Chambre d'agriculture
PLOA, filière bio, agrivoltaïsme... Le point avec Arnaud Delestre sur les grands sujets actuels

Christopher Levé
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À l'occasion de ses vœux à la presse, Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de l'Yonne, a fait le point sur les grands sujets, parfois avec inquiétude, qui font et feront l'actualité agricole de cette nouvelle année 2024, comme le PLOA, la filière bio et l'agrivoltaïsme. 

Chambre
Arnaud Delestre a présenté ses voeux à la presse, le lundi 15 janvier.

Comme chaque début d’année, Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, a présenté ses vœux à la presse. Un moment durant lequel ce dernier fait le point sur les sujets qui alimentent et alimenteront l’actualité agricole de 2024.
À commencer par le PLOA, le projet de loi et du pacte d’orientation agricole. « On a participé, surtout au niveau régional, à trois ateliers définis par le ministère de l’Agriculture : sur l’orientation et la formation, sur l’installation, et sur le changement climatique », liste Arnaud Delestre.
Concernant le premier point, l’orientation et la formation, l’objectif est de réfléchir à comment faire venir des jeunes dans les milieux de l’agriculture. « Des premières annonces commencent à aller dans ce sens, comme le fait que désormais, tous les élèves de primaire devront aller visiter une exploitation à un moment donné, dans leur parcours scolaire. Ce sera le cas partout en France, c’est un engagement de l’État, en partenariat avec l’éducation nationale », indique-t-il.
Dans l’Yonne, la sensibilisation aux différents métiers de l’agriculture n’est pas une nouveauté. Un travail a été fait et se poursuit, avec le préfet, pour faire la promotion de ces métiers aux collégiens, afin de leur ouvrir des portes lors de leurs stages de troisième.
Sur l’installation, qui est le dossier principal au niveau national, le renouvellement des générations est une priorité. « On a une perte de 100 000 agriculteurs en France sur les dix dernières années, il faut donc absolument aller chercher des forces vives en dehors du vivier habituel qui sont les enfants d’agriculteurs », assure le président.
Pour favoriser cela, un guichet unique pour accueillir les jeunes qui ont un projet sera mis en place, géré par les Chambres d’agriculture. « Dans l’Yonne, on a entre 150 et 200 porteurs de projets qui frappent à la porte de la Chambre tous les ans ». Si cela n’est encore pas suffisant pour compenser les départs (la moyenne est d’une arrivée pour trois départs dans le département), ce système a vocation à encore mieux aiguiller les porteurs de projets dans leur quête d’installation.
Enfin, sur le changement climatique, pour Arnaud Delestre, « l’adaptation au changement climatique doit faire partie du parcours du jeune agriculteur qui va s’installer. Il doit avoir une idée de la résilience de son type d’exploitation, de comment est-ce qu’il peut anticiper les choses, comment il peut se diversifier, d’anticiper les années où il y aura un manque d’eau… », ceci dans le but de préparer au mieux ceux qui s’installent. Car le changement climatique est une réalité d’aujourd’hui et de demain.

La filière bio en souffrance

Arnaud Delestre, qui a officiellement annoncé sa candidature aux prochaines élections de la Chambre d’agriculture (elles auront lieu fin janvier 2025) a cette occasion, a aussi parlé de la situation de la filière bio, « qui souffre énormément » et qui est « dans une impasse ». « Personnellement, je ne vois pas quelle va être la solution à moyen terme. Les marchés sont engorgés, il y a une surproduction, les consommateurs n’en achètent plus. Est-ce qu’il y a un effet grande distribution ? Je n’en suis pas persuadé. Je pense plutôt que les gens se sont détournés du bio pour aller sur du local. On le voit dans les supermarchés les rayons dédiés au bio ont été remplacés par des rayons de produits locaux », constate-t-il.
Si aujourd’hui la Chambre d’agriculture icaunaise ne reçoit que très peu de demande de conversion en bio, Arnaud Delestre rappelle « qu’il y a encore peu de temps, on a vu les exploitations en AB être multiplié par dix ». Alors, mauvaise passade ou fin cycle pour une filière pourtant si vertueuse il y a encore quelques mois ?

Le point sur l’agrivoltaïsme

Autre point abordé, celui de l’agrivoltaïsme et du photovoltaïsme au sol. Désormais, la loi APER (relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables) est promulguée, avec des décrets sont sorties en ce début d’année. « La Chambre d’agriculture avait déjà un positionnement professionnel depuis 2019 sur le photovoltaïsme au sol. On est en train de le revoir avec l’ensemble des syndicats agricoles pour essayer de voir si on peut trouver un positionnement pour installer de l’agrivoltaïsme, c’est-à-dire qui concilie la production agricole avec les panneaux photovoltaïques », continue Arnaud Delestre. « C’est un enjeu pour le monde agricole. Au niveau national, une doctrine a été mise en place par Chambres d’agriculture France qui doit se décliner dans les départements ». Actuellement, dans l’Yonne, 1 600 ha de projets sont en cours de traitement par les services de la DDT.
« Dans le même temps, le photovoltaïsme au sol va être permis sur des zones de terres incultes, c’est-à-dire une terre qui n’est pas à la Pac depuis dix ans, un ancien centre d’enfouissement, une ancienne carrière, d’anciens terrains militaires… La Chambre doit participer dans l’année à l’élaboration d’un document cadre définissant les terres incultes au niveau du département. L’idée à travers cela est de préserver les terres agricoles et d’utiliser ces terres pour installer des panneaux solaires ».
Cette année 2024 est enfin marquée par un anniversaire, celui des 100 ans des Chambres d’agriculture, créées par un décret du 3 janvier 1924 (un article sera prochainement dédié à ce sujet). « Le but a toujours été d’accompagner les agriculteurs dans les transitions, même si celles de 1924 n’étaient pas les mêmes que celles d’aujourd’hui », rit Arnaud Delestre.