Bruno de Girval exploite des parcelles dans la plaine dijonnaise et sur les terres à cailloux de la vallée de l'Ouche. Les pluies abondantes n'ont pas eu le même impact sur ces deux zones.
Ce n’est pas un scoop : l’excès d’eau, s’il doit profiter à « quelqu’un », profitera le plus souvent aux petites terres. Bruno de Girval connaît bien les « terres à cailloux », puisque cet agriculteur de Fleurey en exploite sur des pentes parfois très prononcées de la vallée de l’Ouche. C’est par celles-ci que ce producteur de 55 ans a débuté ses moissons 2024, en essayant de jongler du mieux possible avec les intempéries : « L’eau, ici, semble avoir profité aux cultures. Le rendement n’est que de 55 q/ha en orge d’hiver, mais cela me va bien, il est difficile de faire davantage. Le calibrage est bon avec un score de 85 %. On peine un peu en protéines mais il n’y a rien de grave. J’ai deux variétés : Faro semble mieux se tenir que Carrousel. Les prix se maintiennent, les frais dans cette culture ont été limités, donc ce début de moissons me convient. À un ou deux détails près, néanmoins : il est difficile de moissonner deux jours consécutifs… Certaines années, nous attendons la pluie avec impatience, cette fois, nous attendons désespérément le soleil ! Plusieurs parcelles sont aussi gorgées d’eau, je n’ai jamais vu ça, il est parfois difficile d’avancer avec la machine ».
Des doutes en blé
Rencontré la semaine dernière, Bruno de Girval s’apprêtait à « attaquer » son blé et son colza situés dans un tout autre secteur, celui de la plaine dijonnaise, sur la commune de Beire-le-Châtel. « Les terres y sont plus profondes qu’ici, les potentiels sont plus élevés, mais l’excès d’eau n’est jamais bien bon dans ces sols argileux », faisait remarquer le producteur céréalier. Celui-ci ne voulait pas se lancer dans un « pronostic hasardeux », mais tout laissait présager un résultat « assez mitigé » en blé : « des endroits sont noyés, ce n’est pas de bon augure. Des maladies se sont développées, je ne pense pas que la culture ait bien aimé ! J’ai positionné du mieux possible les fongicides, je verrais bien le résultat quand je serai dedans, mais ce ne sera certainement pas la moisson du siècle ». Le colza paraissait en revanche un peu plus prometteur : « c’est l’idée que j’en ai aujourd’hui, mais tant que la machine n’est pas dedans, encore une fois, nous ne pouvons pas savoir… J’ai aussi du colza ici, à Fleurey : il n’est pas joli mais la cause n’a rien à voir avec la météo ! Des cerfs se sont mis dedans, il ne fait parfois que 50 cm de haut et il y aura 0, 1, voire 2 quintaux maximum par endroits ». Bruno de Girval terminera sa moisson avec l’orge de printemps, très disparate elle aussi : « les premières, semées fin février, sont très belles à ce jour. Mais celles qui l’ont été début avril sont tout simplement affreuses ! À ce moment-là, les sols étaient vraiment trop humides, et également trop tassés à cause du passage du tracteur ».