La moisson des présidents
« Les prix sont redevenus raisonnables voire limites »

Christopher Levé
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Durant un mois, Terres de Bourgogne s'en va à la rencontre des présidents d'organismes agricoles de l'Yonne, pour parler des moissons. Rendements, qualité, prix... Tous les sujets sont abordés, avec le point de vue de l'agriculteur. Car au-delà de leurs diverses fonctions, ces présidents restent avant tout des agriculteurs. Pour ce troisième volet, direction Saint-Valérien, pour y retrouver Damien Renoux, président de l'UPVY. 

Moisson
Damien Renoux, président de l'UPVY et agriculteur à Villebougis.

C’est le jeudi 6 juillet dernier que nous sommes allés à la rencontre de Damien Renoux, président de l’UPVY et agriculteur à Villebougis, dans le cadre de notre tour des présidents pour la moisson. C’est à Saint-Valérien que nous nous sommes retrouvés. Et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas dans la moissonneuse-batteuse que nous prenons place, mais dans le tracteur, direction la coopérative Ynovae de la commune, pour livrer. Car c’est aussi ça la moisson.
Pendant ce temps, nous faisons un bilan des récoltes effectuées. Et en orges d’hiver, les résultats sont là dans le secteur. « Il y a la quantité et la qualité. La moyenne sur le secteur est de 85 q/ha avec 90 % de calibrage », se réjouit Damien Renoux. « Pour les orges de printemps semés à l’automne, on est un peu l’exception, avec des rendements atteignant les 95 q/ha, avec 80 % de calibrage. Ce que l’on entend ailleurs c’est que le calibrage n’est pas bon cette année dans le secteur malgré la quantité. Nous, on s’en sort très bien », avoue-t-il.
La déception se porte sur les colzas. « Après des orges qui étaient très bonnes, on s’attendait vraiment à ce que les colzas suivent. Mais on est déçu. Notre rendement moyen pluriannuel est de 38 à 40 q/ha ici. Là on tourne plutôt autour de 35 q/ha. Ce n’est pas une année catastrophique non plus mais c’est une petite année. Pourtant, ils paraissaient beaux, il y avait de vrais espoirs », confie l’agriculteur.
Un peu plus loin, nous rencontrons un autre membre de la famille Renoux, Didier, lui aussi président, de la CGB de l’Yonne. L’occasion de faire un point sur les betteraves. Et les inquiétudes qui ressortaient à la suite de la décision européenne d’interdire dès cette année l’utilisation des NNI semblent se confirmer. « On constate des prémices de la jaunisse », se désole Didier Renoux. « On en saura plus dans les prochains jours sur l’ampleur des dégâts sur la prochaine récolte ».

Limiter la casse pour certains, de fortes inquiétudes pour d’autres

Lors des deux premiers volets de notre série d’articles sur la moisson des présidents, nous demandions à Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne et Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, si l’inquiétude pour l’économie des exploitations pour les années à venir, exprimée il y a un an, avec les prix des intrants qui avaient flambé, à la suite du conflit russo-ukrainien, était toujours d’actualité avec une moisson prometteuse annoncée cette année. Pour Damien Renoux, « ceux pour qui la moisson de cette année sera bonne, cela limitera la casse. On est en plein dans ce qu’on avait annoncé l’an passé, l’effet ciseaux. On a dû acheter les intrants très chers et là, ce qu’on est en train de récolter, sera vendu à des prix redevenus raisonnables voire limites », juge-t-il. « En blé par exemple, on est à 200 €/t aujourd’hui, alors qu’on était presque au double l’an dernier. En colza, c’est encore plus flagrant. On est désormais à 440 €/t alors qu’on était monté jusqu’à 1 000 €/t l’an dernier ».
Pour lui, l’inquiétude se porte essentiellement sur les exploitants situés dans les moins bonnes terres du département. « Nous, ici, dans le secteur, qui allons faire une bonne récolte, nous allons y arriver. Mais je pense à ceux qui se trouvent dans des secteurs plus compliqués, comme le Tonnerrois, cela sera dur pour eux », regrette Damien Renoux.