Préfet de l'Yonne (2/2)
La volonté « d'accompagner et soutenir l'agriculture »

Christopher Levé
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Lors de sa première année comme préfet de l'Yonne, Pascal Jan a mis un point d'honneur à soutenir le monde agricole. À travers l'écoute de leurs problématiques conjoncturelles et climatiques, à travers des aides financières suite aux aléas climatiques, mais aussi avec le soutien de projets, notamment ceux en lien avec l'adaptation au changement climatique. Autant de points abordés lors du second et dernier volet de l'entretien que le préfet de l'Yonne nous a accordé.

Préfet
Pascal Jan, préfet de l'Yonne (au centre) aux côtés de Julie Colin, procureure de la République de Sens (à gauche) et d'Hugues de Phily, procureur de la République d’Auxerre (à droite), lors du dernier Colden (photo : préfecture de l'Yonne).

De l’écoute et du soutien. C’est comme cela que l’on pourrait qualifier l’action de Pascal Jan, préfet de l’Yonne, envers le monde agricole. Et lors de sa première année comme préfet, le moins que l’on puisse dire, c’est que de l’écoute et du soutien, les agriculteurs en ont eu besoin.
Si une indemnisation ne remplacera jamais une récolte, il est toutefois à noter qu’en 2022, les aides attribuées à l’agriculture icaunaise ont atteint des montants records. À commencer par les calamités agricoles, dont le caractère a été reconnu pour les épisodes de gel de 2021 (ces indemnisations ont été versées en 2022, ndlr) : 7 millions d’euros pour la viticulture, 400 000 euros pour l’arboriculture et 175 000 euros pour l’apiculture (chiffres de la DDT de l’Yonne). Un caractère de calamités agricoles qui a aussi été obtenu pour la perte de fourrage suite à la sécheresse de 2022.
En 2021 cette fois, des fonds d’urgence ont aussi été versés suite à ces mêmes aléas climatiques à hauteur de 200 000 euros pour l’arboriculture, 85 000 euros pour la viticulture et 40 000 euros pour les betteraves.
Des aides suite aux aléas climatiques, mais aussi des aides suite aux crises économiques, avec un accompagnement exceptionnel (toujours en 2022) de la filière porcine à hauteur 500 000 euros suite à la crise porcine. Sans oublier une autre aide financière de 600 000 euros pour tous les élevages de l’Yonne confondus, à cause des conséquences de la guerre en Ukraine sur l’alimentation animale.
Pour Pascal Jan, préfet de l’Yonne, « répondre aux coups durs, c’est aussi pour l’État garantir la pérennité de l’activité agricole ».

Le soutien de projets

Une aide qui passe également par l’accompagnement de projets, notamment ceux en lien avec l’adaptation au changement climatique. « La question du changement climatique pour les agriculteurs ne doit pas simplement être vue en termes de moyens mais avant tout en termes de comportements. L’idée, avec la Chambre d’agriculture de l’Yonne, est de penser les comportements des agriculteurs au sens large du terme, avec les ressources dont ils ont besoin, notamment l’eau et l’énergie », indique Pascal Jan.
Ainsi, au niveau national cette fois, un nouveau plan de relance a été mis en place par France AgriMer. On y retrouve le volet « aide aux investissements pour l’acquisition de matériels en exploitation pour la protection contre les aléas climatiques ». Celui-ci, ouvert le 13 février et qui devait s’étendre jusqu’au 31 décembre 2023, est déjà clôturé, victime de son succès (l’enveloppe a été entièrement utilisée). Cette aide a pour objectif de subventionner du matériel de protection contre le gel, la grêle, la sécheresse ou encore le vent, les cyclones voire les tornades, avec une subvention maximum de 40 000 hors taxes pour les exploitants (pour les Cuma, cela peut aller jusqu’à 150 000 euros d’aides hors taxes). L’enveloppe globale pour cette aide était initialement de 80 millions d’euros, abondée de 40 millions d’euros, pour porter son total à 120 millions d’euros pour cette aide.
Pour le préfet de l’Yonne, cela traduit la volonté de l’État à « accompagner et soutenir l’agriculture, mais aussi à orienter vers des comportements vertueux, pour l’économie des agriculteurs mais aussi pour le territoire ».

Un accompagnement jusqu’à Paris

L’accompagnement du préfet pour le monde agricole s’est aussi traduit sur le terrain lors de cette première année. Dans les fermes icaunaises et jusqu’à Paris, il y a participé à son premier salon de l’agriculture. « C’était une première tout court pour moi, pas seulement en tant que préfet », rit-il. « Je trouvais qu’en tant que préfet d’un département rural, ma place devait être au salon de l’agriculture, pour rencontrer les producteurs de l’Yonne et plus largement ceux de la Bourgogne Franche-Comté », confie-t-il. « Je pense que c’est une marque d’attention de la part de l’État au monde de l’agriculture, au-delà de l’action quotidienne et des visites que j’ai pu faire sur leurs exploitations. En somme, c’est prolonger l’action que je mène avec les services sur le territoire, dans un lieu à la fois symbolique, avec une vitrine pour l’agriculture française. Cela témoigne de l’attention de l’État pour une économie qui compte ».

Le chiffre : 124 millions d'euros

C’est le montant total des aides PAC versées pour l’Yonne en 2022. Cela comprend les aides à la surface, les aides pour la conversion à l’AB, les MAEC, les aides couplées végétales et les aides à l’assurance récolte (chiffre de la DDT de l’Yonne).

Le Colden, où en est-on ?

Pour renforcer la préservation de l’environnement dans l’Yonne, Pascal Jan (préfet de l’Yonne) et Hugues de Phily (procureur de la République d’Auxerre) ont inauguré en octobre dernier le Colden (comité opérationnel de lutte contre la délinquance environnementale). Ce comité s’est à nouveau réuni le mardi 4 avril. « Nous avons défini des axes prioritaires, à la fois dans la politique pénale mais aussi en amont pour voir comment nous, les services de contrôle administratifs, nous pouvions soutenir les actions pénales de l’environnement », informe Pascal Jan. Ces axes prioritaires pour 2023 sont l’eau, les déchets (notamment les dépôts sauvages) et les règles relatives à l’urbanisme. « Cela ne veut pas dire que rien n’est fait pour les autres items (huit volets composent la stratégie nationale de contrôle dans le cadre du Colden : la gestion quantitative de la ressource ; la préservation des milieux aquatiques ; la police de la pêche ; la police de la chasse ; les espèces protégées et leurs habitats ; la qualité de l’eau ; la sécurité publique et la prévention des inondations ; les espaces naturels, les habitats et le patrimoine) ».
Selon le préfet, « en faisant une politique pénale sur ces trois priorités, c’est aussi engager une politique pédagogique pour ceux qui sont en infraction. L’idée est d’avoir une action cohérente, à la fois administrative, pénale, préventive, informative et formatrice. Le but n’est pas de punir, mais de sensibiliser, de responsabiliser et d’agir en conséquence. La volonté est d’agir en amont plutôt qu’en aval. C’est aussi d’ancrer dans les consciences des Icaunais que l’environnement doit être une priorité de chacun, tous les jours ».