Après les manifestations
Attention au revers la médaille
Antoine Carré, président d'Agriloving, se félicite de la communication autour des récentes manifestations. Mais l'agribashing pointe déjà le bout de son nez, à son plus grand agacement...
Le SOS de Maconge, c’est son idée et celle de Jacques de Loisy, président de la FDSEA de Côte-d’Or. « Pour être plus précis, c’est l’idée de tout le monde ! Nous nous sommes inspirés d’une action qui venait de se dérouler en Allemagne. Ça bouillait dans les cantons, notamment celui de Pouilly, il fallait faire quelque chose », mentionne le Côte-d’orien Antoine Carré, fraîchement élu président d’Agriloving (la communauté des « amoureux » de l’agriculture). Celui-ci dresse, dans un premier temps, un bon bilan de la communication autour des manifestations qui ont suivi : « l’agriculture était au centre des attentions, beaucoup de nos problématiques ont été relayées en large et en travers. Les médias se sont enfin penchés sur le mal-être agricole. De voir les différents syndicats sur le terrain les a convaincus de se poser les bonnes questions… Plus de 80 % de la population était avec nous, c’est très bien, sachant qu’il y aura toujours des anti-tout et des gens qui ne se sentent pas concernés… Les réseaux sociaux ? C’est sans doute ce qui a le mieux marché ! L’information se fait aujourd’hui par ce biais, les jeunes ne lisent quasiment plus les journaux, même en numérique… ». Le seul bémol, durant ces mobilisations, est venu de la couverture « internationale » de ces actions, selon Antoine Carré : « il y avait tout de même 1 000 tracteurs à Bruxelles le jeudi, ce n’est pas rien… Malheureusement, pour le savoir, il fallait vraiment chercher l’info… Si on ne fouillait pas un minimum, on ne voyait rien. Je ne connais pas les raisons de ce silence radio, cela m’interroge ».
Ils l’ont énervé
Contacté une semaine après la fin de la mobilisation, Antoine Carré commençait déjà à « re-bouillir » : « pour ne rien vous cacher, oui, la colère grandit. La donne est en train de changer très vite. Tout le monde était avec les agriculteurs durant ces manifestations, mais je vois déjà arriver le revers de la médaille au niveau des médias. Nous avons déjà eu un tas d’émissions sur les produits phytosanitaires et les cancers, la viande et le CO2… J’ai l’impression qu’ils n’ont plus rien à se mettre sous la dent depuis que nous sommes revenus dans nos fermes, alors ils retrouvent du grain à moudre avec un petit coup d’agribashing… ». « Les médias ont d’ailleurs une part de responsabilité dans ce qui nous arrive », poursuit le Côte-d’orien : « ils cherchent en permanence des sujets polémiques pour faire de l’audience. Derrière ça, ils créent de la peur sur les phytos et tout le reste, sans réelles connaissances du terrain. Nous avons beaucoup de travail, à Agriloving ». « L’information va vite, très vite, trop vite », déplore Antoine Carré, « j’ai l’impression que ça se tasse aussi vite que c’est monté… En seulement quelques jours, les problématiques d’avant reviennent déjà, et ça matraque dans les médias ! Pire, je viens d’apprendre que le flufénacet se trouve sur la sellette pour la fin de l’année en cours ! Ils nous ont pondu ça le jeudi de la manif ! Supprimer le Fosburi, qui est l’herbicide le plus utilisé en Europe sur les céréales, serait vraiment la meilleure après tout ce qui vient de se passer ! ».
Plus de 2 millions de vues !
La communication a « cartonné » sur les réseaux sociaux durant ces manifestations. En Côte-d’Or, l’une des plus belles audiences a été réalisée par une vidéo postée par Christophe Faussot, agriculteur à Époisses, lors d’un contrôle d’origine des viandes le 29 janvier dans un supermarché de Semur-en-Auxois. Flavio Py, éleveur ovin à Ménétreux-le-Pitois, apparaît sur les images et montre des produits venus d’Espagne. À la date du 7 février, la vidéo affichait plus de 2,1 millions de vues !
