Bâtiment
Comment se rapprocher des conditions du plein air dans un bâtiment d'élevage

Berty Robert
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Même si les conditions climatiques actuelles ont tendance à nous le faire oublier, nous sortons d’un printemps et d’un été qui ont été très chauds et donc éprouvant pour les animaux d’élevage. Lors du dernier Sommet de l’Élevage, une conférence portait sur les possibilités de créer les conditions du plein air tout en laissant les animaux à l’abri d’un bâtiment.

Comment se rapprocher des conditions du plein air dans un bâtiment d'élevage
Le changement climatique oblige à repenser la ventilation des bâtiments d'élevage. (Crédit L. Vimond)

Le changement climatique aidant, les élevages sont de plus en plus confrontés à cette difficile équation : laisser les animaux pâturer le plus longtemps possible en extérieur, mais sans pour autant que l’exposition à un ensoleillement excessif devienne contre-productive. On sait que, confrontés à de fortes chaleurs, les bovins, les ovins ou les caprins produisent moins de lait, perdent de l’appétit, et du poids. Face à une réalité en passe de devenir la normalité se pose donc clairement la question du compromis : laisser les animaux en bâtiment pour les protéger des fortes chaleurs mais faire en sorte que ces bâtiments soient ouverts au maximum pour laisser circuler l’air et assurer des températures plus supportables.

Retrouver une qualité d’air proche de l’extérieur

Cette thématique était au cœur d’une conférence organisée lors du dernier Sommet de l’Élevage, à Cournon-d’Auvergne. Pour l’aborder, le salon avait sollicité Tanguy Morel, de l’institut de l’Élevage (Idele), spécialisé dans les bâtiments abritant des bovins. Il faisait d’abord un constat : en France, les tailles d’élevages sont de plus en plus importantes et davantage d’animaux sont présents dans les bâtiments en périodes chaudes. « Il y a, précisait-il, un vrai risque de stagnation de l’air vicié en partie basse des bâtiments. En été, on a plus de mal à renouveler l’air au niveau des animaux. L’objectif, c’est d’offrir aux animaux une qualité de l’air intérieur proche de celle de l’air extérieur ». Pour ce spécialiste, il est impératif d’augmenter « les flux d’air dans les bâtiments, en été mais aussi en hiver, tout en évitant les courants d’air froid, mauvais pour les animaux ». Il existe aujourd’hui des constructions sur lesquelles on peut faire varier les ouvertures, avec des systèmes de rideaux ou de guillotines, quitte, parfois, à devoir accepter moins de confort pour les personnes appelées à y travailler. « En hiver, poursuit Tanguy Morel, il sera préférable d’avoir des ouvertures plutôt sur le haut du bâtiment alors qu’en été, ouvrir la partie basse permet de ventiler les animaux ». Avoir un pilotage différencié des ouvertures en hiver et en été paraît en tout cas une solution de plus en plus souhaitable. C’est techniquement possible en connectant les systèmes d’ouverture à des stations météo, l’idéal étant de disposer d’un système d’ouverture pilotable façade par façade.

Ouvertures pilotées

La nouveauté, aujourd’hui, c’est qu’on envisage de plus en plus d’ouvrir les bâtiments sur leurs quatre côtés, et non plus seulement sur deux car cela contribue à guider l’air de manière plus étroite, et donc à créer du courant d’air excessif pour les animaux. L’ouverture sur les quatre faces assure aussi un vrai confort visuel de travail pour l’éleveur, elle réduit la présence des mouches, ce qui contribue à calmer les animaux. Il faut, par ailleurs, au moment de la conception du bâtiment, bien prendre en compte son orientation, réfléchir aux côtés sur lesquels on doit se protéger de la pluie, du vent ou du soleil. Quelles que soient les ouvertures, le spécialiste de l’Idele rappelle l’importance d’éloigner le couchage des animaux de ces ouvertures, afin que le courant d’air se « brise » avant d’arriver sur eux. On peut aussi instaurer un rythme où les animaux pâturent de nuit et restent au bâtiment le jour. On l’aura compris : la vocation des bâtiments d’élevage va devoir, elle aussi, prendre en compte les effets du changement climatique.