun abondé par les opérateurs pour aider les exploitations éloignées à raccorder leur projet. Les deux ministres ont semblé plus réservés sur la demande de partager à 50-50, « les retours sur investissement très confortables » des opérateurs, en imposant à ces derniers que la moitié des sommes revienne au fermier. Agnès Pannier-Runacher évoquait plutôt la possibilité d’autoconsommation collective pour les collectivités locales, ou des Gaec…