Le 10 mai, la Chambre d’agriculture de la Nièvre, la Fédération Départementale des Chasseurs de la Nièvre et Fredon Bourgogne-Franche-Comté proposaient une réunion d’information sur les hannetons.

Hannetons : des solutions envisageables ?
L'étude menée par Fredon Bourgogne-Franche-Comté a montré que la majorité des hannetons repérée sur les parcelles nivernaises étaient des hannetons de la Saint-Jean.

Depuis le 16 juillet 2021, date de la première rencontre sur le sujet des hannetons (voir TDB n° 1642), les avancées commencent à se préciser sur cette problématique, à l’image de la réunion d’information du 10 mai sur le sujet. Orchestrée conjointement par la Chambre d’agriculture de la Nièvre, la Fédération départementale des chasseurs et Fredon Bourgogne-Franche-Comté, cette rencontre avait pour but de mettre en lumière quelques pistes possibles et de donner les premiers résultats de l’étude menée par Fredon Bourgogne-Franche-Comté, dans la Nièvre, sur la population de hannetons.

Peu de données

« Nous avons des études nationales jusqu’au début des années 2000 concernant les hannetons. Mais, depuis, plus rien » pointe Geoffroy Couval, responsable du pôle vertébrés et Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles à la Fredon BFC avant d’ajouter : « la majorité des informations récentes sur le sujet vient de Suisse. Ce manque de données françaises s’explique par le fait que l’on voit souvent les effets – prairies ravagées par les sangliers – plutôt que la cause : les larves de hannetons. Et, sans remontées sur ce point du terrain, et donc des agriculteurs, nous ne pouvons engager d’études poussées sur la problématique des hannetons ».

Des résultats à spécifier

Cela étant, depuis cette année, Fredon s’est attachée à commencer un suivi sur quelques parcelles du Morvan. Si les premiers résultats montrent que certaines ne sont pour le moment pas ou peu touchées par les colonies de hannetons, pour d’autres il en est tout autrement : « On voit que certaines prairies arrivent à un taux de 45 larves au m2, ce qui est énorme (le seuil de nuisibilité étant fixé à environ 20 spécimens au m2). De plus, la littérature sur le sujet stipule que les pontes se font principalement en lisières de forêt ou de haies, or dans les faits, on a une concentration de larve plus importante dans les terrains les plus éloignés. Les relevés semblent également montrer que ces insectes ont une préférence pour les sols au PH acide, mais cela reste tout de même à confirmer. Dans tous les cas, une surveillance approfondie des populations est indispensable afin de mieux appréhender le cycle de développement de l’espèce et trouver des méthodes de lutte adaptées au contexte local (conditions édaphiques, biodiversité, itinéraires techniques, etc.) » détaille Geoffroy Couval.

Des moyens de pression

Afin de lutter contre l’infestation, Geoffroy Couval met en avant quelques clefs : « si la base de toute lutte est la surveillance, vient s’y ajouter d’autres leviers : le travail du sol afin de déranger les larves, retarder un maximum les fauches pour limiter l’initiation de la ponte qui se fait plus facilement sur couvert ras, le pâturage après fenaison qui réduit les populations grâce au piétinement, etc. ».


D’autres possibles ?

Pour compléter cela, il souligne : « Comme je l’expliquais, les Suisses sont en avance sur le sujet. Ils ont d’ailleurs commencé des essais de lutte avec l’introduction de grains d’orge stérile enrobés de champignons entomopathogènes (en particulier Beauveria brongniartii) qui sont naturellement présents dans les sols. En pulvérisation, on peut également penser à l’usage des nématodes auxiliaires, dont on trouve de nombreuses occurrences pour les particuliers mais à aucun niveau professionnel. Dans les deux cas, les coûts sont exorbitants… Pour exemple, pour la première solution, il faut compter entre environ 800 et 1 000 euros / ha avec une efficacité de 3 à 4 ans après implantation ».

Se mobiliser pour avancer

Face à ce constat, Florent Ortu, directeur de la FDC 58, rebondit : « Face aux pertes engendrées directement par les hannetons puis, par les sangliers attirés par les larves, ne peut-on tout de même pas envisager le traitement via champignons ? Ce dernier représente un investissement non négligeable, mais peut permettre de retrouver une prairie durant environ 3 ans ». Geoffroy Couval spécifie que « cela peut s’envisager dans le cadre d’un essai, car pour le moment il n’y aurait pas d’Autorisation de Mise sur le Marché pour cette solution de biocontrôle en France » avant de conclure : « Je pense que dans tous les cas, il est nécessaire que l’appui de toute la profession fasse bloc pour cette problématique afin de débloquer des financements en vue d’expérimenter des méthodes. J’ai notamment en tête le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE), qui peut permettre d’obtenir l’indemnisation des méthodes de lutte mais seulement si les hannetons sont reconnus comme véritables nuisibles à réguler et classés comme tel au niveau national. Sans la volonté commune de tous d’avancer, nous ne pourrons faire grand-chose ».

 

Zoom sur les hannetons
Une larve de hanneton découverte lors du tour de plaine du 16 juillet dernier vers Saint-Hilaire en Morvan.

Zoom sur les hannetons

Du nom savant d’Amphimallon solstitiale, le hanneton de la Saint-Jean mesure 25 mm de long a l’état de larve pour atteindre 15 à 20 mm à l’âge adulte. Son cycle est de deux ans. De son côté, le hanneton commun ou Melolontha Melolontha est un peu plus grand : 45 mm de long à l’état larvaire et de 20 à 30 mm de long pour un adulte.