Attaque « responsabilité du loup non écartée »
« Je suis dégouté »

Chloé Monget
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Le cheptel ovin d’Armand Perraudin, 43 ans, exploitant aux Assiards (Chiddes) a été victime d’une attaque dont la « responsabilité du loup n’est pas écartée ». Un événement aux multiples répercussions.

« Je suis dégouté »
Le parc électrique mis en place par Armand est prêté par la Préfecture de la Nièvre. D'autres filets de ce type sont disponibles sur demande.

En deux nuits, Armand Perraudin a perdu 5 animaux (brebis et agneaux confondus), et deux sont encore en convalescence, suite à une attaque dont la « responsabilité du loup n’a pas été écartée » selon ses propos avant d’ajouter : « mais soyons clairs : c’est bien le loup ». Pour rappel, ces pertes ont eu lieu dans la nuit du 28 au 29 juin et celle du 1er au 2 juillet. Pour Armand, cet événement « ignoble » a de nombreuses répercussions.

Épuisement quotidien

La première conséquence est le changement de ses habitudes et la « perte de temps » que cela occasionne : « Je dors près de mes animaux depuis les attaques, par peur que le loup ou les loups (si j’en crois les dires de mes voisins qui les ont aperçus) reviennent de nouveau faire un carton chez moi. Je suis épuisé physiquement et moralement. Sur ce dernier point, j’ai perdu au moins trois jours au téléphone, en rendez-vous et autre installation de filet… Ce temps, que ne le passe pas à prendre soin de mes animaux ou à faire les travaux habituels, je ne pourrai pas le rattraper. Et, cela me met en colère de voir qu’il faut un drame de ce type pour que des décisions (type tir de défense) soient prises. Je pense qu’aucune solution préventive digne de ce nom n’est proposée pour que nous puissions continuer notre travail avec cet animal qu’on nous a clairement imposé ! ».

Impacts moraux

Il assure ensuite que le second impact est moral : « Je me sens démuni face à cette menace que représente le loup. On ne peut pas s’imaginer le sentiment insufflé lorsque l’on découvre ses animaux écharpés, éviscérés, découpés en deux, et, pour les chanceux, plein de trous… ». Parmi les brebis emportées, une en particulier manque particulièrement à Armand : « Tata bolotte ». Cette brebis meneuse de 3 ans avait pour lui une valeur inestimable : « la compensation financière ne la remplacera pas. C’est comme si on donnait un billet pour combler la perte d’un animal de compagnie… c’est impensable et impossible ; là, c’est pareil. Je suis dégoûté car depuis la création de la ferme dans les années trente, nous n’avons jamais eu ce problème et, aujourd’hui, on nous demande de faire avec. Les responsables de la réintroduction du loup dans nos campagnes doivent comprendre que la patience à des limites ». Il poursuit en insistant : « D’ailleurs, ces personnes sont celles qui nous bassinent avec le bien-être animal. Preuve qu’elles n’ont aucunement conscience que cette réintroduction engendre forcément une maltraitance ! ».

Bien-être animal

Afin d’expliquer ladite maltraitance, Armand Perraudin va chercher les deux rescapés de l’attaque pour présenter les plaies encore béantes : « Ces blessures les font souffrir : cela n’a jamais procuré de bien à qui que ce soit que d’avoir un trou dans la gorge ! ». Il martèle : « Bien avant l’arrivée des érudits des bureaux nous prenions soin de nos animaux ; autrement nous ne ferions pas ce métier ! Alors, je trouve cela assez malvenu qu’on vienne m’expliquer que la réintroduction d’un prédateur tel que le loup soit compatible avec les élevages en plein air. Je ne suis pas contre le loup, simplement je voudrais qu’il soit consigné en parcs ou en zoo ». Suite à l’attaque, Armand a clôturé ses brebis dans un cercle de 470 m2 environ contre 6 ha habituellement : « Les restreindre dans leur parcours nocturne est une autre maltraitance car en période estivale c’est le moment où le cheptel se nourrit. Les éleveurs sont très souvent présentés comme des bourreaux, mais je crois que certains médias et autres mouvances se trompent de cible ». Il conclut : « pour avoir du poids dans ce dossier, nous devons tous déclarer les animaux qui ont été attaqués. Il ne faut plus hésiter, nous devons nous rassembler pour que l’État comprenne que cette situation n’est plus possible. Je remercie d’ailleurs la FDSEA 58 qui m’épaule dans toutes les démarches ». Une rencontre entre Armand Perraudin et la sous-préfète de Clamecy, Cyrielle Franchi, référente loup pour le département, a eu lieu le mardi 11 juillet dans l’exploitation ; un article spécifique sera publié dans un prochain numéro de Terres de Bourgogne.