Gestion des risques sanitaires
Penser au plus simple

Chloé Monget
-

Après les premiers articles en matière de gestion des risques sanitaires, le Gaec de Clairefontaine (Garchizy) partage à son tour son expérience en la matière.

Penser au plus simple
Éric et Rémi Thibaudat sont les deux associés du Gaec de Clairefontaine.

Éric et Rémi Thibaudat sont à la tête de 120 vaches Charolaises (non inscrites) et de 308 ha environ (dont 140 ha de prairies naturelles, 20 ha de prairies temporaires – luzerne, trèfle violet, ray-grass, méteil - et de 140 ha de cultures – triticale, blé, orge, colza tournesol en sec).

Pour eux, les premières actions limitant les maladies sont le dépistage et la vaccination. « L’exploitation fait partie des pilotes pour la BVD. Cet outil est utile pour se positionner rapidement dans la gestion de son cheptel. En parallèle, nous vaccinons contre la FCO et les diarrhées néonatales (Fencovis). Le préventif évite les dépenses d’argent et de temps tout en s’épargnant de voir ses animaux dépérir…». Pour les animaux achetés à l’extérieur ils stipulent : « nous faisons une quarantaine en stabule par précaution ». Dans la même veine de prévention, ils nettoient les bâtiments toutes les cinq semaines environ : « les animaux sont dans un environnement propre et nous aussi ; c’est plus agréable de travailler ainsi ». Au fil du temps, ils précisent que leurs pratiques évoluent. « Nous avons modifié les apports de minéraux avec un ajustement réalisé tous les ans suite aux résultats d’analyses des fourrages et de l’eau des puits. Cela permet d’avoir des rations parfaitement adaptées. Depuis la mise en place de ce fonctionnement, il y a trois ans environ, nous constatons moins de perte de veaux et moins de problèmes de remplissage ».

Partager pour avancer

En parallèle, ils pointent : « il est important de discuter en toute transparence avec ses voisins. En effet, il faut partager ses problèmes afin que ceux qui nous entourent puissent prendre des mesures préventives, en plus de celles que l’on met soi-même en place. La diffusion de l’information est un des éléments pour éviter les propagations ». Sur ce point, ils évoquent un souci sur un lot positionné en lisière de forêt depuis 2023 : « nous notons des problèmes sur les génisses mises à cet endroit. En parlant avec d’autres exploitants ayant des terres en limite des Bertranges, nous nous sommes aperçus qu’eux aussi avaient les mêmes déconvenues. Nous avons réalisé des analyses de sang et sommes en attente des résultats. Si nous n’avions pas échangé avec nos collègues, nous n’aurions pas forcément eu l’idée de faire cela ».

Modifications en prévision

Enfin, les associés constatent que « les intervenants n’ont pas forcément le temps de changer ou de nettoyer leurs chaussures entre deux interventions d’une exploitation à une autre. En leur proposant une paire, cela permettrait d’éviter l’importation ou l’exportation de pathogènes. Nous pensons aussi mettre en place un pédiluve, mais pour qu'il soit efficace il faut changer l’eau à chaque utilisation… Pour l’instant, cela nous semble compliqué à gérer ». Ils rappellent : « dans notre quotidien, nous ne partons jamais de la stabule sans les bottes lavées ». Pour eux, si certaines précautions sont donc difficiles à instaurer, d’autres doivent être démocratisées. « Il est dommage que les précautions prises dans les élevages de porcs ou de volailles ne soient pas appliquées pour les élevages bovins. En effet, dans les premiers, les visiteurs savent qu’il est interdit de rentrer dans les bâtiments, même pour chercher l’exploitant. A contrario, dans une exploitation bovine, il n’est pas rare de voir techniciens et autres intervenants se balader pour trouver leur interlocuteur… Même si les bovins sont relativement moins fragiles, ils n’en restent pas moins des animaux susceptibles de contracter des maladies. Il serait bon que chacun prenne la mesure des risques, et ce à pied comme en voiture». Dans cette optique, ils envisagent l’installation de panneaux d’interdiction d’entrée et d’un fléchage vers un parking spécifique : « Nous nous garons déjà tous les deux au même endroit, il n’y a pas de raison que les visiteurs ne fassent pas pareil ». Ils concluent : « un rien peut avoir de terribles conséquences pour un élevage, alors autant faire attention aux choses simples, car c’est souvent elles que l’on oublie en premier ».

(1) Voir TDB respectivement : n° 1772, 1774 et 1779.

Gestion des contacts entre troupeaux

La transmission des maladies peut se faire par contacts directs entre les animaux, mais également par contacts indirects par le biais de l’eau d’abreuvement ou l’aliment. Les contacts peuvent avoir lieu lors de mélange d’ateliers d’espèces différentes. Dans la mesure du possible il est préférable d’avoir du matériel spécifique à chaque atelier, ou sinon nettoyer et désinfecter le matériel partagé entre les différents ateliers. Au pâturage, des contacts directs entre troupeaux peuvent se produire. Il est préférable de ne pas mélanger les animaux issus de différents élevages sur une même parcelle. Les contacts entre des animaux de voisins de pâture peuvent être limités par la mise en place de doubles clôtures ou de haies séparatrices instaurant une distance d’au moins 1m50 entre les parcelles. Un autre moyen de limiter les contacts est la mise en place du pâturage alterné, de manière que les animaux ne pâturent pas côte à côte au même moment. Cette pratique nécessite la bonne entente et une coordination entre les voisins. Des contacts indirects peuvent se produire dans le cas de points d’abreuvements communs entre plusieurs troupeaux, ou dans le cas d’abreuvements directs dans un point d’eau naturel sans aménagement et accessible pour la faune sauvage. Enfin, les contacts peuvent se produire lors des manifestations et des salons. Dans le cas de retours d’animaux, ces derniers doivent être isolés. (Encadré réalisé par le GDS 58)