Élevage allaitant
Une conjoncture qui s'améliore malgré des disparités
Cerfrance Bourgogne-Franche-Comté présentait le 5 novembre à Dijon, les résultats économiques des exploitations en élevage allaitant, élevage laitier et production céréalière. La production de bovins viande commence enfin à recréer du revenu.
Afin de produire ses analyses économiques sur le bassin allaitant, qui couvre une grande partie de la Nièvre, la moitié de la Saône-et-Loire et une partie de la Côte-d'Or, Cerfrance Bourgogne-Franche-Comté (BFC) s'est appuyé sur deux typologies d'exploitations : les naisseurs et les naisseurs engraisseurs. Le premier constat en 2024 est que le manque relatif d'offre en viande bovine entraîne une conjoncture plutôt favorable (mais qui est aussi révélatrice d'une indéniable décapitalisation). À titre d'exemple, la cotation de la vache U standard en France était à un peu plus de 6 euros/kg début septembre, contre 5,70 euros un an avant, 5,60 euros en 2022 et 4,75 euros en 2021. À cela s'ajoute une situation sanitaire compliquée avec la MHE et les différentes formes de FCO. Un aspect qui, pourtant, ne semble pas avoir joué sur les prix de marché. Il pose surtout des difficultés aux centres d'allotement.
Naisseurs/naisseurs-engraisseurs
Le constat de la « photographie économique » pour cette année est que, enfin, les produits couvrent les charges courantes. Le secteur est surtout soumis à une assez forte hausse des charges de mécanisation, alors que les choses se calment sur les charges d'alimentation, sans pour autant baisser. « Entre les systèmes naisseur et naisseurs-engraisseur, il n'y a quasiment plus de différences » précisait Nathalie Lebeau, de Cerfrance Saône-et-Loire. Mais les naisseurs-engraisseurs ont forcément été plus impactés par la hausse, même moins prononcée, des charges d'alimentation. Cette tendance, si elle est économiquement et globalement plutôt favorable, ne va pas dans le sens du choix politique fait au niveau du Conseil régional de favoriser un développement de l'engraissement. L'évolution dans les mois qui viennent sera, de ce point de vue, intéressante à observer. L'analyse de Cerfrance BFC révèle aussi que 45 % des éleveurs ont un revenu/Utaf inférieur au Smic. « Les exploitations qui s'en sortent le moins bien économiquement vendent plus de femelles que de mâles : des femelles improductives, ce qui conduit aussi à une décapitalisation » poursuivait Nathalie Lebeau.
Des éleveurs prudents
Face à ce constat, Cerfrance BFC plaide pour un accroissement de l'autonomie alimentaire des exploitations et des objectifs ambitieux en matière de productivité des troupeaux. Travailler à plusieurs est aussi une voie à privilégier, sur le plan de l'amélioration des résultats économiques mais aussi en termes de transmission de compétences et de gain en qualité de vie. Si l'on regarde les tendances d'utilisation de l'Excédent brut d'exploitation (EBE) sur un temps plus long, depuis 2019 (voir encadré) on s'aperçoit que les éleveurs de bovins allaitants sont plutôt restés prudents, maîtrisant notamment les prélèvements privés et assurant enfin une rémunération de leur travail. Au final, pour 2024 (voir illustration), il y a du résultat sans que cela soit pour autant très rémunérateur. En fait, le résultat moyen cache de grosses disparités. Mais, pour Nathalie Lebeau, l'essentiel reste qu' « une ferme qui a de l'avenir, c'est une ferme rentable. »
Pour la présentation des résultats économiques des exploitations agricoles de Bourgogne-Franche-Comté, Cerfrance a décidé de procéder de manière différente cette année. Prenant en compte le fait que, d'une année à l'autre, les conditions sont très changeantes, l'organisme a exposé des tendances à la fois sur 2024 et sur une période d'observation plus longue, débutant en 2019. « Nous nous sommes interrogés sur la manière de mesurer la performance dans des conditions changeantes, précise Mathilde Schryve, responsable des études économiques au sein de Cerfrance BFC. Nous voulions voir qui a été capable de stabiliser ses revenus en fonction des différents aléas depuis 2019 (nouveaux ravageurs, météo, géopolitiques...) » Les systèmes les plus stables sont ceux qui ont de la trésorerie toute l'année. Il est plus facile de bien dimensionner ses investissements lorsqu'on a une situation stable. Par ailleurs, dans le contexte de la transmission d'une exploitation il sera toujours plus difficile de transmettre quand les résultats sont très volatils, et plus difficile de se mettre d'accord sur une valeur de reprise. « En fait, conclut Mathilde Schryve, pour chaque système nous analysons ce qui le rend plus ou moins stable, ou comment gérer l'instabilité. »