Vendanges

« Si on est vigilant, la récolte peut-être belle »

Au domaine Verret, à Saint-Bris-le-Vineux, cela fait désormais deux semaines que les vendangeurs sont dans les vignes. « On a commencé le lundi 4 septembre au matin, avec les crémants », indique Bruno Verret, à la tête du domaine.
Nous avons rencontré ce dernier le vendredi 8 septembre, après une première semaine de récolte (tous les éléments décrits dans l’article sont à prendre en compte à cette date, ndlr).
« Cette année, on a fait beaucoup de crémants car on n’en avait pas fait du tout en 2021 (année du gel) et le minimum en 2022 parce qu’il fallait reconstituer les stocks de vins tranquilles. Là, il fallait reconstituer les stocks de crémants de manière assez conséquente. Comme ils sont assez généreux cette année, on devrait faire de bons rendements ».
Le vendredi 8 septembre est le premier jour de récolte des vins tranquilles pour le domaine Verret. Et de très grosses disparités, d’une parcelle à l’autre, étaient déjà à constater. « Ce n’est pas forcément lié au cépage. On a des chardonnays qui sont très mûrs, d’autres qui ne le sont pas. C’est aussi le cas pour les pinots noir même s’ils sont un peu moins mûrs que les chardonnays. Cette année, on vendangera les pinots noirs après les chardonnays, ce qui n’arrive pas souvent », assure Bruno Verret. « On a aussi des vignes qui sont bloquées en termes de maturité, qui évoluent peu voire pas du tout. Pourquoi ? Il a fait très chaud, elles ont été en souffrance. On espère que le rafraîchissement annoncé pour la semaine prochaine leur fera du bien (cette dernière semaine, ndlr). On espère aussi que le coup de pluie annoncé ne sera pas trop délétère, parce que la pourriture est là. Il n’y a pas de gros foyers, mais il y en a tout de même. On ne voudrait pas que cela explose ».

Attention à la mouche suzukii

Pour l’instant, Bruno Verret l’affirme, « le scénario est plutôt confortable. Il faut cependant être très vigilant sur ses parcelles, être très précis sur son ordre de vendange. On ne peut pas s’appuyer sur les habitudes des autres années. C’est une année unique ».
Sur la globalité des cépages, les pinots noirs et l’aligoté « sont plutôt jolis. Le chardonnay s’annonce être en retrait, mais sur la région la moyenne devrait être bonne. On devrait être sur une belle année ».
Ce qui inquiète les vignerons, outre la pourriture, c’est la mouche suzukii (un insecte ravageur asiatique de la famille des drosophiles, ndlr). « Cette mouche va piquer les baies de raisin et les fait fermenter avec la chaleur. En traduction, cela transforme le raisin en vinaigre. Le risque, lorsque l’on vendange à la machine, c’est que le raisin fermenté soit mélangé au reste de la récolte. Lorsque l’on vendange à la main, le risque est faible car l’odeur de vinaigre est forte. Il est facile d’identifier le cep et de trier les grappes pourries ».
Selon Bruno Verret, les vendanges devraient finir entre le 22 et le 25 septembre (pour lui). Avec une récolte assez étalée dans le temps. « Certains auront peut-être des trous dans le planning de récolte. Mais si c’est le cas, c’est bon signe. Cela veut dire que la maturité continue d’évoluer et qu’il n’y a pas de pourriture et de perte ».
En résumé, comment le vigneron décrirait-il la vendange 2023 ? « Il faudrait trouver le mot qui dit qu’on a tout pour faire une belle récolte, mais que ce n’est pas simple », sourit-il. « Je dirai qu’il faut être prudent, vigilent. C’est ma 31e récolte et j’en ai eu des différentes. Mais l’organisation de cette année est inédite. Habituellement, on sait à peu près l’ordre dans lequel on va vendanger. Cette année, chaque soir, on change le programme. Il faut être capable de s’adapter. On s’appuie sur les prélèvements de maturité. Certaines vignes bascule (prêtes à vendanger, ndlr) rapidement, d’autres ne bougent pas. Il faut vraiment être vigilant, plus que d’habitude, sur tout. Et si on l’est, la récolte peut être belle ».