Gestion des risques sanitaires
Simplicité et communication

Chloé Monget
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Après les deux articles concernant la gestion des risques sanitaires (1), ce troisième volet met en exergue deux éléments à prendre en compte selon Cédryck Biet, polyculteur-éleveur à Mourry (Crux-la-Ville). 

Simplicité et communication
Cédryck Biet, 36 ans, est à la tête de deux structures à Crux-la-Ville.

Dans la continuité des deux articles précédents sur la gestion des risques sanitaires (1), c’est au tour de Cédryck Biet, 36 ans, d’expliquer les éléments qu’il a pu mettre en place dans son exploitation à Mourry (Crux-la-Ville). Pour rappel, cette dernière se compose de deux structures. D’une part, la société Cédryck Biet, comptant 80 mères Charolaises et Limousines (non inscrites) et 145 ha (environ 35 ha de cultures – céréales d’autoconsommation et maïs ensillage- 20 ha de prairies temporaires – trèfle violet et luzerne – et le reste en prairies permanentes). D’autre part l’EARL de Mourry qui regroupe 170 vaches à vêler Charolaises et Limousines ainsi que 190 ha (22 ha de cultures, 15 ha de prairies temporaires – trèfle violet – et le reste en herbe). Cédryck Biet précise : « pour la commercialisation, les deux structures sont en broutards repoussés (400 – 420 kg), avec laitonnes repoussées (300 – 320 kg) et les vaches de réformes sont engraissées. J’en profite pour annoncer que je suis à la recherche d’un salarié depuis mars. Peu importe le CV tant que la personne veut travailler cela me convient. Ceci étant, les exploitations sont réparties sur différents sites avec des cheptels différents, mais dont les problématiques sont les mêmes ».

Investissements différents

Installé depuis 2009 pour la première structure et 2021 (51 % des parts puis 2022 avec 100 %), pour la seconde, Cédryck Biet pointe : « La gestion des risques sanitaires a toujours été au premier plan de la gestion car avec la prévention, les coûts sont limités ». Il détaille plus concrètement cette idée : « Pour l’exemple, il faut environ 8 euros par sachet pour un veau atteint de diarrhée à ajouter au temps passé pour la surveillance. On sait combien coûte le préventif, ce qui n’est pas le cas pour le curatif… ». Parmi les éléments intégrés dans sa gestion des risques, il évoque : « L’utilisation depuis deux ou trois ans de gants uniques pour prévenir l’introduction de bactéries durant le pansage des nombrils. Depuis, je suis passé de 15 - 20 gros nombrils par an à 5-6 aujourd'hui ». Il précise aussi qu’il réalise des vaccinations pour la diarrhée des veaux, la grippe et la BVD : « Nous n’avons pas de vaccins pour toutes les maladies, mais des nouvelles qui font leurs apparitions (MHE, FCO 8, etc.), autant se servir de ceux qui existent pour limiter la casse. Dans l’idéal, il faudrait aussi mettre en quarantaine les animaux achetés de l’extérieur. Mais par manque de temps, comme je suis seul, je ne peux pas le faire pour le moment ». Outre les maladies ou pathologies qui sont « historiques et spécifiques à chaque exploitation », Cédryck Biet fait allusion à celles « importées » : « De nombreux intervenants sont susceptibles de ramener des pathogènes avec eux (vétérinaires, commerciaux, autres éleveurs, etc.). De ce fait, le minimum est un lavage de main et de bottes. Nous en avons tous conscience pour la médecine humaine, alors pourquoi pas en élevage ? ». Ainsi, depuis janvier, Cédryck Biet a mis en place un lave-botte acheté au GDS : « le coût total est d’environ 300 euros (lave-botte et matériels pour la plateforme), ce qui n’est rien comparé aux coûts qu’une diarrhée peut engendrer sur une exploitation ». Pour la suite, Cédryck Biet souhaite mettre en place d’autres éléments, plus coûteux cette fois : « Je souhaite construire un nouveau bâtiment afin d’avoir environ 100 places supplémentaires afin de réduire le chargement des autres et d’avoir un vide sanitaire – réduisant ainsi les risques sanitaires, tout en m’apportant un confort de travail lors de la période de vêlage qui est très longue chez moi (décembre à juin). Pour l’instant ce n’est qu’une idée ».

Délier les langues

Outre ces éléments à mettre en place, Cédryck Biet met en lumière un autre point qu’il aimerait voir se développer dans le monde de l’élevage : la communication. « Les céréaliers parlent sans problème des maladies qu’ils peuvent rencontrer sur leurs cultures. Via les discussions qu’ils ont entre eux, ils arrivent à partager des idées et des solutions. Je trouve dommage que cette pratique reste sporadique chez les éleveurs. Je pense que nous avons tout à gagner à parler car certains ont peut-être des solutions à partager ». En parallèle, il évoque un autre aspect de cette communication : « Outre les collègues, les organismes sont là pour nous aider. Dès que nous avons un doute sur un point sanitaire, il faut en discuter à la fois à nos vétérinaires et au GDS qui sont là pour nous épauler. À mon sens, il n’y a aucune honte à exprimer les problématiques. Si nous n’avons pas la solution, d’autres l’ont sûrement. Je ne désespère pas de voir cela changer, et il faut reconnaître qu’il y a du mieux depuis quelques années dans la communication… maintenant à nous, éleveurs, de poursuivre cette évolution ».

1. Voir TDB n° 1772 et 1774.

 

 

Gestion des intervenants en élevage
Un lave-botte a été installé à l'entrée d'un des sites avec « passage obligatoire pour tout le monde » insiste Cédryck Biet.

Gestion des intervenants en élevage

Les intervenants en élevage ou les simples visiteurs peuvent être des vecteurs passifs de maladies, leurs vêtements, leurs bottes, les roues des véhicules et leurs matériels constituant une voie d’entrée des agents pathogènes. Des mesures peuvent être mises en place pour limiter ces contaminations.

Il est possible de délimiter les zones accessibles au public, sécurisant ainsi la zone d’élevage (zone de vie et de circulation des animaux). L’interdiction d’entrer librement dans cette zone peut être matérialisée par des panneaux, cordes ou barrières. La zone de parking pour les visiteurs peut également être indiquée. Dans la mesure du possible, les véhicules des intervenants extérieurs doivent rester dans la zone publique ou professionnelle (zone située à l’extérieur de la zone d’élevage, réservée à la circulation des personnes et véhicules autorisés, comprenant les aires de stockage).

Il est essentiel de mettre en place un point de nettoyage et de désinfection des mains et des chaussures à l’entrée de la zone professionnelle et de la zone d’élevage. Pour le nettoyage des mains, un robinet et un savon doivent être présents. Pour les chaussures, le point de nettoyage peut prendre la forme d’un point d’eau avec brosse ou d’un lave-botte branché sur une arrivée d’eau avec une solution désinfectante. Pour la désinfection des bottes, il est possible d’utiliser un pédiluve à condition que les chaussures soient d’abord exemptes de matière organique (un nettoyage efficace, même sans désinfection, permet d’éliminer 80 à 99 % des germes). Des surbottes et une tenue propre peuvent être mises à disposition des intervenants extérieurs. Pour les salariés, un local dédié à la préparation avec vêtements et bottes spécifiques à l’élevage peut être envisagé.

(Encadré réalisé par le GDS 58)