Agnelages
Une « moisson » bientôt terminée

AG
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Un éleveur ovin de Villeberny évoque l'actualité de sa bergerie avec la fin des agnelages et le début de la mise à l'herbe. La menace de prédateurs et les cours de la viande sont aussi abordés.

Une « moisson » bientôt terminée
Yannick Thibert, avec deux de ses agneaux.

Les agnelages, pour un éleveur ovin, c’est un peu comme les moissons pour un producteur céréalier. « C’est une période très chargée, sans doute la plus importante de l’année sur le plan économique. Il ne faut surtout pas se rater ! », confie Yannick Thibert, à Villeberny près de Vitteaux. Comme tous ses homologues éleveurs, ce jeune moutonnier surveille de très près ses brebis, jour et nuit, depuis le 15 mars et le début des naissances. Le 5 avril, 240 agneaux étaient déjà nés dans sa bergerie. Une cinquantaine était encore attendue les jours suivants. Yannick Thibert dressait un bilan intermédiaire plutôt positif de ce millésime : « le taux de mortalité est plutôt bas par rapport à ma moyenne des dernières années. Les agneaux sont en forme, ils n’ont pas de diarrhée ni de problèmes pulmonaires, pourvu que ça dure ! ».

Bientôt dehors

La fin des agnelages marquera le « gros » de la mise à l’herbe, même si celle-ci déjà commencé début avril avec plusieurs brebis. « Les agneaux les plus gros suivront très prochainement », mentionne Yannick Thibert, qui profite de l’occasion pour aborder le dossier prédation : « la mise à l’herbe coïncide avec la fin d’un long travail en bergerie. Néanmoins, cette nouvelle étape sera encore remplie de stress à cause de la menace des prédateurs… Les attaques rencontrées par un certain nombre d’éleveurs dans la région avec le loup et même le lynx ne sont pas en mesure de nous rassurer. Je n’ai jamais été concerné, mais compte tenu de la situation, je redoute fortement d’y passer un jour. Si ce n’est pas moi, ce sera forcément un voisin… Il y a environ deux ans, deux béliers ont été tués dans la commune voisine de Jailly-les-Moulins. Plus récemment, un loup a été aperçu à la frontière de la Côte-d’Or, vers Saint-Léger-du-Bois. C’est certain : je ne serai jamais très serein quand j’irai faire le tour de mes prés, chaque matin. Le lynx fait aussi de plus en plus parler de lui, j’imagine qu’il doit manger au moins autant que le loup… Un lynx a d’ailleurs été vu il y a quatre mois dans mon village… ».

De bons prix, mais…

L’actualité des élevages ovins, c’est aussi des cours de la viande à des niveaux inédits. Yannick Thibert a vendu plusieurs agneaux à 8,50 euros/kg ces derniers jours : « ces tarifs sont bien sûr intéressants. Lors de mon installation, en 2018, les tarifs étaient seulement de 5,10 euros/kg. Sur l’année écoulée, nous avons gagné 1 euro/kg. Ce sont des prix rémunérateurs, mais il nous faut bien cela pour payer toutes nos factures et avoir un minimum de rentabilité ». L’éleveur ovin, bien que satisfait de ces prix de vente, s’interroge de plus en plus pour la « suite des évènements ». « Je me demande bien comment la conjoncture va évoluer. Dans l’idéal, il faudrait que tout se stabilise. D’un côté, nous ne pourrons plus travailler avec des cours plus bas. De l’autre, qu’elle serait la réaction des consommateurs si la viande continuait d’augmenter ? Le contexte actuel est vraiment inédit et très particulier ».