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La question de la cohabitation entre les ruraux et les néo-ruraux

Christopher Levé
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L’assemblée générale des Jeunes agriculteurs de l’Yonne s’est tenue le mardi 15 mars, au lycée agricole d’Auxerre La Brosse. Une assemblée générale où la thématique centrale était la gestion de la cohabitation entre les ruraux et les néoruraux.

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Avant leur assemblée générale, les Jeunes agriculteurs de l'Yonne se sont réunis le matin même pour une partie statutaire où le nouveau conseil d'administration a été élu. Celui-ci élira le bureau et le nouveau président du syndicat, dans les prochaines semaines.

Lors de l’assemblée générale des Jeunes agriculteurs de l’Yonne du mardi 15 mars, le choix de la thématique s’est porté sur la cohabitation entre les ruraux et les néoruraux. Bien plus qu’une question de cohabitation, Maxime Boucher, président des JA de l’Yonne, parle d’un « conflit ». « C’est quelque chose que l’on vit de plus en plus en tant qu’agriculteur où l’on voit des projets bloqués ou soumis à des interventions de personnes nouvellement arrivées. Certaines concrétisations de projets sont très compliquées. Des projets doivent parfois être abandonnés », confit-il. « C’est quelque chose de malheureux car il faut que des jeunes agriculteurs puissent s’installer dès demain. Et pour ce faire, il faut pouvoir diversifier les exploitations et donc que des projets se fassent. Si ces projets sont bloqués, on ne pourra jamais faire évoluer l’agriculture de notre territoire ».

Les années se suivent et se ressemblent

L’assemblée générale était aussi l’occasion de faire un bilan de l’année 2021. Avec un nouveau constat d’une agriculture rendue compliquée par les aléas climatiques. « Le gel a été destructeur en arboriculture, viticulture et apiculture, mettant des exploitations en péril. Il faut espérer que la nouvelle réforme sur les aléas climatiques sera à la hauteur de nos espérances », poursuit Maxime Boucher.
L’année 2021 a aussi été marquée par l’arrivée de contraintes supplémentaires, « avec les ZNT, la future mise en place d’une surveillance hebdomadaire par satellite, ou la mise en place d’un référent bien-être élevage ». Là encore, le schéma se répète.
Le président des JA de l’Yonne a également mis l’accent sur un marché qu’il qualifie de « très volatile », ne respectant plus « les fondamentaux ». « On nous dit que les prix en grandes cultures ont doublé. Sauf que les charges, comme les engrais, ont été multipliées par quatre. Pour l’élevage allaitant par exemple, l’aliment a été multiplié par deux alors que le prix de la viande au kilo n’a pris que 1 euro. Cela ne peut pas tenir sur le long terme. Des solutions existent aujourd’hui : la contractualisation bovine, la loi Égalim 2. Des bonnes idées, mais encore faut-il les appliquer et punir ceux qui ne les respectent pas », réagit Maxime Boucher. « Nous avons besoin d’une vision forte de l’agriculture française par l’État et l’Union européenne. Les crises actuelles (covid-19 et Ukraine) remettront, espérons-le, au centre des discussions de nos politiques, la souverainement alimentaire et énergétique du pays ».

À noter : lors de leur assemblée générale, les JA de l’Yonne ont annoncé le retour de la fête de l’agriculture en 2022. Celle-ci aura lieu le week-end du 27 et 28 août, à Fontaines, organisée par les jeunes agriculteurs du canton de Toucy.

Le mot d'Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de l'Yonne, sur la réforme de la PAC

Lors de l’assemblée générale des Jeunes agriculteurs de l’Yonne, des questions sur la réforme de la PAC ont été soulevées. Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, a donné quelques éléments de réponse. « Par rapport aux différentes réformes que l’on a connues depuis 1992, c’est la première sur laquelle nos zones dites intermédiaires seront moins impactées. Il n’y aura pas de baisse, comme on a pu l’avoir lors des précédentes réformes (d’environ 10 % à chaque fois), des aides. Aujourd’hui, la prise en compte de ces zones intermédiaires est un peu un rééquilibrage qui a été décidé au niveau national. On ne parle pas non plus d’augmentation des aides mais de stabilité. Aussi, il va y avoir la mise en place d’une MAE (mesure agro-environnementale) zones intermédiaires qui est en train de se caler au niveau de la Draaf (direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) avec une enveloppe de 30 millions d’euros fléchée par le ministre de l’agriculture. Sur cette enveloppe de 30 millions d’euros, il y a 9 millions d’euros qui reviennent à la Bourgogne Franche-Comté. Lorsque l’on parle de zones intermédiaires dans la région, la plupart sont situées dans le sud de l’Yonne, le nord de la Côte-d’Or et une partie de la Haute-Saône ».