Chambre d'agriculture
La filière CBD comme diversification ?

Christopher Levé
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Le jeudi 29 février, la Chambre d’agriculture de l’Yonne a organisé une formation « produire du CBD », à Auxerre. L’occasion pour la dizaine d’agriculteurs présents de prendre des informations pour un éventuel projet de diversification sur leur ferme.

CBD
Louise Nurdin, conseillère technique à Astredhor Est, est intervenue lors de la formation "produire du CBD".

Selon Louise Nurdin, conseillère technique à Astredhor Est, « 10 % des Français consomment du CBD régulièrement. Mais la majeure partie de la consommation vient de l’étranger, notamment de la Suisse et de l’Italie ». Une information transmise par cette dernière à la dizaine d’agriculteurs présents lors de la formation « produire du CBD », mise en place par la Chambre d’agriculture de l’Yonne, le 29 février.
Alors que la production de CBD est légale en France depuis quelques années, cela offre une possibilité en termes de diversification pour les agriculteurs.
Le CBD, que l’on peut consommer en tisane ou en huile, n’est pas classé comme stupéfiant ou psychotrope, « bien qu’il présente aussi des effets psychoactifs via une interaction avec le système sérotoninergique qui explique son effet apaisant. La sérotonine est un neurotransmetteur cérébral intervenant notamment dans la régulation de l’humeur, du sommeil, de la douleur », détaille Louise Nurdin.

Une récolte à l’automne

Afin de produire du CBD, il est nécessaire de ne planter que des graines femelles. La plantation se fait fin avril/début mai, pour une récolte allant de fin septembre à fin octobre selon les variétés. « La plante a besoin de beaucoup d’espace pour produire une grande quantité de fleurs. L’espacement permet une bonne circulation de l’air et limite le développement de maladie fongique », ajoute Louise Nurdin. « A contrario du chanvre pour la production de textiles ou autres, les plantes pour la production de CBD ont un besoin en eau important. Il faut compter environ 20 mm par semaine en période chaude, jusqu’à la récolte ».
Aussi, l’implantation est possible sur une grande variété de sols différents, avec des sols aérés et non hydromorphes, profonds et frais, une structure grumeleuse, une sensibilité des racines aux défauts de structure et à la submersion, un pH entre 6 et 8 (optimal à 6,5). Aussi, il est préférable d’implanter les cultures à au moins 15 km d’un champ de chanvres. « Un labour peut être effectué avant la plantation et un travail du sol au début du printemps pour éliminer les adventices levées ».
Quant au rendement potentiel moyen ? Il est de 50 g de CBD par pied. Pour environ 4 000 pieds par ha, la récolte est estimée à 200 kg de CBD, avec un prix indicatif de 200 euros le kg, soit un chiffre d’affaires potentiel de 40 000 euros par ha (+ le prix pour l’huile).

Des agriculteurs en « réflexion »

Parmi les agriculteurs présents à cette journée de formation, Samuel Legrand, agriculteur à Charbuy. S’il confie n’avoir encore rien décidé quant au fait de se lancer, ou non, dans la production de cette culture, il assure être « en réflexion ». « J’ai souvent fait des formations pour regarder les opportunités qu’il y avait en termes de diversification. Ce que je m’aperçois, pour la production de CBD, c’est que cela devient vite un temps plein, alors il est nécessaire d’avoir de la main-d’œuvre pour mener à bien le projet, notamment en ce qui concerne la récolte, le séchage et la commercialisation. Avec mon associé, on a pris des informations et on va réfléchir. Cette formation m’a permis d’avoir des informations concrètes, avec quelques chiffres, et ne pas avoir à me baser sur des « on-dit ». C’est un projet qui mérite encore réflexion ».
Toujours durant cette journée de formation, Louise Nurdin a laissé sa place à un second intervenant : Thomas Benredjem, formateur producteur de chanvre CBD et membre de l’association française de producteurs de cannabinoïdes, qui a notamment mis l’accent sur les débouchés des produits à base de CBD en termes de commercialisation.