Blé tendre
Retour sur la campagne 2023

Diane Chavassieux et Léa Bounhoure, Arvalis Bourgogne Franche-Comté
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Arvalis - Institut du végétal dresse le bilan de la campagne de blé tendre d’hiver en Bourgogne Franche-Comté.

Retour sur la campagne 2023
Pour la campagne 2022-2023, les surfaces de blé tendre ont diminué de 1% en Bourgogne Franche-Comté. (Crédit photo : Arvalis).

En 2022-2023, le cumul des surfaces implantées en blé tendre d’hiver en Bourgogne Franche-Comté (BFC) et Alsace s’établit respectivement à 362 000 ha et 51 000 ha. En comparaison à la moyenne des cinq dernières années, la sole occupée par cette espèce est en régression de 1 % en BFC et en progression de 4 % en Alsace.

Du côté des rendements 2023, une fois n’est pas coutume, une grande hétérogénéité marque la campagne en fonction de la réserve hydrique des sols. Le rendement moyen 2023 de la région BFC pourrait se positionner légèrement au-dessus de la moyenne soit à 66,6 q/ha (+ 1 % / moyenne 5 ans). Pour l’Alsace, le rendement moyen serait autour de 78 q/ha soit 4 % au-dessus de la moyenne des cinq dernières années (source : Agreste). Vos ingénieurs Arvalis en Bourgogne Franche-Comté vous proposent de revenir sur quelques éléments clefs de cette campagne.

Hiver doux, montaison humide et fin de cycle dans la douleur…

Sur une longue période s’étendant du 5 octobre au 20 mars, la campagne 2023, se caractérise d’abord par une température moyenne bien supérieure à la moyenne, se rapprochant ou égalant les anciens records enregistrés en 2007 ou 2020. Au niveau de la pluviométrie enregistrée sur cette période, le climat a été plutôt sec en particulier pendant une bonne partie de l’hiver. En particulier, on enregistre de manière inhabituelle, une longue période de sécheresse entre le 20 janvier et le 10 février.

À partir de fin mars, le climat se rafraîchit limitant l’avance des cultures observée jusqu’alors. La pluie fait également son grand retour, sur la période du 20 mars au 30 avril, 2023 se positionne comme la plus humide des 5 dernières années, sans stress hydrique.

Du côté du rayonnement, un faible rayonnement est observé à l’approche de la méiose surtout pour les situations tardives. Le défaut de rayonnement au stade méiose, stade de formation du pollen, peut avoir une influence négative sur la quantité de pollen produit et donc sur le nombre de grains par épi. Par ailleurs, un faible rayonnement peut provoquer l’étiolement des tiges et ainsi augmenter le risque de verse.

Les conditions climatiques du remplissage des grains de blé ont été très stressantes. La réserve de survie du sol est entamée dès le stade début épiaison en sol superficiel et après floraison en sol plus profonds provoquant un stress hydrique pour les plantes. Durant la première phase de remplissage des blés, les températures sont échaudantes avec un cumul de températures supérieures à 25 °C très excédentaires. En même temps, la demande évaporative est très élevée exacerbée par de forte biomasse et du vent. Les ETP (évapotranspiration) sont régulièrement supérieurs à 5 mm /jour pendant 10-12 jours soit largement au-dessus de la médiane.

Croissance : une année (encore) précoce

Sans contraintes climatiques particulières, les semis sont réalisés rapidement et majoritairement entre le 5 et le 15 octobre. En sortie d’hiver, sous l’effet d’un cumul de températures excédentaires d’environ 300 degrés de plus que la moyenne, le stade épi 1 cm est arrivé en avance d’une quinzaine de jours par rapport à la médiane. Relativement à leurs historiques, les semis réalisés après le 20 octobre sont plus en avance que les semis précoces. Cela classe l’année 2023 comme parmi la plus précoce pour l’arrivée du stade épi 1 cm.

Au regard des deux dernières décades d’avril en moyenne plus froides que la médiane des 20 dernières années, l’avance acquise au stade épi 1 cm s’est réduit au stade épiaison. Le stade maturité physiologique est atteint entre le 20 et le 29 juin soit environ une semaine d’avance par rapport à la médiane.

Une année à maladies

Sur des sols généralement frais, le désherbage d’automne a pu être réalisé dans des conditions d’application favorables à la sélectivité et l’efficacité des herbicides racinaires.

Pour la troisième année consécutive, les ravageurs d’automne dont les pucerons vecteurs de la JNO sont restés très discrets malgré un temps de présence long (jusqu’à décembre).

Concernant la valorisation des apports d’engrais azotée, ceux réalisés début février ont été mal valorisés. Cependant, le retour des pluies dès début mars, a permis une bonne valorisation des apports réalisés autour du stade épi 1 cm mais également jusqu’à fin montaison.

Du côté des maladies, la septoriose fait son grand retour après plusieurs années sans. Les averses fréquentes enregistrées au cours du printemps ont été particulièrement efficaces pour que la maladie se développe significativement, en tout cas bien plus fortement qu’au cours des derniers printemps marqués par de fortes sécheresses. De la rouille jaune est également observée surtout sur variétés sensibles. En lien avec l’excès thermique de l’année, de la rouille brune apparaît également en fin de cycle.

Des orages en juin ont provoqué des phénomènes de verse, on en distingue deux types :

- la verse physiologique : il s’agit d’un défaut de résistance de la tige du fait d’entre-nœuds trop longs et/ou de parois trop peu épaisses.

- la verse parasitaire : c’est la conséquence de l’attaque de la tige par un champignon, par exemple le piéton verse, le piétin échaudage, le rhizoctone ou encore la fusariose du pied.

Des grains, mais des petits grains

Sur la base d’un jeu de données historiques d’Arvalis - Institut du végétal sur la région Bourgogne Franche-Comté et Alsace, les résultats obtenus à l’issue de la campagne 2022-2023 se caractérisent par :

- Un nombre d’épis/m² supérieur à la moyenne surtout en sols profonds.
- Un nombre de grains/épi dans la moyenne.
- En conséquence, le nombre de grains/m² est supérieur à la moyenne d’autant plus que le nombre d’épis est élevé en fonction de la réserve hydrique du sol.
- Un poids de mille grains (PMG) contraint par des conditions de fin de remplissage défavorables, les valeurs sont inférieures de -10 % en Plaine à -30 % sur les Plateaux par rapport aux moyennes pluriannuelles.
- In fine, les rendements sont légèrement supérieurs à la moyenne des 5 dernières années surtout en sol profond qui ont moins souffert de la fin de cycle stressante.
- Les teneurs en protéines sont élevés (≈ 12 %).
- Les PS sont modestes en lien avec le dessèchement rapide des grains en fin de cycle et les orages localisés post-maturité des blés.

Les premier résultats de variétés de blé tendre

Du côté des maladies, la septoriose a fait son grand retour. Les averses fréquentes du printemps ont particulièrement favorisé son développement. (Crédit photo : Arvalis).