Vaccination des blaireaux
Une expérimentation, mais pas en Côte-d'Or

AG
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Le ministère de l’Agriculture lance une expérimentation pour vacciner les blaireaux et limiter les risques des contaminations de la tuberculose bovine. Les tests ont débuté en Nouvelle-Aquitaine. La Côte-d’Or, elle, devra patienter au moins trois ans.

Une expérimentation, mais pas en Côte-d'Or
Les vaccins injectables donnent de bons résultats en Angleterre. En Côte-d'Or, des tests par voie orale n'avaient pas été concluants il y a trois ans.

Mi-figue, mi-raisin : la réaction de Jean-Luc Chevalier, président du GDS de Côte-d’Or, est assez mitigée à la lecture du communiqué du ministère de l’Agriculture daté du 5 avril, annonçant le lancement d’une expérimentation de vaccination des blaireaux pour lutter contre la tuberculose bovine. « Sur le fond, c’est une très bonne chose, la profession militait pour un dispositif de ce type depuis plusieurs années. Mais je suis particulièrement déçu que ces travaux ne soient menés chez nous, en Côte-d’Or, alors que nous nous étions positionnés sur ce dossier en envoyant notre propre candidature ».

La mort ou un BCG

La région Nouvelle-Aquitaine (plus particulièrement le département de la Dordogne qui enregistre bon nombre de foyers) accueille cette expérimentation pendant trois ans. À la fin de cette période, le dispositif pourra être étendu « à l’ensemble des zones contaminées », comme l’indique ce même communiqué. En pratique, les blaireaux piégés dans des cages font l’objet d’un test de dépistage sérologique par prise de sang : les positifs sont aussitôt éliminés, les négatifs sont vaccinés avec le vaccin bilié de Calmette et Guérin (BCG, le même vaccin utilisé en santé publique humaine). Ces travaux sont coordonnés par l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Patienter et piéger

Jean-Luc Chevalier invite les Côte-d’oriens à « prendre leur mal en patience » et « patienter », tout en continuant de piéger des blaireaux dans la zone « historique » : « cette vaccination nous aurait permis d’avancer plus rapidement, c’est certain. Cette pratique semble déjà faire ses preuves en Angleterre, il y a de quoi être optimiste. Cela limitera les risques de diffusion de la maladie et de contaminations des bovins. Oui, en attendant, nous allons continuer le piégeage pour réguler la population de ces animaux vecteurs de la maladie ». Le président du GDS rappelle qu’une vaccination orale avait déjà fait l’objet de tests dans le département : « ils n’avaient malheureusement pas été concluants. Nous avions logiquement abandonné cette piste ».

Des moyens à trouver

Cette expérimentation, accompagnée d’une enveloppe de 250 000 euros, vise à évaluer ses différents coûts et la logistique nécessaire pour la mener à bien. Cette phase de test permettra d’anticiper les futures opérations à l’échelle nationale. Dans tous les cas, d’importants moyens devront être mis en place, comme l’indique Gilles Rabu, technicien au GDS21 : « l’opération est très gourmande en main-d’œuvre, des louvetiers et piégeurs seront réquisitionnés. Cette vaccination injectable est pour moi prometteuse, le jeu en vaut la chandelle : elle permettra d’agir sur le vecteur faune sauvage. Comme tout vaccin, l’idée sera de réduire les symptômes de l’animal qui tombera malade : ses excrétions seront limitées, tout comme la probabilité de contaminer ses congénères. Le risque zéro n’existe jamais, un peu comme le Covid… ».