Valorisation et partage de savoir-faire
Une solution envisageable

Chloé Monget
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Dans un contexte où les savoir-faire agricoles peinent à se transmettre, l'association les Vergers du Monde propose une alternative.

Une solution envisageable
Guillaume Debeer exploite à Nevers 4 ha avec 1 ha en plus de jachère.

La fondatrice de Vergers du monde, Hélène Bourry est issue d’une famille d’exploitants agricole de Saint-Jean-aux-Amognes. Pour raisons professionnelles, elle part travailler en région parisienne pour accompagner des réfugiés dans leur parcours d’intégration. Elle se rend alors compte que certains étaient agriculteurs dans leurs pays d’origine et pourraient utiliser leurs connaissances de la terre et des animaux pour travailler dans les exploitations françaises. En partant de ce constat, l’association Vergers du monde voit le jour en 2020. Outre le partage de connaissances, Vergers du Monde a pour vocation de changer les regards sur l’agriculture et sur les migrants, orienter ceux qui le souhaitent vers les métiers de la terre et proposer une insertion durable en zone rurale. Dans ces tâches, Hélène Bourry est aidée par Camille Bru, salariée de l’association, qui s’occupe pour sa part de la Bourgogne Franche Comté.

Prise en main

« Arrivée en septembre 2021, je continue à prendre mes marques ici, mais je pense que l’association peut vraiment faire une différence, en créant les liens et les rencontres qui peuvent changer la donne. Nous agissons en partenariat étroit avec des groupements d’employeurs, des associations, des institutions et bien sûr, les agriculteurs du territoire. Même si nous proposons des ateliers et des visites de fermes à toutes les personnes intéressées par l’agriculture (avec ou sans papiers), il est indispensable qu’elles en aient si elles souhaitent être embauchées dans des exploitations françaises, aux mêmes conditions qu’un employé français. Et, nous sommes là pour faire le lien entre les agriculteurs d’ici et d’ailleurs » pointe Camille Bru.

Des visites

Outre cet accompagnement, Vergers du Monde organise des visites d’exploitations. « C’est indispensable que les agriculteurs de différentes origines puissent échanger avec les agriculteurs locaux sur leur manière de travailler et faire connaissance. Cela leur permet de comparer leurs méthodes et de se confronter à la réalité du terrain en France. Ce contact humain est la base de tout » souligne Camille Bru. C’est ainsi que le 22 mars dernier, l’une de ces visites a eu lieu à la Baratt' ABio à Nevers.

Un gain inestimable

Guillaume Debeer, chef de l’exploitation explique « J’ai toujours eu envie d’aider les autres. Permettre l’insertion d’agriculteurs réfugiés en leur proposant des emplois, même de courte période pour les pics d’activité, est une manière de le faire ». Il ajoute : « Ils ont des connaissances avancées sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique car ils en connaissent les conséquences depuis longtemps. C’est une richesse indéniable pour les exploitants français, car cela peut leur apporter des idées. Que ce soit par leurs personnalités ou leurs parcours de vie ils possèdent une véritable richesse. Il faut simplement les aider à l’exprimer ». À l’issue de la rencontre, Guillaume Debeer a d’ailleurs pris un CV et proposée à une autre personne de postuler en janvier prochain pour un job d’été. Pour tous renseignements sur Vergers du Monde : Camille Bru au 06 56 66 75 75 ou camillebru@vergersdumonde.net (Bourgogne France Comté) ou Hélène Bourry au 06 67 22 84 66 ou helenebourry@vergersdumonde.net

Pas si différents
Les échanges se sont fait à bâton rompu lors de la rencontre.

Pas si différents

Pour Reza, afghan de 24 ans (arrivé en France en décembre 2017 et vivant à Luzy depuis) cette visite fut une occasion enrichissante : « On apprend toujours lorsque l’on se rend chez un exploitant. Entre ici et l’Afghanistan, question agriculture il y a beaucoup de similitudes, et d’autres pratiques que l’on connaît moins voire pas du tout. En Afghanistan, j’aidais mon père dans son exploitation, mais j’ai été obligé de partir, ce qui n’est pas simple car on quitte tout et on se retrouve sans rien. Ici, je dois tout réapprendre, même si je connais pas mal de choses déjà. Depuis que je suis arrivé j’ai envie de faire tous les métiers, et j’en ai essayé pas mal déjà, mais j’ai maintenant vraiment envie de travailler dans l’agriculture. Je pense que les savoir-faire que je peux apporter sur une exploitation ici ont de la valeur ».