Métiers

Le milieu agricole, pour accueillir des enfants placés

Peu connus du grand public, les assistants familiaux remplissent une fonction essentielle : accueillir des enfants ou des adolescents séparés de leur famille suivis par le Service d’aide sociale à l’enfance du Conseil départemental de Côte-d’Or. Dans ce département, on compte aujourd’hui environ 300 de ces professionnels agréés, dont certains employés par le Conseil départemental, pour 664 enfants accueillis. Un nombre pourtant insuffisant et, début 2023, le Département s’est mis en quête de nouvelles familles d’accueil. Dans cette recherche, il cible notamment le milieu agricole et s’est rapproché, pour faire passer le message, de la Chambre d’agriculture. « Nous allons prochainement être confrontés à une vague de départs en retraite, explique Bernadette Matrot-Gruer, adjointe au directeur parentalité-enfance-culture-sports au Conseil départemental de la Côte-d’Or, 46 assistants familiaux vont pouvoir faire valoir leurs droits à la retraite dans les mois qui viennent et la moyenne d’âge de ces professionnels est de 56 ans en Côte-d’Or. Nous devons donc recruter de nouveaux assistants familiaux ». Une tâche importante mais qui comporte aussi des difficultés : on ne s’improvise pas assistant familial. « Cela nécessite un gros travail d’évaluation en amont du recrutement, souligne Bernadette Matrot-Gruer. Nos services rencontrent le candidat mais aussi sa famille. Nous devons évaluer les aptitudes éducatives des candidats et nous informons aussi sur la réalité de ce métier (voir encadré). Il faut avoir des capacités au dialogue, à la communication. Nous vérifions la disponibilité du candidat pour s’occuper de l’enfant, sa capacité à s’adapter… »

Vérifications nombreuses

« L’assistant familial doit être capable d’observer un enfant qui n’est pas toujours en âge ou en capacité de s’exprimer, souligne pour sa part Nina Bonin, responsable de la Cellule accueil du jeune enfant (Caje) au sein du service Protection maternelle et infantile (PMI). Il doit pouvoir estimer s’il va bien ou non ». Le travail du service PMI consiste aussi à vérifier les conditions matérielles de l’accueil de l’enfant et le contexte familial dans lequel il va se retrouver : « Lorsqu’on attribue un agrément, poursuit Nina Bonin, on sait que la personne peut accueillir un enfant âgé de 0 à 18 ans, mais nous tenons compte de la situation personnelle des candidats. Certains, par exemple, expriment le souhait que leurs propres enfants soient en position d’aînés par rapport à l’enfant accueilli. On prend aussi en compte l’âge de la personne candidate, dans l’idée d’un accueil qui va peut-être durer plusieurs années. Ce qui est important, c’est, autant que possible, d’éviter les ruptures pour l’enfant ». Dans l’exercice de leur fonction, ces assistants familiaux ne sont pas seuls. Ils sont accompagnés, pour ce qui concerne l’équipe du Conseil départemental, par deux travailleurs sociaux, auxquels s’ajoutent une infirmière et une psychologue. Dans le cas où l’assistant familial fait le choix d’être employé par une association privée, la composition de l’équipe est alors différente. Dans tous les cas, le professionnel peut compter sur une équipe pluridisciplinaire et sur un travailleur social référent, spécialement nommé pour suivre le projet de l’enfant. Les assistants familiaux doivent être en mesure de faire remonter des informations régulières sur les enfants dont ils ont la responsabilité. Cela peut prendre des formes diverses : rapports écrits, mails, échanges téléphoniques. Il faut ajouter à cela le rôle très important du conjoint de l’assistant familial et plus globalement, du contexte dans lequel l’enfant est appelé à vivre pour une période plus ou moins longue de sa vie.

Attrait pour le monde agricole

Dans ce cadre, le milieu rural et plus particulièrement agricole, apparaît comme bénéfique : l’expérience montre que pour des enfants souvent très fragilisés, la vie à la campagne, parfois en contact avec des animaux, favorise la construction de la personnalité. Rien n’est automatique en l’espèce car les parcours de vie et les contextes sont tous différents, mais l’aide sociale à l’enfance de Côte-d’Or trouve néanmoins là des contextes potentiellement intéressants. Nina Bonin prévient également : « Il est important de bien comprendre qu’être assistant familial, ce n’est pas faire une adoption : les enfants placés ont leur propre histoire familiale, leurs propres parents que, pour la plupart, ils rencontrent d’ailleurs régulièrement. L’assistant familial doit donc aussi accompagner cette relation parents-enfant ». Il faut enfin garder à l’esprit la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, qui améliore les conditions de travail et revalorise la rémunération des assistants familiaux. Un élément de plus en faveur d’une éventuelle candidature.

Note de bas de page : Vous êtes intéressé par le métier d’assistant familial ? Vous pouvez vous renseigner au numéro suivant : 03 80 63 62 88 ou sur le site cotedor.fr