Manifestation
Retour sur le mouvement du 8 février à Paris

Christopher Levé
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Mercredi 8 février, 622 tracteurs et près de 3 000 agriculteurs se sont rendus à Paris pour dénoncer « la liquidation de l’agriculture ». La suppression des moyens de production en agriculture et l’application de réglementations, comme la récente interdiction des NNI sur betterave sucrière, ont conduit la FNSEA Grand Bassin Parisien, la CGB et des structures départementales et régionales des JA à se mobiliser. Retour sur cette manifestation d’envergure nationale.

Manif
Le mercredi 8 février, 622 tracteurs et près de 3 000 agriculteurs se sont rendus à Paris pour dénoncer « la liquidation de l’agriculture » (photo FDSEA de l'Yonne).

Ils étaient près de 3 000 agriculteurs et 622 tracteurs à rejoindre la capitale, le mercredi 8 février, afin de dénoncer « la liquidation de l’agriculture ».
La décision du refus d’une nouvelle dérogation à l’interdiction des NNI (néonicotinoïdes) en France, rendu par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) le 19 janvier dernier a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », comme le dit lui-même Didier Renoux, président de la CGB de l’Yonne. Un vrai coup de massue pour les betteraviers (qui attendaient la validation d’une troisième année de dérogation initialement autorisée par la France) et la contrainte de trop pour le monde agricole qui a décidé – à l’initiative la FNSEA Grand Bassin Parisien, la CGB et des structures départementales et régionales des JA – de se mobiliser pour dénoncer la suppression des moyens de production en agriculture.
Comme un symbole, le monde agricole a pris possession des Invalides, à Paris, là où se trouve le tombeau de Napoléon, qui a apporté la betterave en France au début des années 1800.

« Des filières complètes se retrouvent dans des impasses »

Pour Franck Pouillot, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne, présent à Paris le 8 février, « des filières complètes se retrouvent dans des impasses, à cause de la suppression continue et permanente de nos moyens de production, au risque de ne plus pouvoir produire en France et en Europe. Cette situation devient inacceptable », assure-t-il. « Il est temps que les élus en prennent conscience, que ce soit au niveau national comme au niveau européen. L’agriculture française se meurt par de simples décisions politiques iniques ».
Des propos partagés par Didier Renoux. « La souveraineté alimentaire nationale passe par une agriculture de production. On ne peut pas entendre de la part des politiciens qu’il faut conserver une souveraineté alimentaire et sans arrêt retirer des moyens de production. Retirer des moyens de production, c’est ouvrir la porte à davantage d’importations », et donc de voir un objectif de souveraineté alimentaire qui s’éloigne. Le président de la CGB de l’Yonne précise que ce jour-là, à Paris, « ce sont toutes les productions qui étaient représentées et qui ont dénoncé ces suppressions de moyens de production, pas seulement les betteraviers ».

Une distorsion de concurrence dénoncée

L’autre objectif de la manifestation était de dénoncer la distorsion de concurrence à l’intérieur de l’Europe, dans beaucoup de productions, dont les betteraves. « En Allemagne, les betteraviers sont autorisés à utiliser des NNI en pulvérisation (ce qui est interdit en France, seule l’utilisation des NNI en enrobage de semence était autorisée, ndlr). C’est à ne plus rien y comprendre », se désole Didier Renoux.
De leurs côtés, certains betteraviers s’interrogent sur la pérennité de la culture de la betterave sur leur exploitation. Beaucoup attendent que l’indemnisation promise par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation prenne acte avant de se décider. La CGB France qualifiait cela, il y a quelques jours, d’une « nécessité absolue », à condition que les pertes « soient totalement prises en charge et de n’avoir ni franchise, ni plafonnement des aides ».
Selon nos informations, il semblerait que l’on se dirige vers un accord en ces termes de la part du gouvernement, mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, rien n’est encore officiel.