Élevage laitier
Mieux vaut tard que jamais

AG
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Régis Neugnot a rejoint la ferme familiale après de nombreuses expériences professionnelles.

Mieux vaut tard que jamais
L'éleveur de 38 ans s'est installé en début d'année à Genay, près de Semur-en-Auxois.

« Ne t’installe pas tout de suite, va voir un maximum de choses avant de revenir » : ce genre de conseils va parfois bon train dans les familles agricoles. Régis Neugnot a suivi ce chemin, mais en écoutant sa propre intuition. « L’idée était de toucher à tout ce qui m’attirait, avec un double objectif de formation et d’ouverture d’esprit. Aussi et surtout, je voulais être sûr de m’installer au bon moment sur la ferme », confie le jeune Côte-d’orien. Celui-ci a multiplié les contrats professionnels après un Bac STAE à Quetigny et un BTS productions animales à Dannemarie. Son parcours est aujourd’hui aussi riche que varié, malgré ses 38 ans : « j’ai tout d’abord travaillé à CER France en tant qu’assistant comptable, j’ai ensuite rejoint Néolait avec une mission de technico-commercial. Durant de plus courtes durées, j’ai travaillé dans plusieurs fermes mais aussi dans le bâtiment, en charpente, en couverture ou encore en maçonnerie. En 2008, j’ai tenté l’Enesad, l’école d’ingénieur agronome à Dijon, désormais nommée l’Institut Agro, mais j’ai arrêté au bout d’un an : en effet, j’étais sorti du milieu scolaire depuis trop longtemps pour aller au bout ! ».

« La passion l’a emporté »

Régis Neugnot a ensuite rejoint Côte-d’Or Conseil Élevage (aujourd’hui Alysé) en tant que conseiller traite pendant quatre ans. Une autre expérience s’est ajoutée sur son CV avec le Service de remplacement Côte-d’Or. Entre-temps, l’habitant du village de Genay a effectué deux saisons d’alpage en Suisse et en Savoie… « En 2019, mon père se posait de plus en plus la question de la retraite. De mon côté, l’envie de revenir sur la ferme se faisait ressentir. Le moment était venu ! J’ai commencé par le statut de salarié. Depuis le 1er janvier dernier, je remplace mon père à la tête de l’exploitation. Oui, j’ai mis du temps, presque 15 ans ! J’ai toujours eu des doutes sur ma capacité et mon envie de m’installer, mais la passion l’a finalement emporté, j’ai l’élevage dans le sang… ».

En phase de transition

Pierre Neugnot, le père de Régis, continue de travailler sur l’exploitation. « Mon installation est toute fraîche et je compte encore sur lui pour m’épauler. Nous sommes en mode transition ! », souligne le jeune chef d’exploitation, qui profite de l’occasion pour présenter sa ferme : « le troupeau est composé de 85 vaches laitières, des Prim’Holstein mais avec aussi une dizaine de Jersiaises. La production s’élève aux environs de 8 000 litres par vache et par an. Nous ne sommes pas sur un système très productif, nous travaillons beaucoup avec du pâturage local et avec de la luzerne que nous achetons à des producteurs céréaliers ». La ferme est engagée dans un cahier des charges « C’est qui le Patron ? ! » depuis 2018, au plus grand plaisir de Régis Neugnot : « la CLCO et son travail sur la valorisation du lait avec la luzerne est à l’origine de ce débouché. Aujourd’hui, quatre élevages de la coopérative, dont le nôtre, sont engagés dans cette aventure. Pour ceux qui ne connaissent pas, « C’est qui le Patron ? ! » est une marque de consommateurs. Leur cahier des charges correspond à nos valeurs puisque nous travaillons sans OGM, sans huile de palme, le tout avec des fourrages locaux et, comme je l’ai dit précédemment, sans pousser nos vaches. Les bienfaits de la luzerne ont été démontrés par Vitagora. C’est une véritable aubaine d’avoir trouvé ce débouché, celui-ci nous permet de vendre 200 000 litres annuels avec une belle plus value. Au départ, notre prix de base était garanti à 39 centimes le litre, il est actuellement à 54 centimes. Les consommateurs votent eux-mêmes les augmentations de prix, ils ont été très réactifs au moment où les charges ont commencé de flamber… C’est très appréciable. Le lait, collecté par Eurial, est transformé en yaourts à Jouy, dans l’Yonne. Les produits sont ensuite écoulés dans l’agglomération dijonnaise et dans plusieurs points de vente en région parisienne. Depuis peu, des supermarchés locaux sont recherchés pour accueillir ces produits… Avis aux amateurs, le message est passé ! ».

Une fromagerie en projet

L’installation de Régis Neugnot est notamment couplée à un projet de fromagerie : « les dossiers sont en cours de rédaction. L’idée est de pouvoir transformer une partie de notre lait. Oui, tout cela va demander de la main-d’œuvre, mais je compte justement embaucher, je ne pourrai pas faire autrement ! ». Le jeune éleveur a également intégré « Les fermes de l’Auxois », un collectif d’agriculteurs venant de lancer « Les petits casiers » à Semur-en-Auxois. Ces distributeurs permettent de se procurer de bons produits frais, à toute heure : « j’ai financé moi-même un distributeur de lait à côté de ces casiers, tout est en route depuis début février. Dans mon cas, je vends actuellement entre 20 et 25 litres de lait chaque jour, mon objectif étant d’arriver à 30 litres pour être rentable. Mon but, avec ce distributeur, est aussi de me faire connaître en vue de ma future fromagerie à Genay ».