Désertification des vétérinaires
L'Yonne et la Nièvre font front commun

Chloé Monget et Christopher Levé
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Comme beaucoup de départements, l’Yonne et la Nièvre font face à une désertification des vétérinaires ruraux, ce qui fragilise la filière élevage. Face à ce constat, le ministère de lAagriculture a ouvert un AMI pour les territoires intéressés, dans le but d’établir un plan d’action pour lutter contre ce phénomène. Le projet de l’Yonne et la Nièvre a été retenu en première position avec une enveloppe de 40 000 euros.

Véto
Le projet « maillage territorial vétérinaire en zones rurales » mené conjointement par l'Yonne et la Nièvre a été retenu au niveau national suite à l'AMI ouvert par le Ministère de l'agriculture.

La désertification des vétérinaires ruraux touche bon nombre de territoires sur l’ensemble de la France. L’Yonne et la Nièvre n’y font pas exception. Face à ce constat, le Ministère de l’agriculture a ouvert un AMI pour les territoires intéressés, dans le but d’établir un plan d’action pour contrer cette désertification.
Ainsi, les collectivités départementales et locales du territoire du centre-sud-ouest de l’Yonne et du nord de la Nièvre, en lien avec les professionnels vétérinaires et les éleveurs, ont porté à candidature (à cet AMI) le projet « maillage territorial vétérinaire en zones rurales ». « Ce projet est destiné à réfléchir sur ce sujet de la diminution des vétérinaires ruraux dans nos départements respectifs afin de trouver des solutions pour remédier à ce déficit et attirer de nouveaux praticiens », explique Romaric Gobillot, élu à la Chambre d’agriculture de la Nièvre, responsable du pôle élevage.
Un projet qui a été retenu en première position parmi tous les territoires nationaux. « Sur les 23 territoires candidats, sept ont été retenus, avec le territoire Yonne-Nièvre en tête, ce qui fait que l’on bénéficie de la plus grosse enveloppe, soit 40 000 euros sur un projet total d’environ 100 000 euros », détaille Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne.

Cinq communautés de communes concernées

Les acteurs de ce projet ont jusqu’au 15 septembre pour le boucler. « Il y a deux phases à mener quasiment en même temps : la première de diagnostic qui va se dérouler sous forme d’enquête auprès des cabinets vétérinaires de la zone et auprès des éleveurs, pour définir les attentes, les problèmes qu’ils peuvent rencontrer ; et la seconde pour préparer les solutions et les fiches actions à mettre en place », poursuit Arnaud Delestre. « Le but est, à terme, de mettre des choses en place. On avait décidé, que l’on soit retenu ou non pour cet AMI, qu’on lancerait quelque chose quoi qu’il arrive, car il y a une vraie volonté de trouver des solutions. On veut avancer tous ensemble pour créer des outils qui facilitent le territoire et permettent aux éleveurs d’avoir un service adapté à leurs besoins », ajoute-t-il.
Un travail qui est mené sur cinq communautés de communes situées à cheval sur les deux départements : celles de Puisaye-Forterre, du Jovinien, de Morvan Sommets et Grands Lacs, du Haut Nivernais-Val d’Yonne et de Tannay/Brienon/Corbiny. « Le but est que ce que l’on va mettre en place chez nous puisse servir aux autres territoires », ajoute Arnaud Delestre.

La filière élevage fragilisée

S’il est urgent de réagir, c’est parce que la filière élevage se trouve fragilisée par cette problématique. « Il ne faudrait pas que cette désertification de ce corps de métier contribue à la diminution du cheptel », pointe Romaric Gobillot. « Elle remettrait aussi en question le bien-être animal, qu’on essaye de préserver et d’améliorer à tout prix dans les pratiques quotidiennes ».
Alors, comment faire ? Pour Arnaud Delestre, « ce qu’il faut, c’est déjà renforcer les équipes de vétérinaires présents dans les territoires et faire face à cette problématique de recrutement ». Cela passe par « une réflexion à faire autour de l’attractivité du territoire », reprend Romaric Gobillot. « Il faut pouvoir montrer qu’il existe une véritable vie sociale et culturelle dans nos campagnes. Il est également indispensable de mettre en avant nos atouts pour avancer. D’ailleurs, ce manque de vétérinaires soulève les mêmes problématiques que celui des médecins. Dans tous les cas, des solutions doivent émerger de ce projet pour que les cheptels puissent perdurer », assure l’élu de la Chambre d’agriculture de la Nièvre.
Un travail sera également engagé (une fois le dossier remis au niveau national) avec les écoles vétérinaires de tout l’hexagone, afin de savoir ce qui pourrait faciliter la venue de jeunes vétérinaires en rural. Toutes les pistes sont étudiées par les deux départements pour apporter de vraies solutions aux éleveurs.