Prévention
Évaluer ses besoins et adapter son exploitation avec la MSA

Léa Rochon
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En 2015, la MSA a créé un dispositif intitulé AFSE « aide financière simplifiée exploitant ». Son objectif est d’accompagner les exploitants dans l’amélioration de leurs conditions de travail et la préservation de leur santé professionnelle.

Évaluer ses besoins et adapter son exploitation avec la MSA
Pour limiter les risques d’accident, la MSA peut aider à l’aménagement d’une cage ou d’un parc de contention. Crédit photo: Cniel

Avec 110 décès par an, soit un tous les trois jours, le monde agricole est particulièrement concerné par les accidents du travail. Lors de leurs visites, les agents prévention de la MSA amènent les professionnels à réfléchir à la réalité de leur travail, afin de trouver des actions d’amélioration pertinentes et adaptées à leurs besoins. « Nous nous situons sur une position de conseils et non de contrôle », tient à préciser Michaël Lefebvre, responsable de la prévention des risques professionnels au sein de la MSA Ardèche-Drôme-Loire. Et ces conseils peuvent être nombreux, tant les risques sont omniprésents.

Automatiser les tâches répétitives

Afin de réduire le risque de coups ou d’écrasement lors des soins effectués sur les bovins, la MSA peut aider à l’aménagement d’une cage ou d’un parc de contention. Ce dernier peut contenir un quai d’embarquement et débarquement, des passages d’hommes et des portes automatiques. L’organisme peut également apporter des conseils quant à la réduction des troubles musculosquelettiques (TMS) induits lors de la distribution des rations. Acquérir un mélangeur-distributeur automatique apparaît bien souvent comme une solution adéquate et apporte un gain de temps dans les tâches quotidiennes. Si le confort et la sécurité au travail sont des aspects essentiels à prendre en compte, la réduction du stress est un autre facteur à ne pas négliger. Selon la taille du cheptel et lorsque le chef d’exploitation est seul, la surveillance des vêlages peut générer du stress et de la fatigue. L’installation d’un outil de surveillance de vêlage et d’informations par SMS est alors envisageable. La salle de traite comporte également ses propres risques. « Elle oblige les éleveurs à des gestes répétitifs et contraignants, notamment lors de la pose des griffes. À terme, le poids de ces équipements portés à bout de bras peut entraîner des TMS », relève la MSA. L’exposition à des projections de produits chimiques pendant le nettoyage des manchons de traite pose également un risque important. Dans ce cas, la suppression du nettoyage manuel des griffes au profit d’un nettoyage automatique et la réduction des ports de charges lourdes avec l’installation de griffes plus légères peuvent participer à la réduction des risques.

Limiter l’exposition aux risques chimiques en vigne

Tandis que durant l’hiver et le printemps, les professionnels de la vigne s’affairent à la taille et à l’épamprage, la MSA recommande plusieurs mesures afin d’éviter les TMS. L’acquisition d’un mini-tracteur électrique à hauteur modulable offre notamment un confort de travail, puisqu’il permet de réaliser les gestes de taille en position assise sans avoir à se pencher. L’organisme de santé recommande également aux viticulteurs et viticultrices d’adapter trois de leurs équipements pour un coût relativement modéré. Le recours à une décimeuse mécanisée permet, tout d’abord, de limiter les risques liés à l’utilisation des produits phytosanitaires. « À ce titre, il est essentiel de prévoir des aires de remplissage adaptées afin de mélanger les produits dans la cuve sans exposer les personnes », souligne le responsable, Michaël Lefebvre. Enfin, l’installation d’un élévateur évite le port de charges lourdes, tandis que le remplacement d’un siège de tracteur usé limite l’exposition aux vibrations.

RAPPEL // Le Duerp, une obligation légale

Que l’exploitant ou exploitante emploie une main-d’œuvre composée de salariés, apprentis ou encore de stagiaires, le Code du travail prévoit la réalisation d’une évaluation des risques professionnels présents dans l’entreprise. Cette obligation passe par l’établissement et la mise à jour régulière d’un document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp). Cette démarche, qui permet de construire un plan d’action de prévention, peut être réalisée avec les conseils de la MSA lors d’une visite de l’exploitation.

EN CHIFFRES // Des risques de blessures bel et bien présents
Photo CCMSA/Beloncle

EN CHIFFRES // Des risques de blessures bel et bien présents

15 % des victimes d’accidents du travail sont issues du monde agricole.

110. Le nombre de décès survenus après un accident du travail dans le monde agricole par an, soit presque un tous les trois jours.

47 000. Le nombre d’accidents survenus dans le domaine agricole en 2021.

• 42,3 % Le pourcentage de ces accidents survenus dans le secteur culture-élevage.

• 25,7 % Le pourcentage de ces accidents survenus lors de travaux agricoles.

• 91 % des victimes d’accidents du travail sont des hommes âgés de 50 à 59 ans.

Afin de limiter les accidents professionnels en agriculture, le ministère de l’Agriculture effectue un travail de sensibilisation aux risques. L’objectif ? Que les questions de santé et de sécurité au travail soient abordées au sein des établissements d’enseignement agricole. Des contrôles sont par ailleurs effectués par le ministère afin de vérifier la conformité des machines agricoles avant qu’elles ne soient mises sur le marché français. Enfin, des campagnes très ciblées sont régulièrement menées en lien avec la Mutualité sociale agricole (MSA) sur le port de la ceinture de sécurité en tracteur, les chutes de hauteur, ou encore sur les équipements de protection individuelle.

Sources : agriculture.gouv.fr