Viticulture
La flavescence dorée est arrivée dans le Chablisien

Christopher Levé
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Le vendredi 13 janvier, la CAVB a réuni bon nombre de viticulteurs du Chablisien pour officialiser l’apparition de la flavescence dorée dans le département. Les premiers cas ont été recensés sur la commune de Maligny avec une quinzaine de pieds infectés constatés. L’objectif était d’expliquer aux professionnels de la vigne ce qu’est réellement cette maladie épidémique et dévastatrice, ainsi que les échéances à venir dans le département pour contrer au mieux sa propagation.

Flavescence dorée
La flavescence dorée cause des les symptômes de jaunisse sur les ceps de vigne, comme ici sur un cépage blanc (crédit photo : M.Baudoin).

Les inquiétudes étaient fondées : la flavescence dorée est bel et bien arrivée dans le vignoble icaunais. Du côté de Maligny précisément, où une quinzaine de pieds infectés ont été constatés.
Si la maladie est présente en Bourgogne depuis 2004 et des premiers cas observés dans le Mâconnais, en Saône-et-Loire en 2012 (cela avait engendré à l’époque l’arrachage de 11 ha de vigne), c’est la première fois que la flavescence dorée apparaît dans l’Yonne. Pour rappel, en France, le premier foyer est apparu dans les années cinquante, dans le Sud-Ouest.
Alors, pour bien comprendre à quoi doivent se préparer les vignerons du département, commençons par expliquer ce qu’est, concrètement, la flavescence dorée. « C’est une maladie fortement épidémique causée par un phytoplasme (une bactérie) et propagée par une cicadelle (un insecte) », indique Marie-Charlotte Paput, directrice de la Fredon BFC, qui est intervenue lors de la réunion du vendredi 13, à Chablis. « Elle provoque le dépérissement des ceps de vignes ».
Si elle touche tous les cépages, le désavantage de l’Yonne est que le chardonnay est plus sensible à cette maladie que les autres cépages. « Une fois que la cicadelle a piqué un cep malade, elle pourra contaminer les autres ceps après un mois d’incubation ». Lorsqu’un cep est contaminé, « il faut compter un an avant que l’apparition des premiers symptômes ne soit visible », confie Jean-Hugues Goisot, (administrateur à la CAVB et référent sur le sujet de la flavescence dorée, et viticulteur à Saint-Bris-le-Vineux), ce qui rend la gestion de la maladie encore plus complexe.

Des symptômes de jaunisse, comme le bois noir

Aussi, l’Yonne est très touchée par une autre maladie, le bois noir, qui présente les mêmes symptômes de jaunisse que la flavescence dorée, ce qui rend son identification encore plus délicate. Seul un test en laboratoire permet de les différencier. Cependant, cette dernière est une maladie de quarantaine, ce qui n’est pas le cas du bois noir. Ces deux maladies sont également transmises par des vecteurs différents.
Afin d’identifier les pieds contaminés et pouvoir contrôler au mieux le développement de la maladie, des prospections sont faites. « Elles deviendront exhaustives sur une partie du vignoble », assure Charlotte Huber, directrice technique à la CAVB. « Jusqu’alors, la prospection dans l’Yonne se faisait par tiers. Il faudra qu’elle devienne intégrale, au moins sur une partie du vignoble ». Pour l’heure, le périmètre sur lequel cela sera mis en œuvre reste à définir entre l’État, la CAVB et l’ODG.

Un traitement obligatoire à venir

Selon Jean-Hugues Goisot, « si on veut éradiquer la maladie, il faut que le travail soit fait au tout début de la contamination, dès l’apparition des premiers symptômes, car elle se développe très rapidement ». Il rappelle que la lutte s’appuie sur quatre piliers indissociables : le traitement à l’eau chaude des pieds avant la plantation, l’arrachage des pieds symptomatiques, la prospection exhaustive du vignoble et le traitement insecticide selon l’analyse de risques.
Ainsi, pour tenter de contrôler son développement, voire de l’éradiquer, « un traitement insecticide sera réalisé sur le périmètre infecté », reprend Charlotte Huber. « Les traitements insecticides deviendront obligatoires. Pour le moment ce n’est pas le cas, mais cela le deviendra par arrêté préfectoral. Le nombre de traitement et le périmètre restent encore à définir. À la CAVB, on souhaiterait que l’arrêté préfectoral soit publié d’ici mars ou avril, mais cela dépendra des discussions que l’on aura avec les professionnels et avec l’État. Cela passera aussi par une période de consultation publique ».
À noter que les pieds infectés avérés doivent obligatoirement être arrachés avant le 31 mars afin de maintenir la pérennité de la parcelle. Aussi, dès qu’une parcelle est contaminée à 20 %, la réglementation impose qu’elle doive entièrement être arrachée.