Chanvre
De plus en plus de demandes

Chloé Monget
-

La Chambre d'agriculture de la Nièvre proposait une journée d'information dédiée au chanvre, le 8 septembre.

De plus en plus de demandes
Une quinzaine de personnes a participé à la rencontre dédiée au chanvre le 8 septembre dernier, dont l'après-midi fut dédiée à une présentation de la production en chanvre de l'huilerie Brossard (Raveau).

Le 8 septembre, la Chambre d’agriculture de la Nièvre (CA 58) organisait une journée d’information sur le chanvre. « Nous avons de plus en plus de demandes sur cette filière, notamment de la part des maraîchers qui souhaitent diversifier leur rotation. De ce fait, il nous paraissait donc nécessaire de détailler toutes les possibilités qu’offre cette production » précisent Judith Nagopaé, conseillère productions légumières à la CA 58 et Marine Vaillant, conseillère installation entreprise à la CA 58.

Vision globale

Ainsi, en début de matinée Louis-Marie Allard, référent de la culture chez Terres Inovia, a présenté les aspects technico-économiques de la culture en plein-champs pour la production de graines (chènevis) et/ou de paille (chènevotte) puis un focus sur son utilisation comme isolant fut effectué par Frédéric Martin, gérant de Nièvre Éco Matériaux (entreprise basée à Nevers). « Le chanvre est une solution intéressante pour la rotation, car son implantation avant blé offre un meilleur rendement pour cette culture » détaille Louis-Marie Allard, avant d’ajouter : « cela étant, le chanvre est à proscrire avant une implantation de moutarde car elle bloque l’azote ». Malgré tout, il met en évidence son attrait comme culture intermédiaire rapide, puisque le chanvre arrive à maturité en 100 jours : « peu importe la date du semis, la date de floraison sera toujours identique. Il faut simplement l’implanter durant les jours les plus longs car sa croissance est uniquement régie par une photopériode longue. De plus, je préconise un semis avec un sol à 12 °C et à 2-3 cm de profondeur ». Le Jardin de Thorains, maraîcher bio et producteur de chanvre CBD basé à Lavau (89) a également présenté son exploitation et montré quelques échantillons de sa production : infusions, huile, … Il insiste bien : « je ne suis pas médecin et surtout mes produits ne sont en aucun cas, là pour guérir telle ou telle maladie ». Si toutes les parties de la plante sont utilisables, d’autres débouchés ne requièrent qu’une partie de celle-ci à l’image de celle d’Emmanuel et Lucien Brossard (Huilerie Brossard à Raveau) qui se focalise sur la graine pour une transformation en huile. Pour rappel, ils dédient 3 ha des 190 ha de l’exploitation pour cette production. Afin de présenter cela, une visite était proposée l’après-midi de la rencontre.

En huile

« Si seule la graine de chanvre nous intéresse pour notre huile, nous broyons les tiges afin d’apporter de la matière organique au sol » pointe Emmanuel Brossard avant de préciser : « très dense, elle met un moment avant de se détériorer, mais permet de faire une couche retenant un peu l’humidité ; idéal en période de chaleur ». Il explique également que : « le pressage de la graine de chanvre est dur, j’attends donc quelques mois après la récolte avant de faire cette étape. Si cela facilite le procédé, le goût lui ne change pas ». Au final, il stipule que 3 kg de graines sont nécessaires pour faire 1 l d’huile de chanvre : « cela reste raisonnable par rapport à la moutarde qui demande environ 6,5 kg pour le même litrage ». Néanmoins, il évoque des points de vigilance. « La floraison étant étagée, il faut trouver le bon moment pour la récolte et être méticuleux dans le triage afin d’avoir la meilleure qualité possible. Les semences doivent forcément être achetées dans un organisme agréé pour que le taux de THC soit contenu. Il faut compter environ 7 euros / kg pour les semences bios ». Pour éviter toutes déconvenues avec les autorités, Emmanuel Brossard insiste : « je fais analyser mes huiles de chanvre à chaque production afin de montrer patte blanche. Même si cela n’est pas forcément obligatoire, au moins je suis couvert. Je réalise ces analyses aussi pour les entreprises de cosmétiques avec lesquelles je travaille car elles requièrent de plus en plus ce genre de documents ». Outre l’huile, Emmanuel souligne que l’intégralité de ces tourteaux est destinée à la consommation animale. Judith Nagopaé et Marine Vaillant concluent : « le chanvre est encore une culture isolée, mais qui, par ses atouts, permet une diversification intéressante à envisager ».