Santé animale
En quête de nouveaux équilibres

Alexandre Coronel
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La santé animale est à la confluence de nombreux enjeux : économie, environnement, image de l’élevage, santé humaine, bâtiments… À l’initiative des éleveurs des groupes de développement agricole de la Région Bourgogne-Franche-Comté, le projet Acsa2 explore cette thématique depuis 18 mois, avec des matinées en fermes.

En quête de nouveaux équilibres
L'utilisation des bâtiments d'élevage soulève des questions en termes de bien-être, pour les animaux et pour les agriculteurs.

L’émergence de phénomènes d’antibiorésistance en milieu hospitalier et la médiatisation de ce sujet interpellent des éleveurs francs-comtois depuis deux décennies. Dans la région, les Groupes de développement se sont intéressés précocement à cette thématique, bien avant les plans « écoantibio », en faisant intervenir dans leurs réunions des spécialistes de la question, en travaillant sur la question du tarissement des vaches laitières, en se formant aux médecines alternatives… Après un premier projet autour des alternatives aux antibiotiques et médicaments de synthèse, le projet Approches complémentaires en santé animale (Acsa2) a été lancé en 2021, avec l’appui méthodologique du réseau Trame. Ce projet est soutenu financièrement par la région Bourgogne-Franche-Comté (BFC) dans le cadre des appels à projets Partenariat européen d’innovation (PEI). Il fédère une douzaine d’organisations professionnelles agricoles partenaires, dans le but d’accompagner les éleveurs pour atteindre un équilibre santé animale par l’approche globale et sécuriser l’utilisation des soins alternatifs aux traitements médicamenteux. Les échanges entre les éleveurs, vétérinaires, pharmaciens, conseillers et autres acteurs de l’élevage partenaires du projet Acsa ont montré l’importance de la maîtrise des compétences zootechniques et la nécessaire formation et sensibilisations aux conditions d’utilisation des approches complémentaires.

S’informer et se former

L’approche globale s’est donc inscrite naturellement dans la phase numéro 2 du projet comme un des deux axes majeurs. Inspirées de l’expérience des GDS de Bourgogne, des matinées en ferme, animées par des vétérinaires du Groupement technique vétérinaire (GTV) sur des thèmes tels que la préparation au vêlage ou la conduite du pré-troupeau ont permis des formations techniques étayées par des échanges directs entre vétérinaires et éleveurs. Également au programme : le perfectionnement et le déploiement avec les éleveurs de l’outil de diagnostic Panse-Bêtes qui intègre l’approche multifactorielle de la gestion de santé animale en invitant l’éleveur à rechercher les causes d’un déséquilibre sanitaire (bâtiment, abreuvement, alimentation, climat…). Enfin, une filière locale de producteurs-cueilleurs de Plantes aromatiques médicinales (PPAM) commence à se structurer.

120 élevages engagés

Une centaine de personnes étaient ainsi réunies à La Chapelle d’Huin, dans le Doubs, pour une journée d’échange, avec des témoignages et des ateliers pratiques à la ferme du lycée Lassalle. L’occasion de dresser un premier bilan très positif des rencontres qui ont lieu au fil des mois, notamment sous la forme de matinées en fermes thématiques (préparation au vêlage, alimentation du troupeau, utilisation des huiles essentielles…) : celles-ci ont touché plus de 120 éleveurs. Christian Colmagne, administrateur FRGEDA, se réjouit de ce succès : « L’approche globale est guidée par le bon sens : de même que l’énergie la moins chère, c’est celle qui n’est pas consommée, c’est pareil pour le médicament ! Tout ce qui peut se jouer en amont, dans le champ de la prévention, des pratiques bénéfiques, est intéressant. Dans l’approche globale on touche à l’étude des comportements des animaux, à la recherche du point d’équilibre du système d’élevage, sans s’interdire de remettre en cause des objectifs de production. Parfois le mieux ou le plus est l’ennemi du bien ! Mais on n’oublie pas qu’on recherche le bien-être animal au service du bien-être de l’éleveur. Le travail en partenariat avec les vétérinaires qui nous ont accompagnés dans cette démarche nous amène à réfléchir à de nouvelles formes de relations professionnelles, avec des vétérinaires qui ne seraient pas toujours dans un rôle de sapeur-pompier… »