Vêlages d'automne
Impossible, pas charolais

AG
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Un éleveur côte-d’orien multiplie les vêlages en septembre, au pré. La satisfaction est au rendez-vous depuis plusieurs années.

Impossible, pas charolais
Gilles Morel, il y a quelques jours à Thoisy-le-Désert, avec l'un de ses jeunes veaux né la veille au soir.

Il privilégie cette conduite depuis un petit moment et tout se passe bien jusqu’à présent. Gilles Morel opte pour des vêlages en septembre, directement au pré, pour la moitié de ses charolaises. Rencontré la semaine dernière, l’éleveur de 57 ans faisait déjà état de 26 naissances sur son premier lot de 32 vaches. « Je n’ai assisté à aucun vêlage à ce jour, tout s’est déroulé dehors, sans ma présence », confie l’habitant du village de Thoisy-le-Désert, près de Pouilly-en-Auxois, « les vaches se débrouillent seules et n’ont pas l’air de s’en plaindre… Il n’est pas très courant de voir cela en race charolaise, c’est pourtant possible. Les veaux ne sont pas plus petits que les autres, certains doivent bien faire 60 kg. L’an passé, sur 65 naissances, la vêleuse n’a servi qu’une seule fois ». Gilles Morel avait « bien préparé le terrain » en réalisant, en amont, une longue sélection axée sur les facilités de naissance et les qualités maternelles.

Moins d’aliments

Plusieurs raisons ont poussé l’éleveur à débuter les vêlages dès septembre : « engraisser en bâtiment me coûte cher, je cherchais une alternative pour baisser la facture car je ne fais pas de maïs, j’ai très peu de céréales et j’achète de la paille chaque année. Le changement climatique, avec moins d’herbe l’été, a accéléré ma réflexion. Les veaux nés en ce moment seront vendus en mai et ne passeront pas les mois de juillet et août prochains avec leur mère. C’est bien mieux pour les vaches, qui souffrent moins en cas de sécheresse… À l’inverse, il y a de l’herbe en fin d’année, l’idée était de la valoriser. Jusqu’à présent, il m’était assez frustrant de rentrer des vaches pour les vêlages alors que les conditions étaient encore favorables à l’extérieur. Les vaches de réforme seront engraissées à l’herbe en mai et juin après le sevrage de leurs veaux ». À partir du 15 février, l’éleveur commencera à faire vêler son deuxième lot de 35 vaches, les veaux seront vendus en février l’année suivante, à l’âge d’un an en broutard « repoussés ». Les vaches de réforme passeront l’hiver dehors et seront engraissées à l’herbe au printemps, en même temps que les autres. Gilles Morel enchaîne avec d’autres motivations pour cette double période de vêlages : « je suis double actif en travaillant pour Symbiopole depuis plusieurs années, j’étais à la recherche d’une piste pour me libérer du temps l’hiver. Les vêlages d’automne me permettent d’être plus disponible d’octobre à fin janvier. En réalité, ce changement de conduite est le fruit d’une réflexion globale, il y a un tas d’éléments. Il y a aussi la volonté de décaler les périodes de ventes : avant, assez peu de broutards se retrouvaient sur le marché en mai. D’un point de vue économique, cela était encore plus intéressant qu’aujourd’hui, car les cours de ces animaux n’étaient pas encore remontés ».

Changement d’habitudes

Bien que satisfait, Gilles Morel n’omet pas de citer plusieurs inconvénients engendrés par les vêlages de septembre : « rien n’est parfait, comme dans tout. Le plus gros bémol, pour moi, vient des inséminations. Je n’en fais plus une seule, car l’inséminateur ne va pas courir après les animaux dans les prés, sachant que ma période de reproduction commence à partir du 15 novembre. Cela implique l’achat d’un taureau supplémentaire. Un autre point : en n’assistant pas à la plupart des vêlages, je ne suis pas à l’abri de rencontrer des problèmes, comme une patte repliée ou un train arrière : c’est un risque à prendre en compte et à assumer. Dernière remarque : les veaux nés en septembre me coûtent également de l’argent, mais moins que les autres car je rationne l’alimentation quand je les rentre en bâtiment en décembre. Je tourne aux alentours de 300 kg d’aliment pour faire un broutard de 400 kg dans les veaux d’automne, cela reste bien inférieur aux veaux nés en février et mars ».