Vols dans les exploitations
Mieux vaut prévenir que guérir

Christopher Levé
-

Chaque année, des agriculteurs sont la cible de vols en tout genre : GPS, carburant, outillage, matériels agricoles, paille et foin… Ils sont aussi parfois victimes d’incendies criminels. Alors, pour tenter de réduire les risques de ces faits de délinquances, la gendarmerie de l’Yonne et Groupama donnent des conseils de prévention pour éloigner les malfaiteurs.

Vols
Les gps des tracteurs sont très recherchés par les voleurs. (Photo Réussir SA).

Des gestes de bon sens. Ce sont souvent les plus efficaces pour dissuader les malfaiteurs d’agir sur les exploitations agricoles. Chaque année, les agriculteurs sont victimes de vols ou de dégradation sur leurs fermes. Pour limiter les risques, des moyens simples sont à mettre en place : ne pas laisser de carburant dans le tracteur la nuit lorsqu’il est dans le champ, essayer de le garer dans la ferme de façon que le réservoir ne soit pas directement accessible (contre un mur par exemple), démonter le GPS du tracteur le soir… « Le maître mot, c’est la prévention », lance le lieutenant-colonel Patrick Monsauret, du groupement de gendarmerie départementale de l’Yonne. « Ne soyez pas cambriolable, c’était un slogan dans les années quatre-vingt. Il faut mettre un certain nombre de barrières entre le matériel de l’exploitation et le malfaiteur pour limiter les risques de vols », poursuit-il.
Souvent isolé, l’agriculteur peut être une proie « facile » pour les voleurs. « Cependant, le fait d’être isolé peut aussi se transformer en avantage dans le sens où l’agriculteur sait tout ce qui se passe autour de chez lui. Alors, si une voiture passe ou ralenti, même de jour, cela attire l’attention. Dans ces cas-là, il est important que l’agriculteur pense à relever l’immatriculation. On n’a pas forcément toujours à faire à des personnes mal honnêtes, mais cela nous permet déjà de le vérifier ».

Des installations à faibles coûts

D’autres systèmes, à faibles coûts, peuvent également être mis en place. « Des éclairages automatiques, des systèmes de vidéosurveillances ou des pièges photo comme ceux utilisés pour les gibiers. Ce qui pourrait permettre à la gendarmerie d’identifier un véhicule, une plaque d’immatriculation, voire dans le meilleur des cas un aspect physique du ou des intrus », détaille Jacques Blanchot, directeur d’établissement à Groupama Paris Val-de-Loire.
L’utilisation de trackers peut avoir son avantage. « Cela peut permettre de localiser un GPS ou du matériel agricole et de retrouver les voleurs », reprend le lieutenant-colonel Patrick Monsauret. « Pour le carburant, c’est différent. Là, on ne peut mettre de tracker dessus. Et avec l’augmentation qu’il a subie ces derniers temps, il devient un élément très courtisé par les voleurs ».
Autant de moyens qui permettent de dissuader un malfaiteur, ou au moins de le ralentir dans son acte. « Le pire ennemi du voleur, ce n’est pas le gendarme, mais le temps. Plus on retarde l’action de ces gens et plus ils se sentent en insécurité. C’est l’exemple de l’alarme dans une maison. Ce n’est pas miraculeux mais cela met fortement le voleur dans une position d’insécurité car il n’entend plus ce qu’il se passe à l’extérieur. C’est comme ça qu’il se fait surprendre », explique-t-il.

Le 17, le numéro à retenir

Lorsqu’un agriculteur est témoin d’un vol dont il est victime, que doit-il faire ? « Surtout ne pas intervenir, car il se met en danger, surtout si en face ils sont plusieurs », répond le lieutenant-colonel. « Il peut se mettre en danger physiquement mais aussi de par la loi. En intervenant, on peut vite se retrouver ennuyer. La légitime défense des biens ne fonctionne pas ».
En revanche, relever le maximum de détails augmente les chances de retrouver les voleurs. « Le mieux c’est l’immatriculation. C’est aussi la description de l’individu ou encore indiquer la direction de fuite s’ils repartent. Mais avant toute chose, il faut appeler le 17. Plus tôt on est prévenu, plus tôt on peut intervenir. La gendarmerie couvre tout le territoire hors villes. Notre ennemi est donc la distance ». Des patrouilles sur roues se trouvent en permanence sur la route, de jour comme de nuit, afin de réduire cette contrainte.

Limiter les risques d’incendies

Un autre fait touche les exploitations agricoles : les incendies de paille et de foin, qu’ils soient accidentels ou criminels. Dans le premier cas, pour limiter les risques d’embrasement, des gestes, simples, sont là aussi à mettre en place. « C’est déjà d’isoler thermiquement les bâtiments de stockage et ne pas mettre du matériel automoteur à proximité », conseille Martine Delmotte, conseillère à Groupama. « Pour éviter les incendies, on peut utiliser des sondes à fourrage connectées ». « On les éparpille dans le tas de fourrage et il y a un boîtier relais qui informe l’agriculteur sur la température est excessive. Il faut savoir qu’à 67 °C, ça s’enflamme. Si la température est élevée, il est mieux d’appeler les pompiers en prévention. Il ne faut surtout pas déplacer la paille, ce qui peut créer un appel d’air et donc voir tout prendre feu », précise Jacques Blanchot.
De la paille et du foin aussi victimes de vols. En éloignant les ballots du bord de la route, les risques sont alors fortement réduits.

La délinquance icaunaise en chiffres

Depuis le début de l’année, plusieurs faits de délinquance dans des exploitations agricoles ont été recensés dans l’Yonne : 20 faits de vol de GPS, sept incendies de paille/foin et 31 faits recensés de vols de carburant dans les exploitations agricoles pour un total d’environ 23 500 litres.