Initiative solidaire
«L'Ukraine n'est pas loin… »

Chloé Monget
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Gabriel Vergracht est belge et vit à Cosne-sur-Loire. Aujourd’hui retraité, il a fait deux voyages humanitaires en Ukraine « juste pour aider ».

«L'Ukraine n'est pas loin… »
Gabriel Vergarcht ne prévoit pas de troisième voyage dans l'immédiat, mais n'est pas fermé à l'idée.

« Je me suis levé un matin en me disant que je pouvais faire quelque chose » explique Gabriel Vergracht, 71 ans retraité. Ancien patron de la carterie Les Éditions Nivernaises, il est aujourd’hui trésorier de l’antenne locale de Groupama à Cosne. « Il me paraissait indispensable de m’impliquer dans ce conflit d’un point de vue humanitaire, car les réfugiés sont principalement des femmes et des enfants » explique-t-il. « On ne sait pas ce qu’ils ont pu voir ou subir, et nous ne pouvons l’imaginer. La seule chose que nous pouvons faire c’est être là. Il faut aussi préciser que malgré la volonté d’avoir eu des initiatives personnelles, elles n’ont été possibles qu’avec des aides financières. Groupama m’a particulièrement soutenu et je leur suis reconnaissant de m’avoir permis de réaliser mes objectifs ».

Répondre présent

Avec ce sentiment dans le cœur, il se rend au Carrefour de Cosne pour faire part de son projet au directeur du magasin. Ce dernier lui donne un accord de principe et l’encourage surtout à poursuivre son projet. Il manque le combi 9 places nécessaire à ramener des personnes de la zone de conflit. Le Carrefour de Nevers-Marzy lui trouve le véhicule auprès du Carrefour d’Auxerre et s’engage à lui fournir plus d’une tonne de marchandises diverses. L’aventure commence… À la recherche d’un convoyeur, il s’est rapproché des pompiers, mais cela n’aboutit pas. Il contacte la Mairie de Cosne qui le dirige vers la permanence de Nadia Sollogoub, sénatrice de la Nièvre. Il reçoit alors un numéro : celui d’Alain Caïlbourdin, viticulteur et adjoint au maire de Tracy-sur-Loire qui devient alors le compagnon de route de Gabriel vers la frontière ukrainienne fin mars.

« L’Ukraine ce n’est pas si loin et les gens l’oublient. 2 000 km d’autoroute en deux jours et vous y êtes », précise Gabriel Vergracht. Avec le coffre plein, lui et Alain Caïlbourdin prennent la route. « Je ne voulais pas qu’apporter une aide alimentaire, je souhaitais avant tout aussi aider l’humain directement ». C’est pourquoi, au retour, ils emmènent 5 personnes : « Elles venaient de la région de Kiev et étaient pour certaines encore en pantoufles quand nous sommes arrivés à Cosne ». Pris par l’émotion, Alain Caïlbourdin et Gabriel Vergracht prennent toujours des nouvelles de leurs passagers venus trouver refuge en France. Une sorte de parrainage s’est d’ailleurs installé entre la petite famille de trois enfants et Alain Caïlbourdin.

Les enfants d’abord

« Au premier voyage, je ne savais pas trop quoi apporter. Mais, sur place, j’ai vu l’émotion des enfants recevant une peluche. Je savais dès lors que je voulais en rapporter pour le second voyage ». Fin avril, poursuivant son initiative personnelle, il repart à la frontière ukrainienne, accompagné d’un ami d’enfance belge. Dès le début de cette action humanitaire, un lien s’installe avec Nadia Sollogoub qu’il a sollicitée pour obtenir un document autorisant le rapatriement de personnes en provenance du centre de réfugiés. Suite à ces relations, Gabriel et Alain intègrent une nouvelle association créée par la sénatrice de la Nièvre : Fraternité Nièvre Ukraine.

Pour la seconde expédition, le Super U de Bonny-sur-Loire prête le véhicule 9 places. Toujours avec la même idée de faire plaisir aux enfants ukrainiens qui n’ont rien demandé dans cette guerre, le Carrefour de Sancerre est sollicité et offre des chocolats ainsi que des peluches. Il est à remarquer que ces enseignes ont réalisé ces gestes sans aucune contrepartie publicitaire. Après ses demandes, Gabriel et son ami Bernard repartent en Ukraine avec leur chargement.

Une richesse à soigner

« Même si nous pouvons passer la frontière et en revenir, nous ne pouvons pas rentrer dans le centre des réfugiés. Nous livrons nos produits aux organismes sur place qui ensuite les distribuent. C’est un peu frustrant de ne pouvoir transmettre les denrées nous-mêmes mais l’important c’est que les gens dans le besoin les reçoivent ». Suite à ce second voyage, 4 personnes sont ramenées en France. Plein de souvenirs et d’émotions, Gabriel insiste : « on ne sait pas quand ou si cela va s’arrêter, mais, à notre échelle, on peut toujours aider un peu. Même s’il y a la barrière de la langue, il y a toujours un lien qui s’opère avec les personnes… Les anonymes sont la richesse de ce monde, et il faut en prendre soin. Il faut espérer que les gens ne finissent pas par se lasser de ce conflit qui va influencer lourdement notre vie. L’espoir se trouve sur place où on peut parfois ressentir que l’humanité n’est pas tout à fait perdue. Il faut y croire… ».