Faune sauvage
Les yeux salvateurs des hautes herbes

Berty Robert
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L’association « Sauvons les Faons » travaille avec les agriculteurs pour épargner ces animaux lors de la fauche d’un champ. Elle fait appel à des dronistes pour les repérer. De nombreux pilotes sont impliqués dans ces opérations. L’association recherche aujourd’hui des mécènes qui permettraient au moins d’indemniser ces bénévoles essentiels, en prenant en charge une partie de leurs frais de déplacement.

Les yeux salvateurs des hautes herbes
Le drone est le moyen idéal pour repérer les faons sans les effrayer, dans des champs prêts à être fauchés.

Sur la vidéo, on voit d’abord un champ rempli d’herbes hautes, puis la caméra zoome et l’on aperçoit une biche. Encore un coup de zoom, et sous cette biche apparaissent les petites taches blanches typiques du pelage d’un faon : prise d’un drone, l’image se stabilise, montrant une biche vigilante protégeant son petit. Alain Raeth a rempli sa mission, une fois de plus : détecter la présence d’un faon dans ce champ qui sera bientôt fauché. Le repérage par drone va permettre de signaler visuellement la présence du petit à l’agriculteur qui pourra ainsi travailler sans risque de tuer l’animal. Alain Raeth est droniste professionnel. Il a fondé l’entreprise « Drone 21 Bourgogne » il y a quelques années à Brognon, au nord-est de Dijon. Mais dans le cas qui nous occupe, il agit en tant que bénévole pour l’association « Sauvons les faons ».

Période sensible

Voilà un peu plus de deux ans qu’il a décidé de mettre ses compétences au service de cette cause de protection animalière. La période actuelle est la plus sensible pour l’association : c’est là que les faons naissent et sont les plus vulnérables, masqués dans les hautes herbes et invisibles pour les agriculteurs aux commandes de leurs engins de fauche. Si la mère du faon peut prendre la fuite lorsqu’elle entend l’engin, ce n’est pas toujours le cas du petit, parfois âgé de quelques heures ou quelques jours et pas encore capable de se sauver face au danger. De plus en plus d’agriculteurs, conscients du problème, font appel à « Sauvons les Faons » afin que l’association mène une opération de repérage préventif sur un champ prêt à être fauché. « En plus, souligne Alain Raeth, on constate depuis quelques années que cette période des naissances a tendance à se décaler. Elles interviennent parfois mi-avril, ce qui est tôt. Par ailleurs, cette année, les cultures aussi sont en avance, ce qui signifie que les périodes de fauches vont devoir démarrer plus tôt… » Face à cette situation, on peut penser que les pluies très abondantes de ces dernières semaines ont permis de retarder un peu ces travaux agricoles. Néanmoins, l’urgence reste de mise.

Caméra thermique

Le drone qu’Alain Raeth utilise dans le cadre de ses missions de repérage préventif est équipé d’une caméra thermique. C’est le moyen le plus efficace pour détecter un animal qui, par nature, se fond presque totalement dans le paysage. « Lorsqu’on intervient pour un repérage, explique-t-il, après avoir été sollicité par un agriculteur qui nous aura contactés sur le site www.sauvonslesfaons.org, on travaille au lever du jour, parce que c’est à ce moment que la différence de température entre le gibier et la caméra thermique est la plus importante. L’animal sera, de ce fait, plus visible ». Une fois sur la parcelle concernée, le droniste place son appareil à une altitude d’environ 40 mètres et survole le champ selon une trajectoire qui permet de quadriller la surface. L’agriculteur qui travaille le champ se trouve à ses côtés : « Moi, précise Alain Raeth, je reste en bord de parcelle, mais lorsque je repère un faon, j’envoie des personnes que je dirige vers l’endroit où est l’animal. Le drone reste en stationnaire au-dessus de lui. La personne dans le champ va alors poser sur le faon, s’il est resté sans bouger comme c’est souvent le cas, une petite caisse qui va le protéger, et surmontée d’un piquet qui va signaler à l’agriculteur l’endroit où se trouve l’animal. Il pourra ainsi le contourner et laisser un peu d’herbes hautes autour du faon. On ne touche surtout pas le faon, pour ne pas mettre notre odeur sur lui, ce qui le condamnerait à mort ». Une fois que l’agriculteur a fauché, il peut retirer la caisse, pour que la mère revienne et que le petit ne soit pas bloqué. Au-delà de ce rôle très important de sauvegarde de la vie des faons, les interventions des dronistes bénévoles permettent aussi de pointer, de manière plus globale, la faune sauvage qui se trouve dans les champs observés : des relevés sont établis systématiquement, qui permettent d’accumuler des données et d’assurer un certain suivi des populations.

En quête de mécènes

Pour assurer leurs missions préventives, les dronistes tels qu’Alain Raeth doivent parfois se déplacer sur un périmètre géographique assez large : « Je suis déjà allé du côté de Morteau, dans le Doubs, ou Autun, en Saône-et-Loire. C’est de la distance et du temps ! On essaye d’optimiser au maximum les déplacements, en favorisant les zones où l’on sait qu’il y a des faons et en jouant sur le réseau de dronistes dont l’association dispose, partout en France ». C’est pourquoi, aujourd’hui, l’association « Sauvons les Faons » est en recherche de mécènes (1) ce qui lui permettrait de dédommager ces dronistes bénévoles pour les frais de carburants entraînés par les déplacements qu’ils sont amenés à faire. Sachez que si vous faites un don, en tant que particulier, cela vous ouvre le droit à une déduction fiscale égale à 66 % du montant de votre don, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. Et si vous êtes une entreprise, vos versements vous donneront accès à une réduction d’impôt sur les sociétés de 60 % du montant de ces versements, plafonnée à 20 000 euros ou 5 ‰ (5 pour mille) du chiffre d’affaires annuel hors taxe de l’entreprise. Alors aidez-les à avoir la vue perçante et salvatrice dans les hautes herbes !

Note : (1) Pour soutenir l’association « Sauvons les Faons », rendez-vous sur le site www.sauvonslesfaons.org et cliquez sur l’onglet « Faire un don » en bas de la page d’accueil.

Vérificateur de panneaux photovoltaïques

Dans son activité professionnelle de droniste, Alain Raeth travaille assez régulièrement avec le monde agricole, notamment pour des missions de vérification du fonctionnement de panneaux photovoltaïques sur les toits. Sa caméra thermique permet de visualiser si certains panneaux sont défectueux.