Innovation
Une application pour alerter les agriculteurs sur différentes dangers
Incubé au pôle Agrotech de Willems, près de Lille, Patrick Waelkens a lancé Gali Net. Cette application permet aux professionnels du monde agricole de lancer des alertes en cas de danger pour la production ou le matériel. Rencontre avec le créateur de cette sentinelle des temps modernes.
Foyer de pucerons, attaque d’altises, rouille dans une parcelle, intrusion ou vol de matériel à la ferme… Et s’il était possible de renseigner toutes ces menaces sur une seule et même carte, afin qu’elles soient connues de tous ? C’est l’idée de Patrick Waelkens, entrepreneur en incubation au pôle Agrotech de Willems (59), qui a lancé, en novembre dernier, son application : Gali Net. Créé sur le même principe que l’application GPS Waze — « Pas dans le sens où il y a un itinéraire à suivre, mais pour la possibilité de poster une alerte en cas d’accident ou contrôle de police » —, l’application permet de déposer de façon très simple, gratuite et sans s’identifier au préalable, des alertes à destination des professionnels du monde agricole. Six alertes différentes sont proposées : maladies sur culture, maladie sur élevage, ravageurs, animaux, météo et humains (vols de GPS, contrôles, problèmes de pollution…). En cliquant sur l’icône de l’alerte, on accède à plus d’informations : date, état de gravité, photos le cas échéant, distance par rapport à la localisation de celui qui regarde, et à la possibilité de la partager sur les réseaux sociaux.
« Créer une communauté »
« L’alerte est localisée en fonction du lieu précis où l’on se trouve quand on la poste, explique Patrick Waelkens. L’application permet de partager les problèmes qu’on rencontre dans son quotidien, pour prévenir les autres utilisateurs. Dès qu’une alerte a été postée, la communauté peut immédiatement la visualiser sur la carte. Le but est de créer une communauté au niveau local. L’appli est intuitive, simple à utiliser. La seule contrainte, c’est qu’il faut posséder un smartphone ». Cela fait deux ans que Patrick Waelkens travaille sur ce projet. Il est entré en incubation au pôle pour start-up Agrotech de Willems début 2020. À la fin de l’année, sa société Polymetis technologies était créée. « J’ai pu avoir accès à un riche réseau de partenaires, même si le Covid a un peu ralenti les choses », reconnaît-il. Une première version de son application, humoristiquement baptisée Gali Net, est mise en ligne courant novembre 2021 sur l’Appstore et le Playstore (les interfaces de téléchargement des IPhone et des smartphones Androïd). Quant à son business model : « Passer et consulter des alertes restera gratuit pour les agriculteurs », promet-il. C’est plutôt à un réseau de partenaires qu’il pense pour monétiser ses services : dans une prochaine version, l’onglet « Besoin de conseils » proposera de mettre en relation le lanceur d’alerte avec des professionnels du territoire qui pourraient l’aider, ainsi que l’accès à un forum.
Retour aux racines agricoles
Avant de retrouver ses racines en se tournant vers le monde agricole, ce petit-fils d’agriculteurs belges, originaire de la région de Mouscron, a répondu à l’appel de l’Orient. En 1999, ce passionné d’arts martiaux et de bouddhisme s’envole pour l’Asie. Il y reste onze ans, dont 10 en Chine. En 2017, à son retour avec sa femme et ses deux filles nées là-bas, il prend la tête de la filiale française d’une marque allemande d’arracheuses de betteraves. « En Asie, j’avais perdu ce contact avec la campagne, se souvient-il. Ça a été un bonheur pour moi de retrouver le monde agricole. C’est un univers où il n’y a pas qu’une logique financière et mathématique, comme l’automobile où je travaillais auparavant. Il y a beaucoup de sentiments et d’affectif en jeu, et une vraie fidélité de la part des clients ». Un nouveau poste qui l’inspire à un autre niveau. « C’est en allant visiter les clients utilisateurs dans leurs fermes que je me suis rendu compte qu’ils n’avaient souvent pas connaissance des problèmes situés autour de chez eux. C’est là que j’ai eu l’idée de développer un outil simple pour permettre aux agriculteurs de partager des alertes ». Et de conclure : « L’intérêt principal à un niveau un peu macro, c’est que cela peut permettre, par exemple, de constater l’émergence de foyers épidémiques, comme avec l’influenza aviaire ou la peste porcine. Il s’agit de visualiser les problèmes en temps réel pour mieux les prévenir ».
