Élevages ovins
À un « détail » près

AG
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Le syndicat d’élevage ovin, réuni en assemblée générale, dresse un état des lieux positif de la filière. Le loup continue toutefois de menacer les exploitations et empêche toute satisfaction.

À un « détail » près
Juste avant la réunion du 6 septembre, au pôle agricole de Créancey.

Une conjoncture économique favorable, des prix intéressants liés au Brexit, une météo qui a permis une bonne production des prairies… Le bilan de l’année 2021 (et même celui de 2022) est clairement positif pour les éleveurs ovins. Hubert Mony, président du syndicat d’élevage, l’a bien retracé lors de l’assemblée du 6 septembre à Créancey. Oui, mais il y a un « mais ». Il n’y a malheureusement pas de place pour la moindre euphorie à cause du loup. « Son arrivée dans le département est bien le fait marquant de l’année écoulée », regrette l’exploitant agricole de Francheville, en rappelant que le Morvan a été le premier secteur touché, avant des attaques recensées dans la Vingeanne, près d’Is-sur-Tille, Saint-Seine-l’Abbaye, dans l’Auxois et la vallée de l’Ouche.

Un sentiment d’abandon

« Au-delà de toutes ces attaques et des pertes économiques qui en découlent, il faut comprendre qu’une attaque de loup sur son troupeau est un traumatisme non seulement pour l’éleveur, mais pour toute sa famille qui, elle aussi, est atteinte et souffre », insiste le président du syndicat, « lorsqu’il y a plusieurs attaques sur le même troupeau en quelques jours, alors là, c’est l’incompréhension totale, la colère fait place au désarroi, engendrant le sentiment d’être abandonné ». Hubert Mony est d’autant plus désabusé devant les mesures de protection proposées aux éleveurs : « des clôtures électrifiées au chien de protection, en passant par des tirs d’effarouchement ou de défense : nous avons là tout un panel de mesures qui a échoué dans le sud-est de la France. Même le Préfet en charge du dossier loup a convenu que ces mesures ne sont pas adaptées à nos systèmes d’élevage et notamment à l’environnement bocager de nos exploitations. En fait, nous avons surtout appris combien nos troupeaux de Côte-d’Or sont vulnérables ! ».

Voué à l’échec ?

Le travail entrepris au printemps avec les services de la DDT, pour faire reconnaître la "non-protégeabilité" partielle des exploitations se poursuit : « mais quoi qu’il arrive, que nos troupeaux soient protégés ou non, que nos exploitations soient reconnues non-protégeables ou non, nous n’empêcherons malheureusement pas les loups d’attaquer en Côte-d’Or… Comme disait Loïc Hervé, le sénateur de Haute-Savoie qui milite pour le retrait du loup des espèces protégées : On connaît la vie sans le loup mais on n’a pas encore essayé la vie sans les agriculteurs ».

Faites des économies

Aurore Gérard, conseillère en élevage ovin à la Chambre d’agriculture, a présenté plusieurs pistes pour réduire les achats d’aliments dans un contexte où la hausse des coûts de production peut atteindre 1,70 euro/kg de carcasse : « Pour limiter la consommation de concentrés, la quantité distribuée aux animaux doit correspondre au mieux à la quantité dont ils ont réellement besoin. Cela passe par un allotement strict quand cela est possible, grâce au constat de gestation et à des périodes de luttes courtes. Séparer les vides et éventuellement les réformer, remettre en lutte rapidement sont d’autres leviers à actionner… ». La conduite des réformes et des agnelles a aussi été évoquée. Des résultats d’expérimentations menées notamment par le Ciirpo ont également été présentés : « par exemple, prolonger les lactations en bergerie est plus coûteux en concentrés que de sevrer les agneaux à 70 jours ». Aurore Gérard a rappelé que l’herbe restait de très loin l’aliment le moins coûteux, en pâturage ou en produisant des fourrages de qualité. La conseillère a aussi présenté l’outil « Formul’Agno », disponible en libre accès sur le site Inn’Ovin, qui permet d’évaluer la qualité nutritionnelle et le coût de son mélange fermier.