GIE Synergie Charolais
La station de Jalogny réfléchit à son avenir

Berty Robert
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Alors que la vente aux enchères de reproducteurs et d’embryons de la station de Jalogny se tenait ce 17 février à Charolles, le GIE Synergie Charolais se projette dans le futur. Ce bel outil au service de la génétique et des éleveurs devra se trouver un nouveau modèle économique. L’innovation en sera une des clés.

La station de Jalogny réfléchit à son avenir
86 veaux sont entrés à la station de Jalogny le 27 septembre 2022 pour subir un protocole de 84 jours venant de s’achever par une pelvimétrie, un parage, une spermatogenèse.

La dernière assemblée générale du GIE Synergie Charolais, à la ferme de Jalogny, en Saône-et-Loire a réuni tous les partenaires de la génétique du département. Ce fut l’occasion de revenir sur la saison passée qui s’est achevée par une très belle vente avec plus de 80 % de veaux commercialisés et un prix moyen de 3 581 euros. 22 animaux ont été exportés (Slovénie, République tchèque, Hongrie). « Après une saison 2020-2021 fortement perturbée par le Covid-19, le public était de retour et nos clients étrangers aussi. Cela a eu un effet sur la moyenne des prix avec 7 ou 8 veaux à plus de 5 000 euros », commentait le président Didier Giraud qui citait aussi la montée en puissance de la vente en ligne, adaptation héritée de la crise du Covid et qui « permet aujourd’hui de vendre partout en Europe ». La vente de 2022 avait aussi été marquée par une revalorisation de la mise à prix de 200 euros soit 2 700 euros. « Cette hausse justifiée s’est retrouvée sur la moyenne des prix », observe Didier Giraud. Ces bons résultats de vente n’empêchent pas le GIE de questionner l’avenir. « Les subventions ont une importance capitale, rappelait le président. Le modèle station dans sa globalité est coûteux. Toutes les stations charolaises y sont confrontées du fait de la lourdeur du protocole national d’évaluation », ajoutait Benoit Lamarre, vice-président du GIE. La question est en débat à la fédération nationale des stations charolaises. Avec parfois des interrogations techniques, comme sur la pelvimétrie dont la fiabilité annoncée se révèle finalement bien décevante…

Vers un nouveau modèle économique

« Il nous faut recréer un autre modèle pour rééquilibrer les comptes », estime Didier Giraud qui rappelle que la station de Jalogny tient pour l’heure grâce à la générosité de ses financeurs et à la bonne volonté de ses bénévoles. L’avenir de la station d’évaluation est clairement posé alors que « le GIE avait été créé pour faire rayonner la génétique du territoire ; que la station est un outil de promotion raciale qui fait partie intégrante du programme de l’Organisme de sélection Charolais France », rappelait Benoit Lamarre. Parlant au nom du partenaire le plus ancien et le plus impliqué de la station, le président Bernard Lacour confirmait que la Chambre d’agriculture avait voulu « que les comptes du GIE soient présentés tels qu’ils sont ». Sans remettre en cause du tout « le bel outil qu’est la station », Bernard Lacour estimait qu’il était « nécessaire de réfléchir à un nouveau modèle économique. Pour avoir échangé avec l’Institut de l’Élevage, la station les intéresse. Il faut aller chercher des fonds dans une nouvelle approche globale, en lien avec l’innovation. Cela peut être, par exemple, le persillé ou la voie femelle… », suggérait le président de la Chambre d’agriculture.

Les garanties ont un prix

Dans ces conditions, les responsables du GIE ont redoublé de vigilance pour l’exercice en cours. Le budget prévisionnel s’annonce serré avec la flambée attendue des frais d’aliment et de fourrage. Pour faire face, les frais de pension demandés aux apporteurs ont été augmentés de 100 euros par veau, d’où une recette supplémentaire de 8 500 euros. Profitant d’une conjoncture inédite dans laquelle les taureaux de réforme se négocient à près de 2 500 euros, le GIE a décidé de revaloriser à nouveau la mise à prix de la prochaine vente qui passera cette fois à 2 900 euros. Il a aussi été acté la mise en place d’un prélèvement de 3 % sur le prix d’achat, s’ajoutant aux prélèvements déjà supportés par les naisseurs (4 % de la mise à prix jusqu’à 5 000 euros et 5 % au-delà de 5 000).

Des embryons aux enchères

La principale nouveauté de la vente du 17 février était la présence de lots d’embryons. Ils ont été prélevés dans cinq élevages parmi les apporteurs de la station de Jalogny. Ils proviennent de bonnes vaches en fin de carrière et de jeunes femelles porteuses du gène sans corne. Ces lots de 2 à 4 embryons étaient mis à prix 300 euros par embryon avec des enchères de 10 euros par embryon. Cette première mise en vente d’embryons est un test pour le GIE. L’idée est de développer un véritable schéma de multiplication embryonnaire à partir de femelles génotypées en ferme.