Espace test du Marault
Le paradis de Devina

Chloé Monget
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Devina Suneja prend la suite de James Radenne à l'espace test du Marault. Mauricienne, elle a de nombreuses idées pour sa future production maraîchère « Les jardins Mauriciens ». 

Le paradis de Devina
Devina Suneja, 41 ans, va commencer très prochainement ses semis : « Depuis mon arrivée dans le secteur début août, j'ai hâte de commencer à travailler ».

« On dit de l’île Maurice que c’est le deuxième paradis, et j’aimerais que l’espace test du Marault soit le troisième » explique Devina Suneja, 41 ans, concernant son projet maraîcher sur le site. Originaire de l’île Maurice (et plus précisément de La Flora), elle succède à James Radenne (TDB n° 1622, 1633 et 1701) pour l’activité de l’espace test du Marault. Arrivée en août de la région parisienne, elle revient sur son parcours ; passage indispensable pour comprendre ce qu’elle voudrait mettre en place.

Pour rappel, l’espace test est notamment soutenu par le Conseil Départemental de la Nièvre (propriétaire du terrain), la Chambre d’agriculture de la Nièvre, Bio Bourgogne, Semeurs du Possible ou encore Vergers du Monde (association valorisant les savoir-faire agricoles d’ici et d’ailleurs. Voir TDB n° 1678 et 1692 ou www.vergersdumonde.org). Fabrice Melleray, directeur de l’association Agropôle du Marault, souligne : « l’arrivée de Devina nous réjouit et nous espérons pouvoir l’aider à mener à bien son projet. Nous avons d’ailleurs une idée qui germe pour l’épauler dans sa commercialisation. Mais, je ne peux être plus précis car nous en sommes encore aux balbutiements ».

Tout quitter

« À l’île Maurice, j’avais une très grande exploitation avec plusieurs boutiques de ventes afin de commercialiser mes fruits, légumes, fleurs et autres produits transformés issus de mon exploitation. Au total, je gérais une quarantaine de personnes ». Avec un emploi du temps très chargé, Devina souligne : « parfois je ne dormais que deux ou trois heures ». Ainsi, elle décide, littéralement du jour au lendemain de tout quitter. « Alors que ma journée de travail se terminait, j’ai annoncé à ma mère que je ne reviendrais pas. Le lendemain matin, je suis allé à l’aéroport pour prendre l’avion pour la France. J’avais besoin de tout arrêter car je n’existais plus vraiment ». En quête d’une nouvelle vie, elle arrive dans l’hexagone trois semaines avant les restrictions sanitaires. Un moment difficile qui lui a permis de se retrouver : « Cela a été très dur pour moi, car j’étais coupé de tout et je n’avais plus rien. Mais, ce fut un passage obligé pour mieux rebondir ».

En France

Polyglotte (indien, anglais, français, créole, etc.), Devina peine un peu avec le français lors de son arrivée : « même si nous parlons le français à l’île Maurice, j’ai été élevée avec l’anglais. De ce fait, je me sentais un peu isolée à cause de la barrière de la langue. Mais, dès que je le pouvais, je pratiquais le français afin de m’intégrer au mieux dans la société française, qui est positivement très singulière par rapport à d’autres ». Globe-trotteuse dans l’âme, Devina a visité de nombreux pays, soit en touriste soit en résidente : « J’ai vécu 7 ans en Inde, et je peux vous assurer que la vie là-bas est extrêmement dure ». Elle évoque notamment : « En France, il y a une politique humaine, pour aider les autres, étrangers ou non. J’ai constaté que de nombreux organismes existent pour vous accompagner dans la vie (logement, travail, etc.). De même, les services de l’État sont très présents en cas de besoin comme la Gendarmerie par exemple. Ce fonctionnement est très différent de celui que j’ai pu connaître à l’île Maurice, en Inde ou en Indonésie. Pour moi, la France s’attache à rendre l’humanité meilleure, et ça n’a pas de prix ».

Au Marault

Pour arriver au Marault, Devina s’est rapproché de divers organismes afin de pouvoir s’installer comme maraîchère en France : « Si je peux me passer de l’île Maurice, je ne peux pas le faire avec le maraîchage car je le pratique depuis mon enfance. Si je ne fais pas cela, à quoi sert tout ce savoir acquis au fil du temps ? ». Ainsi, elle se met en lien avec La Ruche (https://la-ruche.net/) afin de l’aiguiller dans ses démarches d’installation. « N’ayant jamais accompagné un tel projet, ils étaient un peu démunis, donc ils se sont rapprochés de Vergers du Monde, qui m’a ensuite beaucoup épaulée ». En parallèle, elle étudie le marché français : « il y a une consommation importante de fruits et légumes exotiques importés et proposés à des prix exorbitants. Cultivés ici, ils peuvent offrir des aliments de qualités, avec une empreinte carbone réduite, à des prix raisonnables. Je ne souhaite pas concurrencer les maraîchers déjà en place, je veux ouvrir une porte différente ». Ainsi, à terme, Devina souhaiterait cultiver de la papaye, du gombo des bananes, du lotus ainsi que des fleurs car : « j’aime travailler dans les belles choses, et je veux que les clients puissent découvrir une petite île Maurice ici au Marault ; c’est d’ailleurs pour cela que mon exploitation s’appellera : Les jardins Mauriciens ». Mais, avant d’en arriver là, Devina recherche encore des financements et a lancé une cagnotte participative : https://miimosa.com/fr/projects/creer-un-jardin-mauricien-dans-la-nievre

Pour contacter Devina : jardinmaricien.culturebio108@gmail.com ou au 06 12 42 95 00.