Environnement
La preuve par l'exemple

Chloé Monget
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Le 25 octobre, la Fédération départementale des chasseurs de la Nièvre (FDC 58) organisait une réunion de présentation d’une « ferme pilote » : le Gaec Compot (Saint-Benin-d’Azy).

La preuve par l'exemple
Hervé Compot (casquette bleue) utilise une couche épaisse de paille lors de la plantation des arbres afin de maintenir l'humidité dans le sol pour une meilleure reprise.

« La préservation du petit gibier par des aménagements spécifiques n’est pas incompatible avec l’agriculture » martèle Guy Roblin, vice-président de la Fédération des chasseurs de la Nièvre (FDC 58) à l’occasion de la réunion de présentation de la ferme pilote (Gaec Compot), le 25 octobre à Saint-Benin-d’Azy. « Le Gaec concentre le plus d’aménagements réalisés ces dernières années en la matière dans la Nièvre », souligne Guy Roblin. « Avec sa présentation, nous souhaitons inciter les autres exploitants intéressés par ces questions de préservation à nous solliciter pour les aider dans leurs dossiers ». De son côté Hervé Compot, associé du Gaec, précise : « depuis les premières modifications, je constate des influences positives sur la population de petits gibiers mais aussi pour mes cultures ».

Engagé

Avec sa volonté de devenir « terre d’accueil pour petits gibiers » Hervé Compot a obtenu l’aide de la FDC 58, via son programme « Agriculture et faune sauvage ». Ce dernier a permis de financer, avec l’éco-contribution, l’implantation de jachères, de bandes intercalaires, d’intercultures spécifiques et la rénovation de mares (une en 2022 et une autre prévue pour 2023-2024). En sus, le Plan France Relance a soutenu l’implantation de haies fruitières et mellifères (en 2021 – voir TDB n° 1682 – et poursuivit en 2023-2024). Pour l’année 2023, le Gaec Compot a continué son engagement, en implantant 5,6 ha de bandes intercalaires (sorgho millet, sarrasin, phacélie, tournesol), une parcelle d’1,5 ha de jachère (sorgho millet, sarrasin, tournesol) et deux parcelles de couverts d’intercultures (moutarde phacélie, sarrasin) de 14 ha au total. En sus, une bande de 0,8 ha de Switchgrass a été positionnée. Toujours dans une optique de préservation de la faune, le Gaec Compot a utilisé la barre d’effarouchement, mise à disposition par la FDC 58, sur environ 60 ha. Benjamin Gauthier, en charge des dossiers « Petit gibier et jachères » à la FDC 58, indique : « Cet outil a montré son utilité, mais il demande une grande précision et un terrain adéquat ».

Adaptation

Avec quelques années de recul sur certains de ces aménagements, Hervé Compot constate des changements. « Autrefois, je voyais çà et là quelques perdrix, et c’était tout. Depuis, même si la densité reste modeste, je constate le retour des lièvres, des faisans, etc. De plus, j’ai noté avoir nettement moins de limaces dans mes cultures, grâce aux bandes qui sont de véritables réservoirs d’insectes auxiliaires, comme les carabes (prédateurs de limaces) ». Si ces aménagements semblent donc être positifs, il nuance toufeois son constat. « Je suis passé d’une parcelle de 32 ha en monoculture à une parcelle découpée en trois. Cela implique donc plus de manœuvres notamment, et l’implantation de haies requiert un temps d’entretien certain. Tout n’est pas parfait, il faut simplement savoir ce que l’on veut. Pour ma part, je préfère passer plus de temps à entretenir et travailler mes parcelles si cela peut offrir un meilleur habitat aux animaux ». Si ces contraintes peuvent en rebuter certains, la FDC 58 annonce avoir de nouveaux demandeurs : « nous avons de plus en plus de sollicitations sur les deux volets : mares et haies. Au vu des annonces gouvernementales, il est l’heure de saisir cette opportunité pour magnifier nos territoires comme nous l’entendons – tout en restant dans le cadre de la réglementation ».

Choix forcé ?

En effet, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique prévoient via les 25 actions comprises dans le « Pacte en faveur de la haie (1) » (présenté le 29 septembre), « un gain net du linéaire de haies de 50 000 km d’ici 2030 » avec « une approche globale et intégrée, portant sur toutes les haies, agricoles ou non ». En préambule de ce pacte, il est également stipulé : « Les dispositions législatives et réglementaires seront également améliorées de manière à mieux faire converger les règles agricoles (y compris politique agricole commune), environnementales et urbanistiques existantes. […] Les futures règles sur la plantation et la gestion des haies seront applicables aux opérations mises en œuvre à compter du 29 septembre 2023 de manière à éviter et prévenir la destruction d’une partie du linéaire en amont de l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions ».

Note : (1) https://agriculture.gouv.fr/pacte-en-faveur-de-la-haie

Les aides accordées en 2023
La parcelle de 32 ha découpée avec les bandes intercalaires et la haie mellifère.

Les aides accordées en 2023

Financièrement, le Gaec Compot a été aidé pour la réalisation de ces aménagements. Ainsi, en 2023, pour les bandes intercalaires : 320 euros / ha / an et pour les jachères EFS et autres couverts annuels : 270 euros / ha / an (plafond de 7 ha subventionnés / exploitations du GIC).

Pour les Intercultures : 20 euros / ha / an (Plafond de 30 ha subventionnés / exploitations du GIC).

La restauration de la mare « biodiversité » s’est vue subventionnée à hauteur d’environ 2 500 euros comme pour la mise à disposition de la barre d’effarouchement.

Gic de la Sardolle
Pour faciliter le déplacement du petit gibier dans certaines cultures, Hervé Compot sème parfois un rang sur deux.

Gic de la Sardolle

Pour rappel, le Gaec Compot fait partie du Groupement d’intérêt cynégétique (Gic) de la Sardolle regroupant 6 202 ha répartis dans les communes de Saint-Benin-d’Azy, Limon et Beaumont-Sardolles. Benjamin Gauthier, en charge des dossiers « Petit gibier et jachères » à la FDC 58, insiste : « parmi les actions menées, depuis 2021 le GIC réintroduit des faisans de souche sauvage issue du conservatoire des souches de l’Office Français de la Biodiversité. C’est une chance pour la Nièvre car cette production est limitée mais parfaitement adaptée à nos territoires. Au total, 450 faisandeaux ont été acclimatés en 3 ans ». Il stipule également que dans la Nièvre, 7 Gic existent mais aucun dédié au grand gibier.