Déshydratation
Belle production et marché incertain pour la Déshy'21

Berty Robert
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La société coopérative agricole de déshydratation de la Haute Seine s’est réunie en assemblée générale, fin mai. Le début de campagne 2024 s’annonce prometteur mais dans un contexte de marché assez peu dynamique. L’entreprise poursuit néanmoins ses efforts d’investissements et sa logique de diversification.

Belle production et marché incertain pour la Déshy'21
Si la luzerne ne souffre pas des conditions pluvieuses de ce printemps, en revanche, la récolte s'en trouve parfois compliquée et cela aura des conséquences en matière de coût de séchage.

Investissements et diversification sont les axes moteurs de la société coopérative agricole de déshydratation de la Haute Seine (Deshy’21, à Baigneux-les-Juifs) qui réunissait ses adhérents, fin mai. L’investissement, parce que l’entreprise se doit d’aller de l’avant, (elle a notamment acquis une ensileuse à caissons pour la campagne 2024 de récolte de luzerne), et la diversification pour réduire les risques liés aux fluctuations de marchés. Exemple de cette diversification qui offre des perspectives de croissance : le sarrasin, dont les surfaces cultivées par des adhérents de la coopérative sont passées en 3 ans de 350 ha à 650 aujourd’hui. De fait, la configuration de l’activité en 2023 et 2024 valide ce choix de diversification : en 2023, l’usine de Baigneux-les-Juifs avait progressé dans ses tonnages, arrivant au maximum de ses capacités de déshydratation, toutes productions confondues, avec 26 113 t, soit 4 000 t de plus qu’en 2022 et 1 000 t de plus rien que pour la luzerne (à un peu plus de 10 000 t) et si 2023 restera une année exceptionnelle en quantité, ce fut moins le cas pour le résultat économique. La question du comportement du marché de la luzerne suscite en effet quelques inquiétudes : « les marchés sont à l’arrêt depuis plusieurs mois, reconnaît Pascal Guérin, président du conseil d’administration de la Déshy’21, en raison du fait que le prix des céréales a baissé. Les fabricants d’aliment, à taux de protéines égal, préfèrent se tourner vers l’orge ou d’autres céréales un peu moins chères. Ça « tire » aussi un peu du côté des trésoreries chez certains agriculteurs qui font donc des arbitrages pour réduire leurs charges ».

Bon début de campagne

« Il y a des stocks importants d’un côté et une baisse du nombre d’élevages de l’autre, confirme Jean-Luc Longechamp, directeur de la société coopérative de déshydratation. Pour l’instant, sur les marchés, la luzerne conventionnelle ne part pas beaucoup. La luzerne bio se vend mieux mais le marché est calme ». Dans ce contexte, les perspectives de la campagne 2024 restent néanmoins très prometteuses. Les cultures de luzerne se montrent sous un bon jour : « sur le plateau, poursuit Pascal Guérin, nous n’avons pas été affectés par les fortes pluies de ces dernières semaines ». À ce jour, environ la moitié du potentiel de production pour la première coupe a été récoltée et les niveaux de protéines sont corrects, même si l’abondance de la production conduit toujours à une certaine dilution du taux de protéines. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura du volume. Sur la première coupe de luzerne, les rendements sont très bons, en dépit de conditions de récolte difficiles, à cause de la météo, qui entraîne aussi des coûts de séchage très importants. Sur la première partie du mois de juin, la qualité est au rendez-vous. « Nous sommes à 4,2 t/ha avec la moitié de la récolte faite au 10 juin, précise Jean-Luc Longechamp, et ça, c’est une très bonne nouvelle parce qu’en général, on démarre plutôt à 2 t/ha pour finir entre 4,5 t et 5 t/ha ».

Record en marcs de raisin

2023 aura aussi été marquée par une progression important du traitement des marcs humides de raisin (30 000 t de marc traité alors qu’auparavant, sur ce produit, le record était de 12 000 t), en lien avec des vendanges exceptionnelles en 2023. « Nous avons aussi traité 2 300 t de pépins, ajoute Jean-Luc Longechamp, contre 900 t en 2022 ». Le directeur note par ailleurs une hausse de la demande sur les granulés de paille, pour les litières en élevage. Du côté des productions en baisse, on trouve celle concernant les granulés de bois (3 300 t traitées) « ce qui reste toute de même au-dessus d’une année normale de production, insiste le directeur, mais on retombe sur des niveaux de production plus classiques ».

Des statuts qui évoluent

Lors de son assemblée générale, la Déshy’21 a procédé à quelques modifications dans ses statuts en instaurant une « fourchette » d’administrateurs qui permet plus de souplesse : là où, auparavant, il en fallait impérativement 12, les nouveaux statuts prévoient une variation possible de 9 à 12. Autre évolution d’importance : la société coopérative va devoir créer une filiale pour tout ce qu’elle réalise en Tiers non associés (TNA) à destination de gens qui ne sont pas adhérents à la coopérative, par exemple, la production de granulés de bois, qui n’est pas considérée comme une activité agricole.