Colza
Sclérotinia : intervenir au bon stade

N. Latraye, Terres Inovia
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Au printemps, le sclérotinia est la principale maladie sur colza. Même si elle est peu fréquente, elle peut être très nuisible. Le moyen de lutte le plus efficace à cette période reste une intervention fongicide préventive à la chute des premiers pétales.

Sclérotinia : intervenir au bon stade
Le sclérotinia est la principale maladie sur colza au printemps. Même si elle est peu fréquente, elle peut être très nuisible. (Photo L. Jung)

La période optimale de traitement reste en amont des contaminations pour éviter un développement du champignon sur les feuilles lors de la chute des premiers pétales (stade G1). En effet, aucune solution curative n’existe à ce jour, seuls des traitements préventifs sont possibles.

Identifier le stade G1 pour un traitement optimal

Le stade G1 apparaît, selon les températures, 6 à 12 jours après le début de la floraison du colza. Pour identifier au mieux ce stade, n’hésitez pas à suivre les données régionales de votre réseau d’épidemiosurveillance via le BSV.

Des essais menés depuis plusieurs années par Terres Inovia démontrent que le positionnement du fongicide reste un élément majeur pour garantir une bonne efficacité : intervenir trop tôt ou trop tard par rapport au stade G1 réduit significativement l’efficacité sur sclérotinia.

Les solutions pour faire face aux résistances

Quelle solution utiliser dans un contexte de résistance des souches de sclérotinia à certaines matières actives ? La note commune publiée en 2023 par l’Anses, Inrae et Terres Inovia refait le point sur l’état des connaissances en termes de résistances de souches de sclérotinia aux fongicides de la famille des SDHI (boscalid, bixafen, fluopyram, isofétamide) identifiées depuis plusieurs années. Afin d’assurer la durabilité des molécules, il est recommandé d’éviter l’emploi SEUL d’un fongicide à base de SDHI. Il convient de l’associer avec un autre mode d’action efficace (les solutions de biocontrôle restent insuffisantes) et de limiter son emploi à une seule application par campagne.

De nombreuses solutions efficaces contre le sclérotinia existent et permettent une alternance des matières actives et modes d’action :

- En cas de pression faible à modérée, toutes les solutions fongicides présentent un niveau d’efficacité satisfaisant vis-à-vis du sclérotinia et peuvent être employées, y compris les triazoles classiques (tébuconazole, metconazole), et les biocontrôles.
- En cas de pression forte (retour colza une année sur trois ou moins, historique d’attaques sévères 2ans/10, climat favorable, etc.), le mode d’action SDHI doit être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (par exemple, prothioconazole, metconazole, dimoxystrobine et tébuconazole). Les produits à base de prothioconazole ont également une efficacité bonne à très bonne. Depuis la campagne dernière, un nouveau fongicide à base de fludioxonil est également disponible. Ayant une action unisite, il n’est pas recommandé de l’utiliser seul et sera toujours proposé en association avec un autre mode d’action (triazole (DMI) ou strobilurine (QoI-P)).

Les stratégies à double traitement (deuxième traitement 10/15 jours après le stade G1) ne montrent pas de gain d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia dans la très grande majorité des situations. Elles trouvent néanmoins un intérêt, en termes d’efficacité et de rentabilité lors de fortes pressions en maladies de fin de cycle (du type mycosphaerella ou alternaria) ou en cas d’entrée en floraison très hétérogène d’une parcelle en année humide et qui nécessite alors une protection étalée dans le temps.

 

Identifier le stage G1.

Attention à la variabilité inter et intra parcellaire !

Pour une même date de semis, l’entrée en floraison des colzas peut différer entre les parcelles de l’exploitation. Les facteurs de variation sont divers mais les principaux sont la variabilité génétique, les conditions d’implantation et le contexte pédoclimatique de chaque parcelle. Il est donc recommandé de piloter l’intervention fongicide sclérotinia au plus juste, au cas par cas. Une variabilité au sein d’une même parcelle est également possible : dans ce cas, identifiez le stade majoritaire de la parcelle afin de positionner la protection au meilleur moment.

Des solutions de biocontrôle existent

• En présemis, Contans-WG (C. minitans) vise la destruction des sclérotes du sol. Il permet de réduire les attaques dès la première application (efficacité variable pouvant aller jusqu'à %). Le risque de contamination est réduit mais une protection fongicide supplémentaire est souvent nécessaire.
En traitement sur chaume, il permet de réduire le stock de l’année afin de limiter le risque pour les cultures suivantes.

• Au stade G1, les traitements à base de Bacillus pumilus (Ballad), de Bacillus subtilis (Rhapsody) ou de Pythium oligandrum (Polyversum) sont préconisés en association avec un traitement fongicide. En cas d’attaque, le niveau d’efficacité sera déterminé par la demi-dose du fongicide choisi.