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L'excellence sanitaire a un coût

AG
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L’assemblée du GDS de Côte-d’Or s’est intéressée aux « efforts sanitaires » des éleveurs, non valorisés à ce jour.

L'excellence sanitaire a un coût
Jean-Luc Chevalier (président du GDS, ici debout), avec trois des invités de la table ronde : Franck Jeannin (éleveur à Chazilly), François Chaintron (Sicarev) et Christophe Moulin (GDS France).

Il profite à tous, y compris aux consommateurs. Malgré cela, le sanitaire avec ses charges financières, physiques et même mentales n’est « porté » que par les éleveurs ou presque… N’y aurait-il pas « moyen » de partager ces efforts et/ou valoriser une partie du travail ? La question a été posée le 5 mars à Sombernon. Jean-Luc Chevalier, président du GDS de Côte-d’Or, est convaincu que la population « n’a pas conscience de tout ce qui fait pour obtenir une alimentation sûre. La valorisation du sanitaire pourrait s’aborder au niveau de la filière amont/aval et pourquoi pas au niveau du consommateur ». La « facture » ne risque pas de diminuer avec la « mondialisation » des maladies, comme le fait remarquer Christophe Moulin, président de GDS France : « Cette réflexion est donc d’autant plus importante… Je ne vois pas comment il y aurait moins de travail à l’avenir, moins d’impacts sur nos productions et donc moins de coûts à supporter. Cela va même exploser dans les prochaines années… ».

Davantage de soutiens

Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre et président de la section bovine d’Interbev, a appuyé ces propos : « Nous parlons ici de notre avenir ! Les éleveurs doivent s’emparer de ce sujet et pousser dans la même direction ». Pour ce représentant de l’interprofession, une partie de la solution vient certainement de l’État : « son soutien doit être plus important. Oui, l’État, voire même l’Europe, doivent prendre des dispositions à la hauteur des enjeux qui sont devant nous. L’élevage subit trop souvent les aléas, l’État ne travaille pas assez dans la prévention, nous le voyons bien avec la MHE… Le monde de l’élevage, seul, n’a pas les moyens de faire face à l’arrivée de maladies extérieures ».

Du temps et du stress

Franck Jeannin, éleveur à Chazilly et voisin d’un ancien foyer de tuberculose, est venu illustrer la complexité d’une prophylaxie renforcée : « Nous devons procéder à une IDC et un interféron sur chaque bovin de plus d’un an présent sur notre exploitation. Dans notre cas, c’est beaucoup de travail sur nos 400 bovins, je termine aujourd’hui ma onzième matinée consacrée à cette tâche, en compagnie d’un vétérinaire et de trois autres personnes… Sur le plan financier, cela représente une somme de 20 000 euros, intégralement prise en charge par l’État cette année, mais cela ne durera pas. Cette prophylaxie engendre également beaucoup stress, avec la peur de perdre la génétique du cheptel si un animal venait à réagir ». François Chaintron, directeur délégué de la coopérative Sicarev, a insisté pour sa part sur le volet « performance » du sanitaire : « L’aspect réglementaire est primordial et ouvre des portes commerciales, nous ne pouvons pas nous en passer, mais il y a aussi tout ce qui touche à la performance. Un exemple : les problèmes respiratoires et diarrhées néonatales sont beaucoup moins nombreuses qu’il y a vingt ans. Ces programmes de prévention ont contribué à générer un peu plus de revenu mais maintenant, il faut passer à l’étape d’après. Énormément de choses peuvent être envisagées en termes de techniques et de traçabilité pour progresser et ramener du revenu à l’éleveur, je pense notamment au domaine de l’engraissement dans lequel le sanitaire est à la base de tout ».