Depuis le 25 juillet, Alexandre Deroche a rejoint son père, Jean-Marie, dans l’exploitation familiale ; une installation marquant le début d’un changement « naturel ».
« J’ai toujours voulu faire ça. Je ne l’explique pas, c’est juste naturel » sourit Alexandre Deroche, 25 ans, concernant son installation. Effective le 25 juillet, elle a eu pour effet de faire évoluer l’exploitation sur de nombreux points. Parmi ces derniers, les deux associés évoquent le changement de statut.
« Nous sommes passés d’une EARL à un Gaec. Cela permet d’avoir une transparence totale notamment pour les aides, avec une simplification des démarches. En effet, si nous avions conservé l’ancien statut, nous aurions dû créer une nouvelle société, ramifiée à celle existante avec un siège social identique… En parallèle, le Gaec permet l’arrivée éventuelle d’autres associés ». Avec ce changement de statut, Alexandre et Jean-Marie en ont profité pour modifier un autre élément : le nom de l’exploitation. Sur ce point Jean-Marie stipule : « Historiquement, la ferme s’appelle l’EARL de Cognan. Avec l’arrivée d’Alexandre, et la création du Gaec, nous avions à cœur que le nom change afin de donner un nouveau souffle. Ainsi, tout naturellement, nous avons pris Deroche, qui commercialement parlant est plus connu que Cognan ». Les deux associés l’assurent : « Même si l’intitulé change, nous restons attachés à nos racines puisque la ferme existe depuis 1944 ».
Leçon de vie
Ayant vu le jour avec l’arrivée de Jean-Marie (arrière-grand-père), l’exploitation a perduré ensuite avec la reprise du grand-père, Jean-Philippe, puis celle de Jean-Marie. Ce dernier se rappelle avec émotion : « mon installation n’a pas forcément été facile au départ, et j’ai décidé de m’installer en individuel. Pour ma part, je considère qu’il faut laisser une certaine latitude aux jeunes lorsqu’ils rejoignent leurs aînés dans ce genre de structure. Il faut absolument les considérer comme des associés à part entière, en prenant en compte leurs points de vue et leurs envies de gestion ». Alexandre ajoute : « nous parlons de tout. Même si parfois nos avis divergent, nous nous retrouvons toujours sur les grandes lignes. Dans tous les cas, il est indispensable de communiquer ». Pour l’arrivée d’Alexandre, Jean-Marie insiste avec pudeur : « il n’y a rien de plus beau que de transmettre sa passion et de constater qu’il a opté pour cette vie par amour du métier. Je suis immensément heureux qu’il ait également fait le choix de travailler avec moi ».
S’adapter à tout
Alexandre rebondit : « mon installation permet d’alléger le travail quotidien de mon père. De plus, c’est une fierté de maintenir ce qui a été fait jusque-là tout en apportant une touche de modernité ». Cette dernière passe notamment par l’inscription : « Le cheptel est inscrit au contrôle de performances depuis 2012. Et, après quelques discussions, nous avons franchi le cap de l’inscription en 2021. Avec cela, nous avons modifié notre manière de travailler en gardant certains veaux, alors qu’auparavant tout partait en broutard. Cela engendre un décalage de trésorerie qui peut faire peur dans les premiers temps ». Pour Jean-Marie, cet ajustement, bien que parfois compliqué, est logique : « notre profession doit s’adapter à tout, tous les jours. Sans une volonté d’avancer inébranlable, autant faire autre chose. De plus, j’ai le sentiment que l’exploitation évolue dans le bon sens, alors pourquoi s’arrêter ? ». Ainsi, le Gaec Deroche poursuit son chemin avec l’arrivée d’Alexandre, et potentiellement celle d’un autre membre de la famille : Camille - la petite sœur. Mais, elle insiste : « je voudrais travailler ailleurs avant, même si finalement je participe déjà aux échanges pour toutes les décisions concernant l’exploitation ». Depuis 1944, l’eau à donc coulée sous les ponts, les générations se relayant pour métamorphoser cette ferme au fil du temps en accord avec un métier qui, lui aussi, évolue sans cesse.
Le Gaec Deroche
Les deux associés, Alexandre et Jean-Marie, sont aujourd'hui à la tête de 320 ha et 160 vêlages Charolais inscrits.