Concours du mouton charollais
Chaude ambiance pour une 60ème édition

Marc Labille
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Le mouton charollais a fêté son 60e concours national à Charolles les 4, 5 et 6 août. L’occasion de rendre hommage aux fondateurs de la race et de mesurer tout le chemin parcouru. Dans une ambiance chaude et conviviale, le succès des ventes aux enchères et la présence d’éleveurs étrangers témoignaient de la bonne santé du mouton charollais.

Chaude ambiance pour une 60ème édition
Championnat mâle.

Préparé de longue date par l’Organisme de sélection du mouton charollais, le 60ème concours national de la race a tenu ses promesses. Circonstances exceptionnelles, le concours s’est déroulé sur trois jours d’un programme très dense. Une journée supplémentaire pour donner du temps à la convivialité, aux retrouvailles, aux animations, aux échanges… Cette édition particulière était honorée de la présence de représentants de cinq pays différents (Irlande, Belgique, Suisse, Espagne, Portugal), lesquels ont officié dans les jurys. Ce double classement a valu aux éleveurs concurrents de se voir attribuer deux types de plaques, les unes bleu blanc rouge et les autres aux couleurs des pays représentés. Appréciés par les compétiteurs, ces jugements internationaux ont donné une dimension supplémentaire aux classements mettant en lumière des nuances dans l’approche génétique de la sélection selon les pays.

Renommée internationale

Habitués aux alpages, les Suisses se sont montrés intransigeants sur les aplombs tandis qu’Irlandais et Belges optaient pour un standard très proche du mouton charollais français. Ces étrangers se sont tous retrouvés le vendredi soir pour une conférence technique suivie d’un repas en présence de 200 personnes. Chaque délégation a présenté la situation du mouton charollais dans son pays. Très prisée en Belgique, la race y est bien implantée avec des animaux de qualité. Bonne dynamique aussi en Irlande où l’on recherche et l’on importe toujours des reproducteurs de haut niveau pour un cheptel bien installé. Le mouton charollais commence à se faire une place sur la péninsule ibérique. Dans des pays où la race « démarre » tout juste, Portugais et Espagnols, impressionnés par la beauté des bêtes du concours, ont exprimé leur attente en termes de critères de production (lait, fertilité…).

Remonter le temps avec les anciens

L’un des moments forts de ce soixantième concours national a été la présence de quelques-uns des pionniers du mouton charollais. Si certains sont encore parmi les habitués du rendez-vous, d’autres n’étaient pas venus depuis de nombreuses années et pour les connaisseurs, ce fut un réel plaisir de retrouver certaines figures de l’épopée du mouton charollais. Parmi ces illustres personnalités : François de Launay et Alexandre Peyneau, deux hommes auxquels la race doit aujourd’hui son existence officielle. En compagnie d’autres « anciens » tels Roger Saulnier, Bernard Nectoux, Gérard Cognard, Hubert Burtin, Charles Burtin… Cette présence a permis de remonter le temps jusqu’aux années soixante, époque à laquelle le mouton de pays allait devenir le mouton charollais. Le tout premier concours de race fut organisé à Palinges en 1963. Au même moment, débutait l’étude technique préalable à la création de race avec le contrôle de performances des tout premiers animaux… La reconnaissance officielle du mouton charollais est intervenue en 1974.

Plus de 800 animaux

La convivialité était de mise dès le jeudi avec une première soirée des éleveurs autour de spécialités régionales. Si les anciens étaient à l’honneur, les jeunes éleveurs étaient bel et bien présents témoignant une fois de plus de tout le dynamisme du mouton charollais. 735 animaux étaient réunis pour ce 60e concours national auxquels s’ajoute la centaine d’agneaux de station. Seule ombre au tableau d’une organisation quasi parfaite, la chaleur qui a malmené tant les humains que les ovins. Sous le parc des expositions, brebis et lourds béliers luttaient contre le manque d’air dans un bâtiment étouffant plus adapté aux manifestations d’automne… Dehors, les organisateurs ont été contraints d’installer les rings à l’ombre d’auvents. Mais l’étroitesse de ces cases empêchait les juges de disposer de suffisamment de recul pour examiner la conformation les animaux…

Succès pour les ventes

La très attendue vente des agneaux de station a connu un nouveau succès : 88 % des 77 jeunes béliers issus du contrôle individuel ont trouvé preneurs au prix moyen de 752 euros. L’intérêt pour les agneaux de station se confirme avec la venue de nouveaux clients en provenance d’Alsace ou de Normandie, se félicitait Aline Bonnot, directrice de l’OS. Onze agneaux et trois béliers ont été proposés à la petite vente qui suivait celle des agneaux de station. Excepté un bélier, ils ont tous trouvé preneurs à 1 145 euros de moyenne. Parmi eux, le prix de synthèse du concours national né au Gaec Lally (Saint-Léger-du-Bois). Un animal de très bonnes origines qui a tapé dans l’œil de son acheteur Michel Clément, retraité nivernais de 75 ans qui avait déjà acquis le record de la vente il y a cinq ans. Ce passionné de sélection charollaise a déboursé 3 500 euros pour obtenir cet agneau « très stylé » disputé par d’autres sélectionneurs. Pour la seconde année consécutive, l’OS avait organisé une vente d’agnelles de prestige. Les cinq femelles mises aux enchères ont trouvé preneurs à 726 euros de moyenne. Quatre de ces futures reproductrices d’exception ont été achetées par des éleveurs irlandais. Au terme des trois jours de concours, les organisateurs dressaient un bon bilan commercial. En effet, en marge de la manifestation, de belles affaires sont réalisées cette année avec des acheteurs étrangers. Les Portugais sont venus acheter 39 femelles en ferme et 8 mâles dont sept agneaux de station invendus. De leur côté, les Irlandais importeront 45 agnelles et huit béliers au mois de septembre. Les Belges achèteront une douzaine d’animaux… Autant de marchés auxquels s’ajoute l’expédition le 18 juillet dernier, d’un convoi de 250 agnelles et 13 mâles pour la Slovaquie. Une seconde expédition de même effectif est prévue pour le début du mois de septembre et un troisième camion est inscrit dans le contrat. À noter enfin, l’achat par la coopérative EMC2 de plusieurs antenais, signalait la directrice de l’OS.

 

Un Côte-d'orien voit triple
Championnat femelles.

Un Côte-d'orien voit triple

Sébastien Jeannin, éleveur à Souhey près de Semur-en-Auxois, a réussi la performance de remporter le championnat mâle et le championnat femelle. Cerise sur le gâteau : le Côte-d'orien de 40 ans s'est également adjugé le prix d'ensemble des élevages de moins de 100 brebis. L'éleveur qui avait fait le déplacement avec 35 animaux à Charolles s'est également distingué sur le plan commercial, en vendant 20 de ses ovins. Douze d'entre eux ont pris la direction de la Belgique, deux ont rejoint l'Irlande et 6 sont restés en France, dans les Deux-Sèvres et en Saône-et-Loire. « Tout n'a pas été directement vendu ici. Suite à ma dernière participation au salon de l'agriculture à Paris, plusieurs animaux avaient été réservés et nous avons profité de la tenue de ce concours pour réaliser les transactions », précise Sébastien Jeannin, qui sera présent ce week-end à la Fête du Charolais de Saulieu avec quatre lots de trois béliers. Une participation au concours d'Arnay-le-Duc la semaine prochaine est également programmée, avec six agneaux. 

Deux autres élevages de Côte-d'Or présentaient des ovins à Charolles : Antoine Thibault (Jouey) et le Gaec du Moulin de Jonchery (Diancey). Jean-Marie et Baptiste Guyot ont d'ailleurs décroché le challenge génétique.

 

AG

Troisième photo de l'encadré
Prix d'ensemble.