Rencontre
Le Crédit Agricole organisait un évènement sur la transition énergétique

Berty Robert
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Le Crédit Agricole Champagne-Bourgogne organisait à Dijon son rendez-vous de la transition énergétique. La banque veut faire comprendre à tous les secteurs de l’économie, y compris l’agriculture, que cette évolution doit désormais être incluse dans le fonctionnement normal de toute entreprise.

Le Crédit Agricole organisait un évènement sur la transition énergétique
Parmi les intervenants à ce Rendez-vous de la transition énergétique, le 6 juin au Village by CA de Dijon : Benoît Chaudron (Crai Energies) et Bastien Ménage (Clef Energies), représentants deux acteurs importants du photovoltaïsme sur bâtiments agricoles.

« Plus qu’un défi climatique, c’est un défi écosystémique qui se pose à nous ! » Eric Campos posait clairement les fondamentaux du débat, le 6 juin, en ouverture du Rendez-vous de la transition énergétique organisé à Dijon par le Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne. Pour le directeur général de Crédit Agricole Transitions et Énergies, élargir le champ du débat à la notion d’écosystème, c’était faire comprendre que l’adaptation à venir des entreprises sur ces questions allait devoir s’appréhender d’une manière globale, en faisant de la transition à l’œuvre un élément de leur modèle économique. La banque tentait, à l’occasion de cet événement d’aborder les stratégies et solutions de transition énergétique pour les collectivités et les entreprises. Dans cette dernière catégorie figure évidemment l’écosystème agricole. Lorsqu’on sait que la France s’est engagée à réduire ses émissions de Gaz à effet de serre (GES), de 450 millions de tonnes aujourd’hui à 80 millions en 2050, on mesure le chemin à parcourir et la part que chacun devra y prendre. Pour Eric Campos, il n’y aura pas 36 solutions : il faudra conjuguer décarbonation et sobriété.

Deux réalités

Dans cette logique, le Crédit Agricole a intégré deux réalités : la nécessité d’apporter du conseil énergétique en plus des financements, et la prise en compte qu’à l’avenir, les productions énergétiques seront de plus en plus territorialisées et moins centralisées. « Face à des questions énergétiques globales, les solutions seront locales » concluait Eric Campos. Cette énergie localisée, elle pourra donc en partie s’appuyer sur le secteur agricole comme l’illustrait une table ronde consacrée à l’autoproduction et à laquelle participaient deux acteurs régionaux de l’agrivoltaïsme : Benoît Chaudron, gérant de l’entreprise Craie Énergies et Bastien Ménage, responsable de Clef Énergies. Les deux hommes observent l’émergence de nouveaux types d’organisation, tels que la montée en puissance de l’autoconsommation d’électricité produite par des panneaux photovoltaïques et qui fédèrent des collectifs de producteurs. La nécessité de désamianter des toitures de bâtiments agricoles ou industriels peut aussi constituer de nouveaux débouchés pour le photovoltaïsme. Les deux acteurs confirment que, si le marché du bâtiment agricole a longtemps été moteur pour eux, ils assistent aujourd’hui à un véritable développement du marché sur bâtiments industriels. Par l’autoconsommation que cela autorise, c’est une manière, pour ces entreprises, de décarboner.

« On a bien fait d’anticiper ! »

Justement, à la charnière des activités industrielles et agricoles, un autre intervenant apportait son témoignage sur l’efficacité énergétique : Sylvain Baudry, le directeur général de Soréal, fabricant d’aliments pour bétail à Joigny, dans l’Yonne et également à la tête de Logivia, filiale logistique de Dijon Céréales, expliquait la mise en place, il y a deux ans, d’un plan stratégique destiné à faire évoluer le modèle d’affaires vers moins de consommation énergétique et plus de production d’énergie en interne. « Lorsqu’on a compris, début 2023, expliquait Sylvain Baudry, que notre facture énergétique annuelle allait passer de 300 000 euros à… 1,8 million, on s’est dit qu’on avait bien fait d’anticiper ! » La mise en œuvre du plan stratégique s’est déjà traduite par une diminution de 10 % des consommations énergétiques. Des audits techniques ont été menés pour trouver d’autres solutions. Le tout sans perdre de vue qu’il faut pouvoir continuer à livrer aux clients des produits à des niveaux de prix acceptables. Dans cette logique, l’accompagnement de l’entreprise par le Crédit Agricole a été salué. Mais, plus que jamais, c’est confirmé : la transition énergétique n’est pas un gadget, mais bien une composante de la vie des entreprises, y compris agricoles.