Vézelien
Comment tailler dans un des secteurs les plus touchés de l'Yonne ?

Christopher Levé
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Le Vézelien fait partie des secteurs les plus touchés par les aléas climatiques et le mildiou cette année. Pour certains vignerons, les impacts vont se faire sentir sur les deux prochaines années. Pour préserver au mieux la vigne et tenter de la relancer dans les meilleures conditions possibles, la taille sera plus que jamais une étape cruciale cet hiver.

Taille
Cette année, il faudra être encore plus attentif à l'état des bois, durant la taille. Un message de Matthieu Woillez,que Cédric Denuit (ici en photo), chef d'équipe du domaine de la Croix Montjoie, passe à son équipe.

Comme le souligne Matthieu Woillez, gérant du domaine de la Croix Montjoie, à Tharoiseau, « la taille, c'est le cœur du métier de vigneron, et toutes les opérations qui viennent derrière découlent de la taille précédente ».
Cette année, la Bourgogne n'a pas été épargnée par les aléas climatiques et le Vézelien fait assurément parti des secteurs les plus touchés. « Il y a eu plusieurs choses cette année. D'abord du gel, en avril, qui a touché environ 40 % du Vézelien. Puis la grêle, en juillet », rappelle Matthieu Woillez.
Des aléas climatiques qui ont eu des conséquences sur la faible récolte de 2024, mais aussi sur la suite. « Si le gel n'a pas forcément un énorme impact sur la taille, la grêle, elle, abîme les bois et gêne cette tâche », assure-t-il.
L'excès d'eau de cette année a aussi entraîné de la coulure ainsi qu'un développement conséquent de maladies, comme le mildiou, qui, là encore, a fortement causé des dégâts dans les vignes. « Le mildiou a pu être à peu près maîtrisé par les vignerons travaillant en conventionnel mais l'a été beaucoup moins par les bios, les produits de traitement étant moins efficaces (dans le Vézelien, 60 % des vignerons sont en bio). Et la maladie a eu un tel développement qu'elle s'est miss sur les sarments, ce qu'on n'a pas l'habitude de voir (habituellement, le mildiou se contente d'attaquer les feuilles et les grappes) ».

Des impacts sur les deux prochaines années

Alors, tous ces éléments réunis, il est nécessaire pour les viticulteurs d'adapter la taille, en fonction de l'état des bois, pour essayer de préserver au mieux les pieds de vigne. « On ne va pas fondamentalement changer la technique, sachant qu'il y a des obligations, en termes de cahier des charges, à respecter pour la taille. À Vézelay, on ne peut tailler qu'en Guyot simple et en cordon de Royat. Il y a toutefois des tailles alternatives comme en Guyot-Poussard qui est une méthode de taille, qui reste sur le principe d'un Guyot, mais qui va mieux respecter les flux de sève et est donc censé limiter les maladies du bois. Mais on va s'adapter, peut-être en faisant des tailles plus sévères pour éliminer ce qui est trop abîmé », continue Matthieu Woillez. « On va devoir être plus vigilant. En étant très schématique, habituellement on repère le végétal sur un pied et en fonction de la position et du diamètre des bois, on sait où on va couper. Cette année, il faudra en plus être attentif à l'état des bois. La grêle et le mildiou sont deux paramètres de plus à prendre en compte dans le choix de la taille de cette année. On a donc un temps de réflexion plus long, ce qui fait que la taille sera plus lente ».
Matthieu Woillez le sait, les dégâts causés cette année auront des impacts sur les deux prochaines années et pas seulement sur 2025. « Les feuillages ont été très attaqués cette année, il y a eu moins de photosynthèse, donc moins de mises en réserve, alors la vigne va partir avec un petit handicap en début de campagne. La récolte de l'année 2025 est déjà prête d'une certaine façon, car les ébauches d'inflorescence sont déjà dans les bourgeons. L'induction florale s'est faite dans de mauvaises conditions. On se doute déjà que 2025 ne sera probablement pas une année exceptionnelle en volume. Notre objectif est donc de préserver au maximum le potentiel que l'on a à l'instant T. L'autre objectif est de faire en sorte que la vigne se retape pour qu'elle puisse repartir à l'hiver 2025-2026 sur un cycle normal pour espérer avoir de meilleures récoltes par la suite », conclut le viticulteur du domaine de la Croix Montjoie.

Taille
Les bois ont été marqués par la grêle et le mildiou.