Expérimentations
Comprendre pour affronter l'avenir
Le 19 septembre, le Centre national de la propriété forestière organisait une demi-journée dédiée au chêne, avec deux visites de terrain.
Afin d'appréhender l'avenir face aux changements climatiques et ses conséquences, le Centre national de la propriété forestière (CNPF) proposait une demi-journée axée sur le chêne, le 19 septembre. Ainsi, la matinée était scindée en deux parties, l'une en salle et l'autre sur le terrain avec deux visites.
Pour la première partie, c'est un panorama historique et scientifique sur le chêne qui fût détaillé. Betty Doucet, responsable développement forestier de la Nièvre au CNPF de Bourgogne-Franche-Comté, stipule : « il est nécessaire de comprendre comment le chêne colonise les secteurs et comment il évolue génétiquement afin de chercher des solutions pour sa conservation et son développement dans notre région, et plus particulièrement dans la Nièvre ». Afin d'offrir les informations les plus adaptées, la présentation s'est concentrée sur le chêne pédonculé et le chêne sessile – peuplements les plus représentés dans la Nièvre.
Adaptation naturelle
Parmi les données prodiguées, il a été mis en lumière que depuis la dernière glaciation, le chêne pédonculé a migré vers le nord principalement grâce au colportage des semences par les oiseaux ; offrant une dissémination rapide. De son côté, le chêne sessile reste loin du front de migration et va envoyer ses pollens vers les chênes déjà établis pour engendrer des croisements, créant ainsi des « hybrides ». Sur ce dernier point, Betty Doucet insiste : « les hybrides ont la capacité à sélectionner les gènes les plus adaptés à l'environnement d'implantation et ce dès la première génération d'arbres. Par exemple, pour s'adapter au froid, les gènes de pédonculé seront plutôt préférés à ceux du sessile. Avec la modification de la génétique, après quelques générations un peuplement de chêne pédonculé peut devenir à dominante sessile. La régénération naturelle montre qu'elle offre une adaptation des chênes aux conditions climatiques. Cela étant, il est possible de faire de la migration assistée (soit par la main de l'Homme) en maintenant des espèces locales tout en étoffant le peuplement avec d'autres essences ou provenances afin d'activer l'hybridation et donc d'inciter la sélection génétique vers les gènes les plus adaptés ». Même si elle dépeint cette pratique de migration assistée comme « un gage de stabilité et de résilience », elle insiste sur le fait que cela doit « rester dans le cadre d'une expérimentation et donc réalisé dans de petite surface ».
Recherche constante
Suite à ces explications, la quinzaine de participants fut conviée à visiter une première parcelle d'expérimentations à Azy-le-Vif ciblées sur la sélection de chêne sessile et chêne pubescent parmi plus de 400 arbres de référence pour créer 2 variétés multiclonales. Via un protocole très strict de sélection et d’étude du génome, le test est donc passé de 200 plants par variétés à 25 : « Nous avons conservé ceux présentant les meilleurs résultats de reproduction, de vigueur et de croissance – et donc les plus à même de répondre aux objectifs du protocole. Malheureusement, nous avons un gros problème de pression cynégétique sur la parcelle, rendant difficile l’évaluation de la croissance de quelques spécimens. Malgré tout, sur cette expérimentation, force est de constater que le chêne pubescent, principalement présent dans le sud de la France, pousse ici et bien que l'implantation ait été faite les pieds dans l'eau ! Il représente potentiellement une alternative face à la multiplication des sécheresses estivales dans notre territoire, tout en semblant ne pas avoir souffert du trop-plein ». Ensuite, la seconde visite se déroula à Beaumont-Sardolles, avec la présentation d'îlots d'avenir et de plantations mélangées expérimentales ciblées sur le noisetier de Byzance, le chêne pubescent d'origine Sud-Ouest et le chêne sessile d'origine Gascogne. « Nous allons pouvoir mesurer leur développement, afin d'en tirer des conclusions sur leur adaptation et pourquoi pas reproduire ces expérimentations à plus grande échelle ». Betty Doucet conclut : « la gestion forestière face au changement climatique est très complexe, et demande des expérimentations constantes pour entrevoir des solutions ou des alternatives durables. En tout cas, une chose est sûre, nous aurons toujours des chênes dans la Nièvre. Les questions restant en suspens étant : Quelles variétés de chêne ? Et, de quelle qualité pour la production ? ».