Cuma
Une solution pour maitriser ses charges de mécanisation

Christopher Levé
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Avec les charges de mécanisation qui augmentent ces dernières années, les agriculteurs sont à la recherche de solutions pour mieux les maîtriser. Parmi elles, la Cuma représente une piste d’adaptabilité pour les exploitations agricoles en ce qui concerne la maîtrise des coûts de mécanisation, mais aussi pour l’accès à des machines diverses et modernes, ainsi qu’au partage de connaissance entre les agriculteurs adhérents.

Cuma
Certains agriculteurs font le choix d'investir sur du matériel en commun pour réduire les coûts de mécanisation (photo : Réussir SA).

Comme le souligne Richard Wylleman, conseiller d’entreprise en agroéquipements à la Chambre d’agriculture de l’Yonne, « aujourd’hui, on a des charges de mécanisation qui évoluent plutôt à la hausse. En conventionnel, on est à + 40 % en 10 ans et en bio les charges atteignent celles des systèmes classiques ».
Alors, comment l’expliquer ? « C’est en partie dû à l’augmentation du prix des machines, mais aussi à la complexification des exploitations agricoles qui exige de répondre à différentes activités. Le résultat des charges de mécanisation dépend des décisions qui sont prises par le chef d’entreprise », répond-il. Car si les exploitations agricoles deviennent plus complexes, c’est parce qu’elles se diversifient. Pour cela, il faut avoir les moyens de réaliser les travaux, ce qui passe par des investissements en termes de matériels, qui ne sont pas toujours valorisés.
Dans ce contexte, les exploitants agricoles sont à la recherche de solutions pour mieux maîtriser les coûts de mécanisation. Richard Wylleman l’assure, « la Cuma est une piste d’adaptabilité pour les exploitations agricoles. Pourquoi ? Car cela permet de maîtriser les coûts de mécanisation notamment sur des utilisations très ponctuelles d’outils, comme c’est le cas avec le désherbage mécanique ; cela permet également un accès à des machines qui sont généralement plus diversifiées, plus récentes, plus fiables, plus larges, ce qui engendre des gains de productivité et de temps, et permet de répondre à un volume sur l’aspect quantitatif, mais aussi sur l’aspect qualitatif ; et cela permet enfin de bénéficier du partage des connaissances et des expériences en travaillant à plusieurs. On peut donc monter en compétence et intégrer les notions de travail en commun et d’entraide ».
Mathilde Bonneau, animatrice Cuma Yonne, précise toutefois « que lorsqu’il y a des pannes ou des casses de matériels, une Cuma reste tout de même une solution valable pour les adhérents ».

« Une solution pour réaliser des transitions à moindre coût »

Un point de vue qu’approuve Sébastien Neveux, agriculteur à Rugny et président de la Cuma du Val Renard, qu’il a créé en 2021 avec trois autres associés (Aurélien Chainé, François Harzaert, Nicolas Poinsot, ainsi que son associé Christophe Hugot à l’Earl Les 5 épis). « Avec cette mutualisation des expériences, on suit les raisonnements des collègues et cela profite à tout le monde. Aussi, lorsque l’on parle d’entraide, cela dépasse le matériel que l’on a en commun. On se rend service entre nous, on se dépanne, c’est très important ».
L’agriculteur se souvient qu’à l’origine, lui et ses associés de la Cuma ont envisagé cette solution pour répondre à leur volonté de développer l’ACS (agriculture de conservation des sols). « On avait une réflexion commune sur le fait de vouloir développer le semis direct notamment pour réussir à refaire des colzas correctement. Avec le semis direct, on avait la possibilité de ne plus travailler le sol, ne plus le dessécher, garder sa fraîcheur et ressemer les colzas. Mais comme on est tous sur des terres aux potentiels limités, on n’avait pas les moyens d’acheter chacun notre semoir ».
En créant la Cuma, cela a permis aux agriculteurs de limiter les risques du coût de l’opération. « En investissant à quatre sur un même matériel, on investit beaucoup moins individuellement, ce qui nous permet de prendre ce risque de développer une nouvelle activité et une nouvelle façon de faire. C’est un levier extraordinaire au changement. On sait qu’aujourd’hui on doit évoluer dans nos pratiques, alors soit on le fait seul si on en a les moyens, soit on s’adapte en groupe en diminuant l’investissement. La Cuma, c’est une solution pour réaliser des transitions à moindre coût ».
À noter que la Cuma « permet de répondre à des appels à projets avec à la clé des subventions (dans le cadre du PSN) qui permettent de réaliser les transitions », poursuit Sébastien Neveux.
Depuis l’investissement du semoir, les agriculteurs ont réalisé d’autres investissements (comme un épandeur d’engrais, des rouleaux ou encore un broyeur d’accotement) et créés d’autres sections au sein de leur Cuma. « Deux autres associés nous ont également rejoints », ajoute-t-il.

Des obligations à respecter

Cependant, « Une Cuma a aussi un cadre et chaque adhérent a des droits et des obligations », comme le rappelle Mathilde Bonneau. « Il est important de respecter ses engagements, quels qu’ils soient, de payer ses factures, de respecter les plannings, lorsqu’il y en a… de tout simplement respecter le règlement intérieur qui est propre à chaque Cuma ».
Dans l’Yonne, il existe actuellement 95 Cuma, réparties un peu partout sur le territoire. « Il y en a donc forcément une à côté de chaque agriculteur », conclut Mathilde Bonneau, en souriant.